L'effondrement des utopies et des totalitarismes, le bilan terrifiant des messianismes terrestres, le règne inhumain de la technique et du marché marquent-ils la fin de toute espérance? Non, répond Jacques Ellul dans ce livre prophétique qu'il considérait comme le plus crucial de ses écrits. Au contraire, sans l'espérance, l'évidence du Mal radical pousserait l'humanité au suicide, le quotidien deviendrait une machinerie intolérable, et notre condition tragique tournerait à une condamnation sans retour. Car seule l'espérance permet à l'homme de s'affranchir du mensonge, de s'arracher à ses déterminismes désespérants, de soulever l'histoire. Or, l'erreur fondamentale du XXe siècle aura été de vouloir la séculariser, d'en éradiquer la verticalité, d'ignorer que l'espérance ne trouve source et sens qu'en la transcendance. Généalogie critique du siècle écoulé, de ses rêves et de ses cauchemars, ce livre est d'abord un grand traité, vivant, de morale active, appelant au 'courage du réel'.
'La Ville est par excellence le monde de l'homme, créée par lui pour lui, mesure de sa grandeur, expression de toute civilisation, mais en même temps elle est le témoin de la démesure humaine, oeuvre de l'avidité d'argent et d'ambition, dont les hommes deviennent esclaves.'
Ainsi s'exprime Jacques Ellul dans cet ouvrage qui a connu un succès considérable aux États-Unis.
À travers la Bible, l'auteur découvre une surréalité de la ville. À l'origine, elle est dressée contre Dieu. Caïn, condamné à l'errance éternelle, se fait bâtisseur avec toute sa postérité : il s'agit de créer le nouveau Paradis de l'absence de Dieu. C'est pourquoi toutes les villes sont maudites : Babel, Babylone, Ninive...
La cité qui était recherche de l'unité perdue, liée à la puissance et à la guerre, devient le lieu de la non-communication et cause sa propre perte... Mais au cours de l'histoire biblique, en Jérusalem, Dieu ratifie le projet humain de la ville. Jérusalem, sans cesse détruite et rebâtie, devient signe et prophétie de la Cité sainte. La dialectique de l'auteur culmine dans son interprétation à travers la destruction et l'anéantissement, du jardin à la ville...
Le présent ouvrage vient combler une lacune dans l'abondante bibliographie d'Ellul : une réflexion profane et critique sur la discipline qu'il a enseignée toute sa vie, le droit. Sceptique à l'égard des théories contradictoires du droit naturel, Ellul nous offre avec ce cours la quintessence d'une analyse qui s'appuie sur la normativité du droit, mais aussi sur son artificialité tant le droit est un élément essentiel de la culture d'une société. Le travail du juriste consiste à rendre le droit compréhensible et acceptable par le citoyen. Le droit devient alors un outil privilégié de médiation et de symbolisation de l'homme dans ses rapports avec le monde, avec la société : il est « le point exact d'assimilation et de différenciation ». C'est le droit qui donne ses caractères à une civilisation.
"'La faim de l'argent n'est jamais chez un homme que le signe, l'apparence d'une autre faim : l'amour de l'argent n'est jamais que le signe d'une autre exigence. Faim de puissance, de dépassement, de certitude, amour de soi-même que l'on veut sauver, du surhomme, de survie et d'éternité. Et quel moyen meilleur que la richesse pour atteindre jusque-là ? Dans cette recherche hallucinée, haletante, ce n'est pas seulement la jouissance que cherche l'homme, mais l'éternité, obscurément.'
En 1989, cinq années avant la mort de Jacques Ellul, la chute du mur de Berlin a brusquement libéré le système capitaliste de la nécessité qui l'avait obligé après-guerre à respecter certaines normes de décence. Partout dans le monde, l'homme s'est retrouvé seul face à la puissance de l'argent. À cet instant, les analyses de Jacques Ellul sur l'exploitation des richesses de la planète et leur distribution inéquitable sont apparues plus prophétiques que jamais. Mais attention. Dans la tradition biblique, le prophète n'est pas celui qui prédit l'avenir. C'est un homme d'intimité avec Dieu qui sait L'écouter et qui voit. Et Jacques Ellul avait vu.'
Extrait de la préface de Sébastien Lapaque
"C'est un choix décisif devant lequel, déjà, nous sommes placés : ou bien travailler beaucoup pour consommer beaucoup (et c'est l'option de notre société occidentale), ou bien accepter de consommer moins en travaillant peu (et ce fut parfois l'option délibérée de certaines sociétés traditionnelles). Aujourd'hui, nous voudrions tout cumuler, travailler peu et consommer beaucoup."
"Nous sommes la première société à avoir tout voué au travail. L'histoire des hommes était faite d'une modération, parfois d'une défiance, envers le Travail. Nous sommes devenus les adorateurs du Travail et de nos oeuvres."
"Le travail c'est la liberté. C'est bien la formule idéale de ce lieu commun. Ce qu'il faut qu'il y tienne quand même à la liberté, le bonhomme, pour formuler de si évidentes contre-vérités, pour avaler de si parfaites absurdités, et qu'il y ait de profonds philosophes pour l'expliquer "phénoménologiquement", et qu'il y ait d'immenses politiciens pour l'appliquer juridiquement !"
S'il n'a jamais consacré d'ouvrage spécifique au travail, Jacques Ellul l'évoque tout au long de son oeuvre. Les textes s'y rapportant sont réunis ici pour la première fois.
Jacques Ellul, auteur d'un ouvrage de pure sociologie sur un thème on ne peut plus central de la discipline ? L'édition de ce texte sur les classes sociales étonnera vraisemblablement la plupart des familiers de son oeuvre.
Ce cours dispensé aux élèves de l'Institut d'études politiques de Bordeaux dans les années soixante s'inscrit pour une bonne part dans la continuité de la réflexion critique qu'Ellul a entretenue toute sa vie avec l'oeuvre de Marx. Que sont donc ces classes sociales dans lesquelles Marx voyait le moteur de l'Histoire :
quelle définition, quel nombre, quelle évolution, quelle actualité ?
Telles sont les questions auxquelles répond Ellul, qui s'est appuyé sur les meilleurs auteurs de la spécialité des deux côtés de l'Atlantique.
La présente publication se complète de plusieurs extraits tirés de quatre autres ouvrages de Jacques Ellul : Histoires des institutions, Métamorphose du bourgeois, Les Nouveaux Possédés et Le Bluff technologique.
Pendant quelque trente années, Jacques Ellul a proposé aux étudiants de l'Institut politique de Bordeaux un cours sur la Pensée marxiste rendu disponible au public en 2003 aux Éditions de La Table Ronde. Ce cours était dispensé en alternance avec un autre, les Successeurs de Marx, qui fait l'objet du présent ouvrage. Ellul y montre que les fractures dans l'héritage de Marx ont révélé des contradictions ou des évolutions déjà présentes dans l'oeuvre de ce dernier, accentuées par le caractère de plus en plus douteux de certaines de ses prédictions. Avec un talent didactique confirmé, Ellul nous présente ici les différentes écoles, leur porte-parole et les fondements théoriques de leurs désaccords.
Mais la publication de ce cours est aussi l'occasion d'approfondir un peu plus les liens complexes qu'entretenait Ellul avec le marxisme. À propos du marxisme tchèque des années soixante qui allait déboucher sur le Printemps de Prague de 1968, il déclarait ainsi à ses étudiants : "J'ai repris un certain espoir à l'égard du socialisme en général lorsque j'ai rencontré la pensée des Tchécoslovaques [...] : une réponse marxiste aux problèmes d'une société technicienne."
Cette sympathie envers ces thèses, largement développées ici, montre à quel point le marxisme a influencé les recherches d'Ellul et aide à leur compréhension.
" La question que je voudrais esquisser dans ce livre est une de celles qui me troublent le plus profondément. Elle me paraît dans l'état de mes connaissances insoluble et revêt un caractère grave d'étrangeté historique. Elle peut se dire d'une façon très simple : comment se fait-il que le développement de la société chrétienne et de l'Église ait donné naissance à une civilisation, à une culture en tout inverse de ce que nous lisons dans la Bible, de ce qui est le texte indiscutable à la fois de la Torah, des prophètes, de Jésus et de Paul [...]. Si bien que d'une part on a accusé le christianisme de tout un ensemble de fautes, de crimes, de mensonges qui ne sont en rien contenus, nulle part, dans le texte et l'inspiration d'origine et d'autre part on a modelé progressivement, réinterprété la Révélation sur la pratique qu'en avaient la Chrétienté et l'Église. Les critiques n'ont voulu considérer que cette pratique, cette réalité concrète, se refusant absolument à se référer à la vérité de ce est dit. Or il n'y pas seulement dérive, il y a contradiction radicale, essentielle, dont véritable subversion. "
J. E.
La raison d'être
Les premiers mots de l'Ecclésiaste sont célèbres : " Vanité des vanités, tout est vanité. " Ils ont fait de l'auteur le modèle universel du sceptique, qui doute de tout et ne croit plus en rien. Au contraire, Jacques Ellul pense que nous avons à faire à un croyant, ou à la sagesse d'un homme de foi. De fait, à le regarder de près, le livre regorge d'affirmations contradictoires. Il dit et répète que la sagesse est du vent, et pourtant il met au-dessus de tout la sagesse. Le héros est souvent sceptique, mais il lui arrive aussi d'être croyant.
Qui est le vrai Ecclésiaste ? Les deux sont vrais, et l'ensemble de la méditation de l'auteur tourne autour de cette contradiction, qui n'est finalement que celle de la vie elle-même. Et le prétexte pour élaborer un petit traité de sagesse biblique, unique dans la littérature.
Jacques Ellul (1912-1994)
De confession protestante, longtemps professeur à Bordeaux, auteur d'ouvrages nombreux et souvent dérangeants, c'était un esprit indépendant et original, écouté, lu et admiré par de nombreux élèves et disciples.
Voici venus des temps redoutables : ceux de la 'pensée molle' et de la parole humiliée. Une indifférence empoisonnée s'élève lentement, comme un mauvais brouillard, des tumultes du moment et des querelles spectaculaires. Les discours modernes ont basculé dans l'enflure et le dérisoire. Rien ne serait plus vrai ni faux, tout deviendrait 'égal' dans un monde du bavardage et du soupçon. Philosophie, politique, littérature, journaux : une logorrhée de phrases vides et d'insignifiances submerge l'époque qui voit triompher l'image sur la parole, la 'réalité' sur la vérité. Temps de déréliction et de désespoir, temps d'irresponsabilité et du 'parler pour ne rien dire'... Cette apothéose de l'idolâtrie technicienne au coeur d'un réel falsifié, ces images proliférantes et ces dieux menteurs organisent peu à peu l'intolérable.
Pourquoi fut ainsi 'capturée' la parole? Pourquoi - de tout temps - le signe et l'image aujourd'hui triomphants s'opposèrent-ils au verbe qu'il s'agit de reconquérir? Comment réconcilier la parole et la vie, l'homme moderne et son avenir? Jacques Ellul nous donne ici un de ses textes les plus achevés et les plus puissants. En lui se rejoignent les deux grands axes, politique et religieux, d'une oeuvre imposante, patiemment bâtie à l'écart des modes et des chapelles mais avec laquelle il faut compter. On verra que La Parole humiliée n'est pas seulement un réquisitoire féroce contre les mensonges du siècle ; c'est d'abord un grand livre d'espérance.
Jacques Ellul a composé un commentaire sur l'épître de Jacques d'abord parce qu'il n'en existait pas. Ensuite parce qu'il voulait montrer qu'à travers les sujets abordés (le service, la souffrance, l'épreuve de la foi, la tentation de la richesse...) il n'est pas question de morale, mais de liberté, et ainsi, toute l'approche du texte en est changée.
Pour lui, cette épître (sans doute le texte d'un lettré) a une cohérence, une harmonie interne dont il souligne les lignes de force : le Dieu d'Israël est le Dieu qui libère ; le salut universel ; le caractère révolutionnaire de la Parole entendue à travers la Bible. Aucune philosophie, aucun religieux ne tient devant la Parole ; la Vérité n'est ni une catégorie philosophique, ni une somme de connaissances, ni une théorie scientifique unifiée et élégante. La Vérité est un homme. Jacques Ellul dans ce texte lumineux, totalement inédit, transmis par ses enfants, nous questionne : où es-tu, quelle place prends-tu dans le monde ?
NOUVELLE EDITION - Janvier 2012 : CENTENAIRE de la naissance de Jacques Ellul
Cet essai, publié en 1977 dans la collection " Liberté de l'Esprit " de Raymond Aron et longtemps introuvable en librairie, est la clef de voûte de sa trilogie (La Technique - Le Système technicien - Le Bluff technologique). Il est considéré comme son livre le plus abouti. La technique, pour Ellul, est le facteur déterminant de la société. Plus que le politique et l'économie. Elle n'est ni bonne ni mauvaise, mais ambivalente. Elle s'auto-accroît en suivant sa propre logique. Elle piétine la démocratie. Elle épuise les ressources naturelles. Elle uniformise les civilisations. Elle a des effets imprévisibles. Elle rend l'avenir impensable. Grâce à l'informatique, la Technique a changé de nature : elle forme, à l'intérieur de la société, un " système technicien ". L'informatique, en unifiant tous les sous-systèmes (téléphonique, aérien, de production et distribution d'énergie, etc.) lui a permis de devenir un tout organisé, lequel vit à l'intérieur de la société, le modèle, l'utilise, la transforme. Mais ce système, qui s'auto-engendre, est aveugle. Il ne sait pas où il va. Et il ne corrige pas ses propres erreurs. Un livre indispensable pour qui ne veut pas penser en rond.
Le prolétariat, affirme Jacques Ellul, n'a pas été un produit du seul capitalisme, mais bien de la société industrielle elle-même. Ainsi, la révolution soviétique, la "voie chinoise", tout comme l'évolution du tiers monde, aboutissent à la création d'un immense prolétariat mondial. Toutes les révolutions ont échoué, en cédant à la fatalité industrielle et technicienne du capitalisme qu'elles entendaient combattre. Et pourtant, au début des années 80, la première vraie révolution semble devenir possible.
Pour quelles raisons ? À quelles conditions? Sommes-nous encore capables d'une véritable espérance révolutionnaire?
En 1972, date de la première édition de cet ouvrage, le mot révolution était l'un des plus récurrents de la langue française. Quarante ans plus tard, le vocable est quelque peu passé de mode, mais il demeure un puissant ferment de mobilisation idéologique, y compris et peut-être surtout dans l'impensé d'une époque qui croit en avoir fini avec les idéologies. De la révolution aux révoltes : paradoxal, le titre de l'ouvrage en annonce la teneur à la fois critique et programmatique. Contrairement aux poncifs de la période du « tout politique » de ces années 50 à 70 où l'on croyait fermement que la prise de pouvoir par l'État allait changer le monde et la vie, Jacques Ellul montre qu'aujourd'hui la révolution est un leurre et que seules des révoltes locales peuvent avoir un réel impact sur les conditions concrètes d'existence.
Pour Jacques Ellul, l'événement de la foi se distingue radicalement du fait de croire. La croyance, sûre d'elle-même, bavarde et grégaire, fait de Dieu un objet de dévotion. La foi, elle, suppose le doute, un Dieu personnel qui parle, un coeur qui écoute et qui se manifeste à travers le prochain.
Jacques Ellul interpelle les incroyants mais il critique aussi les croyants. Méfiant envers un certain angélisme oecuménique, il récuse la mode aveugle du bouddhisme en Occident et n'épargne pas certaines rigidités de l'islam. Car seule la foi épurée peut, selon lui, sauver la révélation de la religion. Une réflexion tonique et courageuse qui est aussi comme un bréviaire de l'espérance.
L'éthique de la liberté vise non pas à résoudre des problèmes mais à aider à mieux les poser par une confrontation entre ce que nous pouvons comprendre du texte biblique et ce que nous vivons concrètement dans notre société technicienne. De page en page, la liberté paraît comme une dominante de la vie chrétienne : pour Jacques Ellul, la liberté n'est pas une simple vertu, elle est la vie chrétienne même et doit donc s'incarner dans un agir individuel spécifique. Dans ce grand-oeuvre de Jacques Ellul, la pénétration de son analyse sociologique et la solidité de son exégèse biblique s'unissent pour exhorter les chrétiens, à la suite de l'apôtre Paul, à ne plus se conformer au monde présent. Car la liberté chrétienne est cette liberté orientée par l'amour, celle de Dieu, qu'il s'agit de glorifier, et de mon prochain, qu'il s'agit de servir.
Ce texte, totalement inédit, est la seconde partie de l'ouvrage classique de Jacques Ellul Le Vouloir et le Faire. En dialogue critique avec Karl Barth et les barthiens, mais aussi avec Luther et Calvin, Reinhold Niebuhr ou Paul Ricoeur, le professeur de Bordeaux déploie ici sa pensée éthique dans différentes directions : le rapport entre dogmatique et éthique ; la compréhension de la Bible comme un livre, non pas de réponses, mais de questions ; le motif de « l'analogie de la foi » comme grille de lecture des textes bibliques ; une approche dialectique du rapport entre Loi et Évangile ; la thèse d'une éthique sans obligation ni sanction ; le statut de l'amour dans l'éthique ; et le rapport entre relations longues et relations courtes.
Ces développements, toujours corrosifs et stimulants, enrichissent considérablement l'oeuvre connue jusqu'alors de Jacques Ellul, en éclairant d'un jour nouveau son rapport singulier aux Écritures, qu'il considère comme les sources vives de l'éthique chrétienne.
Ces écrits sur la liberté de Jacques Ellul, pour moitié inédits, fournissent un panorama de la vie et de la pensée d'un homme à la fois entier et aux multiples facettes. Le professeur de droit et l'historien, l'intellectuel et le chrétien délivrent un message commun : la liberté, en réclamant toutes les libertés, se coupe de son origine (Dieu le Libérateur), de son cadre (le commandement de Dieu) et de son but (manifester l'amour). Devenue mensonge, elle menace l'équilibre du monde naturel et celui du monde social. Plus que jamais, chacun doit choisir entre la puissance et la liberté - c'est-à-dire entre le bien-être et l'ascèse, l'illusion et la lucidité, l'émancipation illimitée et la sagesse... Ou encore : quel dieu veut-on servir ? Celui de la Technique, de l'Économie et de l'État, le Dieu Efficacité qui réduit l'homme au rang des objets qu'il consomme - ou celui d'Abraham, de Moïse et de Jésus-Christ, le Dieu Amour qui appelle l'homme à vivre la vraie liberté en relation avec Lui, le prochain et la Création ?
Bénéficiant de récentes découvertes, les trente-deux textes s'enrichissent d'extraits de notes inédites de cours et de conférences. L'appareil critique veut être utile aussi bien aux connaisseurs d'une oeuvre foisonnante qu'aux lecteurs qui découvrent le penseur protestant.
Jacques Ellul, penseur indépendant, à l'écart des modes et des fausses querelles, internationalement connu, poursuit avec cet ouvrage paru à la fin de sa vie sa réflexion et son analyse de notre société technicienne foncièrement intolérante. Au-delà du juriste, du philosophe, du sociologue, du théologien, c'est plutôt l'homme qui bouscule ici les idées reçues concernant tous ceux qui dérangent l'ordre établi (délinquants, malades mentaux mais aussi chômeurs, personnes âgées et tous ceux qui ne veulent ou ne peuvent produire) et nous engage à changer le cours de choses et à réagir contre l'exclusion, la ségrégation de membres du corps social qui, de plus en plus nombreux, pourraient devenir majoritaires.
Ce livre conclut l'étude théologique magistrale initiée dans l'Éthique de la liberté. Jacques Ellul y développe les implications d'une liberté chrétienne incarnée, traitée dans son rapport étroit avec la vie humaine sous divers aspects : le témoignage et la politique, le travail et l'argent, la révolution et le désir d'autonomie, la drogue et le désir d'évasion, le plaisir sexuel et la famille, les valeurs féminines et masculines... Dans cette « société de fer », les injonctions de la technique relatives a notre mode de vie se font de plus en plus impératives et, tandis que l'État incline vers un absolutisme régulateur, les groupes sont tentés par la promesse mensongère d'une violence émancipatrice. Les combats de la liberté se révèlent alors combats contre les multiples puissances de mort : il s'agit de retrouver le sens du bien commun et la possibilité d'une vie véritablement libérée. Vécue dans l'espérance mais sans facilite aucune, la liberté chrétienne est ce don divin qui est a la fois grâce et exigence : « Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance. »
«Pourquoi lire Jacques Ellul? Je répondrais que je ne connais aucune analyse qui explique aussi bien les réussites, les échecs et les défis que nous avons vécus dans nos sociétés pendant la deuxième moitié du vingtième siècle [...]. En plus, cette analyse continue à prévoir l'évolution de notre civilisation au début du vingt et unième siècle. [...] Je suis convaincu que l'analyse de Jacques Ellul n'est pas uniquement un diagnostic des problèmes fondamentaux de notre civilisation, mais qu'elle nous oriente aussi vers des remèdes. [...]. Voilà les fruits [de ma] rencontre avec Jacques Ellul. J'aimerais bien que vous le rencontriez aussi.» Willem H. Vanderburg a rédigé la postface de ce livre. Directeur du Centre for Technology and Social Development à l'Université de Toronto, il est l'auteur d'ouvrages originaux qui prolongent l'oeuvre de Jacques Ellul dans la voie d'une anthropologie culturelle de la technique (dernière publication : Living in the Labyrinth of Technology, University of Toronto Press, 2005). Il a réalisé les entretiens avec Jacques Ellul qui constituent le présent ouvrage et étaient restés inconnus en France. C'est une occasion unique d'avoir enfin un condensé de la pensée d'Ellul et de son parcours et, surtout de comprendre le lien fort entre les deux volets de son oeuvre, sociologique et théologique. Ce clivage qui apparaît mystérieux à beaucoup est ici élucidé.
Jacques Ellul est né en 1912 à Bordeaux où il enseigne à la faculté de droit et à l'Institut d'Etudes Politiques de 1944 à 1980. Ses cours sur le Marxisme, l'Histoire des Institutions de l'Antiquité à nos jours, la Propagande et la sociologie de la société technicienne ont laissé leur empreinte sur bon nombre d'étudiants qui gardèrent de lui un souvenir ému et reconnaissant. Historien et sociologue mais aussi théologien, il analyse avec passion et lucidité les phénomènes les plus complexes de notre société dans un langage volontairement simple et compréhensible. Son oeuvre qui se compose d'environ 50 volumes et quelques milliers d'articles s'articule autour de deux grands schémas :
o les problèmes générés par l'auto-accroissement du phénomène technicien,
o une éthique chrétienne de la liberté et de l'espérance adaptée à cette société.
« Trahison de l'Occident » a été écrit en 1974. Il s'agit d'un livre puissant et pugnace qui nous donne à réfléchir sur nos rancoeurs naturelles à l'égard de cet Occident qui nous a pourtant tout donné y compris la faculté de le critiquer.
Jacques Ellul est décédé en mai 1994 laissant derrière lui des groupes de réflexion et des auteurs qui s'emploient à poursuivre son oeuvre.
Jacques Ellul est né en 1912 à Bordeaux où il enseigne à la faculté de droit et à l'Institut d'Etudes Politiques de 1944 à 1980. Ses cours sur le Marxisme, l'Histoire des Institutions de l'Antiquité à nos jours, la Propagande et la sociologie de la société technicienne ont laissé leur empreinte sur bon nombre d'étudiants qui gardèrent de lui un souvenir ému et reconnaissant. Historien et sociologue mais aussi théologien, il analyse avec passion et lucidité les phénomènes les plus complexes de notre société dans un langage volontairement simple et compréhensible.
Précurseur, avec son ami Bernard Charbonneau, du mouvement écologique et initiateur des associations locales de défense de l'environnement en Aquitaine, Jacques Ellul inventa, dans les années 1930, la formule : « Penser globalement, agir localement ». Formule qui fit recette au point d'en devenir le slogan de l'association altermondialiste : ATTAC. On se doit, d'ailleurs, de rappeler, à toutes fins utiles, qu'à l'aube de l'écologie politique en France, l'auteur préconisait une écologie non-politique...
Le présent ouvrage rassemble les articles parus dans les quotidiens Sud-Ouest et Ouest-France, écrits entre 1953 et 1994 et réunis par sa fille Dominique North-Ellul. Le témoignage de J.-C. Guillebaud (écrivain et journaliste qui débuta à Sud-Ouest) et la préface d'Etienne Jurie (auteur d'un mémoire de maîtrise sur J. Ellul et le protestantisme) viennent éclairer utilement l'oeuvre journalistique d'Ellul. Laquelle, malgré le temps, demeure d'une étonnante et brûlante actualité...
La première difficulté rencontrée lorsque l'on parle de propagande, c'est la définition. Or, cette difficulté est encore plus grande lorsqu'il s'agit de l'histoire de la propagande. En effet, il n'est pas possible de se servir de la définition que l'on pourrait obtenir par l'observation du phénomène actuel. La propagande actuelle présente des caractères qui ne se retrouvent dans aucun des phénomènes politiques du passé. On est alors obligé ou de choisir une définition très vague - qui ne correspond pas vraiment au fait actuel - ou bien, si l'on part de la situation contemporaine, de considérer qu'il n'y a jamais eu de propagande dans le passé.