Titre évocateur, « Béatitudes » rappelle le Sermon sur la Montagne au cours duquel Jésus décrit les vertus des citoyens du Royaume des Cieux. Dans sa version des temps modernes, Herménégilde Chiasson propose un inventaire des gestes de tous « ceux » et « celles » qui « assurément sont en route pour le ciel ». La liste se déploie doucement, prend de l'ampleur, s'intensifie :
ceux qui enlèvent leur manteau, exposant leur corps
en vue d'en faire une marchandise périmée et négociable,
ceux qui relèvent leurs manches,
celles qui reprennent leur souffle,
celles qui fixent un point autrement loin dans le vide,
celles qui n'en finissent plus de revenir du même voyage
interminable et décevant,
celles qui referment à tout jamais, une autre fois, une
dernière fois, pour toujours, des boîtes de souvenirs pénibles,
celles qui savent et qui ne diront jamais rien,
ceux qui ont su et qui n'ont rien fait,
ceux qui règlent leurs comptes et qui n'en peuvent plus
de grelotter sous le coup d'un frisson continuel,
celles qui chantent à tue-tête dans la tempête,
Les « ceux » et « celles » de « Béatitudes » ne vont pas sans rappeler les « Lui » et « Elle » du recueil Conversations, qui a valu à l'auteur le prix du Gouverneur général en 1999. Parlant de cette oeuvre, le critique littéraire David Lonergan la décrivait comme « un véritable livre de chevet qu'il faut lire avec parcimonie, lentement, pour en saisir toutes les nuances. » Exhortation qui s'applique également à « Béatitudes ».
Herménégilde Chiasson, dont l'oeuvre s'inscrit dans l'affirmation d'une Acadie moderne et contemporaine, publie un nouveau recueil de prose, «Solstices».
Qu'il soit d'hiver ou d'été, le souffle qui porte cette parole la fait voyager au rythme du temps, sur les sentiers du souvenir. Sur les lieux revisités, l'oeil se nourrit d'indices pour reconstituer un passé à partir de structures ou d'objets à l'épreuve du temps, d'odeurs qui en émanent, de bruits qui les animent, de souvenirs qui les habitent.
Le lecteur plonge dans un univers intime et intérieur qui le happe dès la première phrase et ne le laisse sortir qu'à la dernière.
En avril 2009, Herménégilde Chiasson a remporté le prix Champlain pour son recueil «Béatitudes».
Aliénor ne connaît d'autre monde que la forêt qui l'a vue naître, où son père, Étienne, s'était exilé avec les siens lors du Grand Nettoyage du village. Il y a très longtemps. Si longtemps qu'Étienne Landry en a oublié le nombre d'années. Et comme si l'hiver n'avait pas réussi à l'engloutir, Étienne se voit soudainement propulsé dans l'univers de la « justice civilisée », accusé d'inceste sur la seule personne qu'il lui reste à aimer, son Aliénor.
« Climats » est imprégné d'une intention d'habiter et d'être habité par un lieu, l'Acadie. Un texte en quatre temps correspondant aux saisons et à leurs ambiances, où le temps et l'espace se confondent dans une présence actuelle.
Un « beau recueil de textes denses, profonds, souvent étranges, présentés en quatre volets qui répondent au rythme des saisons : le journal poétique pour le printemps, poèmes en alexandrins pour l'été, réflexions sur la mémoire et la conscience de soi pour l'automne, prose plus pragmatique, à la manière de l'essai, mais toujours avec une saveur poétique, pour l'hiver. »
- Nuit blanche
« Vous présente les multiples incarnations de cette énigmatique seconde personne du pluriel : vous, auteur; vous, ville; vous, femme [...] À défaut d'aboutir, c'est-à-dire de saisir l'objet de ses investigations (vous), le poète trouve un second souffle dans une dialectique du désir inassouvi. Cet inassouvissement donne au vous une consistance de moins en moins ferme : vous glisse entre les doigts du poète, se dérobe, mystifie toute rencontre. [...] Vous décrit l'impossible quête d'un objet somme toute inaccessible. »
- Spirale
Conrad, mécanicien de génie pouvant « démancher » et « ramancher » une voiture en une journée, peut aussi réciter moult passages de l'Évangile. Car comme le souhaitait son père sur son lit de mort, il l'a apprise par coeur, la Bible - bien que parfois le sens de certains mots lui échappe. Venant de quitter son emploi de réparateur de machines à Coke, il se retrouve au Gun Club en compagnie de son ami Simon, là où travaille Véronica, serveuse et chanteuse country avec qui il a déjà eu une relation. En cette soirée d'ivresse et de délivrance, s'il faut l'en croire, le Christ apparaîtra bel et bien au Gun Club.
« Conrad a appris par coeur et il veut appliquer par coeur ce qu'il a lu. La réalité lui résiste, il la niera, lui surimposant sa vision du monde avec une telle force qu'elle sera sa réalité. Quête d'un individu à la recherche d'une spiritualité qui compensera sa maigre emprise sur le réel, la démarche de Conrad est d'autant plus tragique qu'elle ne se fonde que sur des mots déconnectés de leur portée symbolique. » Préface, David Lonergan
« Le Christ est apparu au Gun Club » a été créée le 23 octobre 2003 par le théâtre l'Escaouette, en coproduction avec le Théâtre français du Centre national des Arts.
L'art de s'enfuir est le 40e texte qu'Herménégilde Chiasson signe, cosigne ou traduit pour la scène.
Sur un coup de tête, après quelques années passées à New York, Pénélope retourne vivre à la campagne, là où elle a grandi. Raphaël, son conjoint, décide de la suivre et de s'exiler dans ce petit village près de la mer. Peintre connaissant un certain succès, il voit son inspiration s'étioler rapidement, et s'ennuie du mouvement de la métropole. C'est alors qu'Alice, une doctorante en histoire de l'art, débarque dans le paysage et capte instantanément l'intérêt de Raphaël. Ensemble, ils s'engagent dans de longues conversations sur l'art et sur le travail de Raphaël. Mais Alice est-elle bien qui elle affirme être?
Dans cette pièce de théâtre, tous les personnages sont en quête d'équilibre ; mais les lignes de fuite des uns ne sont pas nécessairement celles des autres...
Par un contrat étrange, rédigé sur un coup de tête en 1975, Christiane et Michel ont décidé de se quitter le jour de l'an 2000. La veille du jour fatidique, ils enclenchent le processus de séparation tout en attendant l'arrivée de leurs enfants à qui ils doivent annoncer la nouvelle. Dehors, une tempête de neige fait rage...
« Le coeur de la tempête » : un bilan ou les chiffres se confrontent aux émotions et aux souvenirs et où deux générations s'opposent dans leur parcours de vie et d'amour.
Six villes de la diaspora francophone - Vancouver, Edmonton, Winnipeg, Ottawa, Montréal et Moncton - émergent sous la plume de ces conteurs de fin de siècle. Des contes qui ont en commun une curieuse étrangeté d'où s'élève pourtant une lueur d'espoir. En cela, seraient-ils à l'image, plus ou moins confortable, plus ou moins à l'étroit, des francophonies dont ils sont le témoin et le reflet ?
Des contes éclatants, crus, de Manon Beaudoin, Yvan Bienvenue, Herménégilde Chiasson, Jean Marc Dalpé, Patrick Leroux et Marc Prescott. L'empreinte de chaque auteur y est indéniable.
Que fait l'art à la littérature ? Comment l'écriture s'enrichit-elle de la rencontre avec d'autres formes de création artistique ? Comment l'écrivain s'y prend-il pour traduire et rendre lisible la démarche d'un musicien ou celle d'un peintre ? La relation esthétique avec les objets d'art peut-elle servir de modèle pour penser le rapport aux textes littéraires ? Ce sont ces questions - et bien d'autres encore - que pose le présent numéro, en variant les points de vue et les prises de parole, mélangeant réflexion, hommage et témoignage, poésie et récit, textes et images. Le numéro comprend notamment un dossier « Écrire l'art », avec des textes d'Herménégilde Chiasson, de Nancy R. Lange et de Stéphane Lambert, et un dossier « Hommage à Louise Viger » composé de textes brefs écrits par dix-sept auteurs différents autour de l'oeuvre de l'artiste qui illustre le numéro.