Un soir de Noël au soir de sa vie, Louis Vertumne, critique redouté surnommé par le milieu « l'atrabilittéraire », est agressé par un jeune skinhead. Le respectable septuagénaire s'effondre, frappé à la poitrine. Une fraction de seconde plus tard, il est debout, un couteau ensanglanté en main : à ses pieds, c'est son propre corps qui gît inanimé. Epouvanté, Vertumne comprend qu'il habite le corps de son agresseur, qui lui est en tous points opposé : il est désormais Donovan Dubois, voyou inculte, sale, misérable mais dans la force de l'âge, assassin de surcroît. Il se découvre une gentille fiancée, un frère aîné raisonnable, un père à l'agonie et de bien dangereuses fréquentations. Partagé entre fascination et dégoût, convaincu d'être recherché pour meurtre, il prend la fuite. Commence une existence nouvelle, à laquelle Vertumne-Donovan cherche à donner un sens, entre tentatives d'en écrire le roman, tentations de s'abîmer dans l'insouciance animale et désir d'en finir, tandis qu'il s'interroge sur la vanité de sa première vie. Après s'être réfugié dans les bras de l'émouvante Poppée, professeur de latin et nymphomane alcoolique dont il fait, six mois durant, sa « providence titubante », il part lui-même à la dérive. Jusqu'à réaliser qu'il est peut-être le jouet d'un chaman resurgi de son propre passé, un dieu malin qu'il lui faut assassiner pour mourir enfin. Fantasme d'un esprit dérangé, comme le diagnostiqueront les psychiatres ? Inquiétante étrangeté d'une réalité dont les lois, comme à Vertumne, nous échappent ? Le roman demeure en cette limite trouble, où il n'est jamais permis d'en décider...
Les héros de ces dix nouvelles sont tous, d'une manière ou une autre, arrachés à leur vie tristement prévisible pour être soudain propulsés dans l'ailleurs.
Le mari adultère de « C'était écrit » est kidnappé lors d'un braquage dans la bijouterie où il était en train d'acheter un cadeau à sa femme pour se faire pardonner son infidélité.
Dans « Photo-mystère », un veuf gagne un soir dans un stand forain une carte postale "de charme" qui s'avère représenter son épouse morte vingt ans auparavant.
Le marchand de chaussures désabusé de« Oh Bigdata! » se voit assigner par une base de données omnipotente une nouvelle destinée.
Avec le protagoniste d'« Ego, Ariel et moi », on découvre qu'il est possible de se procurer un double de soi-même, avec qui il faudra composer.
Dans « Résidence dernière », deux jeunes écrivains idéalistes sont confrontés au mystère effrayant de la postérité littéraire.
D'une inquiétante étrangeté et d'une formidable inventivité, ces histoires d'évasion tour à tour féériques et magiques nous transportent dans d'autres vies que les nôtres.
En nous entourant de livres, nous nous efforçons de délimiter autour de nous un enclos d'éternité. Une telle compulsion signe notre appartenance à l'espèce humaine : nous le savons jusque dans nos gènes, rien n'est impérissable, et nous tentons désespérément d'apurer notre éternel débit sur les registres du temps.
Dans notre lutte contre la perte et l'oubli de tout, nous usons d'armes paradoxales. Le fragile papier dure plus que le granit. C'est qu'il se prête à la duplication, à la multiplication, à la dissémination. Les vingt ou trente exemplaires combustibles et putrescibles d'un incunable avaient plus de chances de traverser les siècles qu'une stèle de pierre. Pour celle d'Hammourabi qui nous est parvenue, combien reposent à jamais « sous dix couches de ténèbres » ?A contrario, a-t-on vraiment perdu une phrase, une ligne, depuis l'invention de l'imprimerie ? Naïfs nazis, gourdifles en chemise brune ! Brûler un livre, c'est brûler Phénix.
A cause de l'éternité constitue le seconde volet de L'Autre rive, qui remporta en 2007 le Grand Prix de l'Imaginaire. L'action se déroule de nos jours au château d'Eparvay, dans l'arrière-pays d'Ecorcheville, ville bâtie au bord du Styx. Cette région présente nombre de particularités. L'esclavage n'y a jamais été aboli. La proximité relative des Enfers, par-delà l'infranchissable fleuve des morts, entraîne des précipitations insolites (pluies d'animaux et d'insectes divers) ainsi que l'échouage occasionnel de créatures venues de l'autre rive (centaure, sirène, satyre, minotaure...). Un Musée de Tératologie les rassemble; les étudie et les expose. Enfin, l'économie comme la politique locales sont sous le contrôle de trois grandes familles, les Propinquor, les Esteral et les Bussettin, qui se disputent et se partagent de longue date le pouvoir.
Dans ce nouvel opus, Alphan Bogue, jeune diplômé du Courtauld Institute de Londres, docteur PhD en histoire de l'Art, rentre à Ecorcheville pour s'y marier. Sa fiancée, Delia Spencer-Churchill, doit le rejoindre pour la cérémonie. Le père d'Alphan, brocanteur à la retraite, pensionnaire de l'EHPAD d'Ecorcheville, le presse de dérober pour lui un autoportrait supposé de Rembrandt adolescent, inconnu de tous, qui se trouve au château d'Eparvay. Spécialiste de la peinture baroque et de Rembrandt, Alphan se laisse convaincre de s'introduire dans le château pour examiner le tableautin et se faire une idée de son authenticité. Quand il franchit une porte basse donnant sur les soubassements de l'énorme édifice métamorphique, l'aventure commence...
L'imaginaire qui se déploie dans ce roman-monde n'a pas d'équivalent dans la littérature française contemporaine.
Mathieu Chain est cet illustre écrivain qui renonça un jour à la gloire et à tous ses avantages, quitta définitivement la France et alla finir ses jours, inconnu, dans une petite île de la côte allemande où il subsista grâce aux travaux manuels qu'on voulait bien lui confier. Il n'écrivit plus une ligne et c'est son dernier ami, le pasteur de l'île, qui nous raconte son histoire. Quelle révélation Mathieu Chain a-t-il connue pour qu'il ait décidé de changer radicalement de vie ? Diverses réponses ont été proposées - notamment par les psychiatres - mais le narrateur les rapporte sans les faire siennes. Il se contente de dresser la carte du labyrinthe que Mathieu Chain a dû parcourir avant de trouver sa voie. Nous lisons un roman d'aventures où les incidents bizarres et les scènes dramatiques s'enchaînent avec une logique surprenante. Max-Pol Fouchet disait de lui : "Les trouvailles de style, le ton qui passe à travers l'écriture, l'écriture elle-même sont d'un grand styliste".
« Quand enfin on me libérait, j'avais l'impression de venir au monde à nouveau. La dernière séance arriva. Un technicien me tapa sur l'épaule. J'étais tout entier dans la boîte, me dit-il en désignant l'ordinateur qui contenait la totalité de mes données physiques. »
Ah ! Merveilles du numérique, confort des automatismes et de la régulation !
Quelle place faites-vous donc à la liberté et l'identité humaines ?
Ces sept nouvelles, écrites de 1997 à 2018, forment un voyage au fil de l'évolution du travail de Georges-Olivier Châteaureynaud. Elles mêlent, selon son habitude, fantastique et quotidien, et nous tendent un miroir tendre et féroce à la fois.
Georges-Olivier Châteaureynaud, né le 25 septembre 1947 à Paris, est un romancier et nouvelliste français. Il obtient le prix Renaudot en 1982 pour le roman La Faculté des songes et le prix Goncourt de la nouvelle en 2005 pour Singe savant tabassé par deux clowns. Grand prix de l'imaginaire pour L'autre rive (rééd. Zulma 2017). Il est secrétaire général du prix Renaudot depuis 2010.
1965: le moment beatnik avant le déferlement hippie. Aymon a dix-huit ans. « Fils de vieux » élevé dans du coton, il étouffe entre un père mourant et une mère trop possessive. C'est l'été. La vie appelle Aymon en Grèce. À Athènes, il découvre pêle-mêle la liberté, le sexe, l'amitié, la musique et la drogue. Il se joint à une petite bande qui mène sous l'Acropole une vie d'oiseaux sur la branche. Il y a Crevard, authentique routard famélique, Heinz le dealer-copain, Anji l'anorexique aux trois overdoses, le busker Kilian, guitariste surdoué et le pauvre Naze, son acolyte ingénu au tatouage infamant... Aymon s'affranchit peu à peu du groupe qui se démembre pour « tailler la route » vers Tanger puis Londres. Mais aucun été n'est éternel : il faudra, un jour de rêve fracassé, qu'Aymon regagne Paris et affronte la vie, la vraie, et le drame qu'en partant il a laissé derrière lui.
La fugitive utopie communautaire de ce temps si proche et déjà si lointain attendait son ode. Ceux qui l'ont vécue en gardent à jamais la nostalgie. Être jeune alors, c'était autre chose...
« Je suis un buveur de nuit, ou plus exactement un alcoolique en rêve. Moi qui ne bois que de l'eau, je rêve chaque nuit que je bois une infinité de liqueurs diverses. Par un curieux paradoxe, l'instant où, enfin assommé, je sombre en songe dans l'inconscience, coïncide avec celui où je reprends conscience dans la réalité. »
Ces huit nouvelles fantastiques prennent racine dans le quotidien. Le personnage central est en général un homme ordinaire à qui il arrive quelque chose d'extraordinaire. Ainsi, le héros des Intermittences d'Icare aura par trois fois dans sa vie le don de voler durant quelques instants. Dans La Face perdue, au temps des duels au sabre à l'occasion desquels les étudiants allemands se tailladaient le visage, un jeune homme trop beau refuse de se battre et perd la face. Les Amants sous verre montre deux amoureux pris au piège d'un couple de vieux sorciers qui vont user de leur jeunesse, le temps d'une nuit d'amour inespérée.
L'art du conte n'est pas perdu, ce recueil en administre la preuve, par la magie d'une imagination féconde et d'une écriture sensible et précise.
Marginal, rêveur, d'une rebelle nonchalance, Quentin est O.S. dans une usine par hasard, et parce qu'il faut bien vivre. Surnommé Tête Lourde, pour sa lenteur, ses allures de somnambule, Manoir, l'orphelin, a cessé d'être le fonctionnaire modèle qu'il fut longtemps. Seul avec ses chow-chows dans un pavillon exproprié, Hugo, enfin, exerce dans la journée la profession de bibliothécaire, non sans d'étranges fantaisies. Trois destins en roue libre dont les chemins ne pouvaient que se rencontrer, au carrefour de leurs solitudes. C'est une maison abandonnée qui les réunit quelque part en banlieue, une bâtisse promise à la démolition, et par l'un d'eux baptisée la "Faculté des Songes". A l'écart de l'agitation, des soucis quotidiens, de l'angoisse, ils y trouvent la nuit la paix des sages, un autre monde où ils seront pour un temps les passagers clandestins de l'amour, les squatters heureux de l'oubli. Avec la précision aérienne des mots les plus simples, G.-O. Châteaureynaud réussit mieux que jamais à imposer la vérité de son univers insolite.
Ce marché de peintures sous verre est un des plus courus au monde. Ce serait bien le diable si Golo, antiquaire (du moins sa carte de visite essaie-t-elle de l'en persuader), ne tombait pas sur une bonne occasion. Il faut dire que ses finances en ont bien besoin.
Il s'associe à la belle Stella pour chasser l'oiseau rare. Golo n'en revient pas. La réalité, avec laquelle il entretient des rapports souvent difficiles ou embarrassés, semble se plier aux souhaits de Stella avec une docilité déconcertante.
Et le fantastique, comme toujours chez Georges-Olivier Châteaureynaud, va s'en mêler...
Renata, jeune « belle de nuit », survit tant bien que mal dans la jungle urbaine. Sa rencontre avec un petit ange blond perdu au milieu de la nuit vient perturber ses habitudes, car Marco ne sait rien : ni d'où il vient, ni qui il est... Élevé jusqu'alors dans une splendide villa coupée du reste du monde, entouré de domestiques, il n'a même jamais vu son père. Renata le prend alors sous son aile, et, ensemble, ils vont essayer de retrouver la « planète-villa ». Mais, quand ils y parviennent, c'est pour la trouver complètement vide : Marco a été sciemment abandonné à son sort, seul au monde. Pourquoi cette fuite soudaine des occupants de la villa ? Pour quelle raison tant de mystère entoure tout ce qui a été la vie du petit Marco jusqu'à présent ?
Sans le savoir, Renata et Marco vont remonter la piste d'un vaste réseau de trafic d'organes... Ils vont devoir affronter le danger et même frôler la mort, pour finir par faire triompher l'amitié et la générosité.
« Je n'ai que faire ici de l'entière vérité. Ce qui m'intéresse, ce sont les lambeaux et bribes déposés en moi au fil du temps, que je manipule à tâtons, que j'examine à l'aveuglette comme au fond d'une crypte ».La rencontre des parents lors d'un bal de la Victoire, les premières impressions fugitives sous le soleil d'Algérie et de Marseille, les inconstances d'un père, son goût des femmes et des ailleurs, l'adoration d'une mère, le divorce, la dépression...
Dans ce livre où pour la première fois il parle de lui, Georges-Olivier Châteaureynaud exhume d'un passé brumeux des images, des légendes, et c'est toute une mythologie familiale qui se constitue.
Il se souvient.
D'une chambre de bonne perchée au huitième étage. Du nomadisme. De la pauvreté. De Grand-Père, de Tantine, ou du terrible Leturc, l'enfant qui lui apprit à lire.
La vie nous regarde passer, ce sont les années de formation d'un écrivain, c'est une adolescence dans les années 1960. Entre la "vie de café, mai 68, et les ultimes "glorieuses", c'est aussi le discret parfum d'une certaine époque, celle des aventures indochinoises et des années algériennes, celle de la France d'après-guerre.
A travers ces nouvelles ironiques et poétiques dont il a le secret, Georges-Olivier Châteaureynaud nous convie à l'accompagner à l'extrême lisière de la réalité. Un homme apprend sa mort et entre post mortem en résistance, un milliardaire pêche la sirène, un billet de tombola ressurgit vingt ans plus tard... Il est permis d'acheter, ainsi qu'un bibelot original, la momie neuve d'une jeune fille qui se réveille la nuit, parle, chante... Un poète explore, face à la statue de bronze d'un écolier qui ressemble à l'enfant qu'il a été, un musée consacré à sa propre existence.
Ce monde ressemble au nôtre dans ses profondeurs, et l'auteur de L'Autre Rive nous y entraîne avec un parfait naturel, par la grâce d'une écriture élégante et précise. Un recueil envoûtant, par un des plus grands nouvellistes français.
Le héros devient gratte-papier dans une vaste machine industrielle et, par la même occasion, un habitué du restaurant voisin : "Chez Euthyme". La serveuse y est charmante, accueillante et la chère savoureuse. Que demander de plus, sinon la raison des applaudissements nourris des autres convives à l'arrivée de son dessert, un succulent baba au rhum ?
Extrait : « Vers vingt heures, reposé, rafraîchi, je gagnai le restaurant. La salle de dimensions modestes était déserte, ce qui ne laissa pas de m'inquiéter tout d'abord. Je fus sur le point de rebrousser chemin, mais une serveuse s'avança vers moi et m'accueillit avec un sourire si engageant que je n'eus pas le coeur de lui tourner le dos. »
À PROPOS DE L'AUTEUR
Georges-Olivier Châteaureynaud est un auteur français de nouvelles et de romans, né en 1947. Son écriture fait la part belle à l'imagination et à l'écart que celle-ci creuse, peu à peu, avec la quotidienneté et son lot d'évidences. Il est l'auteur entre autres de La faculté des songes (prix Renaudot 1982).
À PROPOS DES ÉDITIONS LIBRE COURT
Libre Court propose des nouvelles et des histoires courtes à lire partout en moins d'une heure. Ces textes, signés par des auteurs reconnus, vous entraineront à la découverte de personnages attachants, percutants voire déroutants, portés par une écriture rythmée.
Lieux d'un nouveau culte, les musées nous envahissent, autant que nous les envahissons. Dans les longues files d'attente, devant les oeuvres et parmi la foule, écrivains, peintres, dessinateurs et photographes se rencontrent, s'étonnent, et nous offrent leurs regards croisés « Pour l'humour de l'art ». La nouvelle de Georges-Olivier Châteaureynaud nous propose le portrait d'un certain « Monsieur d'Orsay », qui entretient une étrange relation avec une statue. De son côté, à l'affût, le photographe Philippe Bertin saisit les êtres et les oeuvres au musée d'Orsay. Il nous offre des images de l'invraisemblable quotidien du musée !
Un professeur de lettres, Odilon Frêle, écrivain à ses temps perdus, se rend en Pénombrie, à l'occasion du congrès de fantomologie qui se tient à Tremnobr, la capitale d'un petit pays soumis à un régime totalitaire. Mais Odilon a été invité là par erreur et la police de Pénombrie l'accuse d'être un espion. C'est le début d'une série d'épisodes rocambolesques : Odilon s'enfuit, est rattrapé, déporté, pour servir enfin de cobaye dans une mystérieuse expérience de "fantomologie". Georges-Olivier Châteaureynaud nous conduit lentement aux portes de l'invraisemblable avec l'air de nous conter une histoire banale. Le lecteur se balade, médusé, entre des mondes de spectres, de scientifiques mégalomanes, de policiers suspicieux, avec un bonheur où l'humour et l'horreur font bon ménage. Georges-Olivier Châteaureynaud a trouvé une veine à la fois très littéraire et très "populaire". Le "Prix Renaudot 82" se renouvelle avec un talent encore plus neuf et original.
Un passionnant recueil de nouvelles de Georges-Olivier Châteaureynaud.
Quinze nouvelles composent ce recueil, qui mettent en scène une foule de personnages et semblent, pourtant, avoir un même et unique héros, le Temps : le temps qui passe, le temps piégé, le temps truqué, le temps aboli. L'univers de G.-O. Châteaureynaud évoque la peinture de Giorgio de Chirico et, comme elle, rend visible à nos yeux étonnés ce qui demeure ordinairement caché derrière les apparences. Les enfants ont la part belle dans ces belles histoires : Hugo, Jean-Jacques Renard, "Petit Chose" à leur manière, et le bouleversant bambin du "Verger". Le réalisme et le fantastique engendrent alors la poésie.
Les amateurs d'insolite et de nouveauté littéraire seront séduits par le premier livre de Georges-Olivier Châteaureynaud, Le Fou dans la chaloupe.
Trois récits, trois aventures, trois héros. Les trois héros, pris au filet de l'irréel, s'acheminent, par des voies imprévues, vers la réalisation d'eux-mêmes. Chacun a rendez-vous quelque part avec Ananche, qui est l'antique Ananké.
Les récits de Châteaureynaud se lisent d'abord comme des histoires bizarres auxquelles on ne peut s'empêcher de croire. Les raisons d'y croire apparaissent à la réflexion, plaisir supplémentaire.
Le Fou dans la chaloupe illustre un fantastique moderne qui traduit des hantises secrètes, mais tient du jeu intellectuel. S'il fallait chercher où situer notre auteur, ce serait sans doute du côté de Jorge-Luis Borges. En vérité, il est inclassable.
Amateur d'antiquités et chineur, Châteaureynaud fouille et exhume l'inattendu en toute chose. D'où cette écriture soucieuse du détail, d'une puissance parfois lunaire qu'Edgar Poe n'eût pas désavouée. Et ce rapport au temps, qui en est le prolongement. Passé, présent ou futur sont ainsi habilement entremêlés. Prolongez le plaisir : après Zinzolins et nacarats, découvrez d'autres nouvelles du même auteur dans le Jardin dans l'île. Georges-Olivier Châteaureynaud est né en 1947 à Paris. Il a été couronné par le Prix Renaudot en 1982 pour son roman la Faculté des songes et par le Prix Goncourt de la Nouvelle en 2005 pour Singe savant tabassé par deux clowns.
Il est considéré comme l'un des principaux artisans du renouveau de la nouvelle en France. Son oeuvre s'inscrit dans la tradition de la grande littérature fantastique, proche en cela de Maupassant, mais non sans liberté - le surréalisme est passé par là.
Tout paraissait aller pour le mieux dans la famille Lemarchand. Jusqu'au drame : un accident d'avion fait disparaître André, le père de Juliette, Nathalie et Alain, et révèle qu'ils étaient ruinés. Au cours de la saisie du mobilier familial, le hasard met entre les mains de Colette, la femme d'André, un portefeuille échappé d'un tiroir secret dont elle ignorait même l'existence. Or les papiers retrouvés comportent bien la photo d'André mais sous une autre identité. Qui donc était André ? Aurait-il eu plusieurs vies ? Et, dès lors, est-il vraiment mort ? Autant d'interrogations qui précipitent, dans une enquête pleine de rebondissements, Colette qui - pas plus que le lecteur - n'est au bout de sa surprise.