Ce recueil circule aux abords d'une maturité limpide: « d'éclats de rire » en « éclats de vers », il propulse en nous les fragments d'une sérénité à la fois légère et lucide. La Mort rôde, il est vrai, et le poète qui « scribouille sa défaillance », mêle sa réflexion au silence et guette « le sens de la transparence ». Comme dans les écrits antérieurs de Tremblay, le Nord et son « intolérable froidure » aspirent la réalité tel un pôle où viennent se buter toutes les contradictions humaines. Le poète ne nous parle pas d'outre-tombe, mais « d'outre-neige ». Il ose y faire face « au souffle de la mort qui s'ennuie dehors ». De ce point de vue extrême, le poète revient allégé. Il semble avoir transcendé l'angoisse et la peine. Il retrouve les êtres et les choses comme s'il était habité par une mélancolique et magique tendresse. Ce recueil est complété de photos.
« L'Écho de nos voix » est un essai sur la littérature dite « du vacuum », et qui est propre à l'Ontario français. L'auteur pose les questions suivantes : Qu'est-ce qui distingue l'espace littéraire franco-ontarien de l'institution littéraire québécoise ou même de la république des lettres ? Au delà des différences d'amplitude caractérisant chacun de ces milieux, n'y a-t-il pas des conditions particulières d'émergence, depuis 1973, d'une littérature propre à l'Ontario français ? Y a-t-il lieu de rendre compte de l'impact du vacuum social et culturel dans lequel s'est développée la littérature franco-ontarienne ? C'est ce à quoi tentent de répondre les quatre conférences regroupées dans « L'Écho de nos voix ». La première présente la problématique des littératures du vacuum, alors que les trois autres en explorent les applications, en éclairant respectivement les trajectoires littéraires de Jean Éthier-Blais, d'André Paiement et de Robert Dickson.
Dans le nord de l'Ontario des années soixante vivent un jeune Franco-Ontarien, un Polonais immigrant d'après-guerre, le fils d'un guide touristique millionnaire, une fille de joie et l'hotêl Nickel Strange. Les vies parallèles de cette faune humaine, drôle, attachante et tragique se confondent dans une finale explosive.
Ce livre raconte l'histoire d'un groupe d'artistes franco-ontariens qui, malgré leur statut de minoritaires, ont réussi à se tailler une place dans la culture francophone de l'Amérique du Nord.
C'est aussi le témoignage d'un écrivain franco-ontarien qui a décidé, un jour, de se joindre à une coopérative de jeunes artistes qui auront construit, de toutes pièces, un centre de diffusion artistique au cour du Nouvel-Ontario.
D'une candeur remarquable, ce récit nous invite dans les coulisses de CANO, la Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario. On assiste à la naissance du Théâtre du Nouvel-Ontario, de la maison d'édition Prise de Parole, de la Nuit sur l'étang, de la Slague et du groupe CANO-musique. Ces moments pleins de joie se mêlent aux tragédies de la mort de Suzie Beauchemin et d'André Paiement, pour tisser la toile de fond d'une époque où tout était possible.
Je me suis retourné, je t'ai vu, seul, sous le lampadaire, et j'ai perçu pour la première fois ce sourire narquois qui naissait aux commissures de tes lèvres.
Je t'ai vu fondre dans mes bras. Je me suis perdu en toi, j'ai entendu mon vieux lit pleurer, j'ai senti mon âme voyager le long de mes bras, descendre dans mes jambes, j'ai tenté de retenir encore pour un dernier moment mon âme qui me quittait pour ta chaleur.
Même mes souvenirs n'ont plus de chaleur à me donner dans la grande froidure de l'abstinence. Je vous ai survécu mais il demeure que c'est aujourd'hui moi qui dors seul tandis que vous êtes des milliers et même des millions dans la fosse commune des sidatiques d'Amérique.
Septembre 1970. Albert, vingt et un ans, quitte la mine pour entreprendre des études universitaires. Il rêve de devenir poète. Avec des amis du collège, il prend part à la création collective de la Troupe universitaire et participe au journal étudiant, dont il devient rapidement responsable de la page littéraire. Sa vie est cependant bouleversée : sa copine est enceinte. Alors qu'autour de lui, les membres de la Troupe vivent pleinement l'exaltation du théâtre et de la tournée, lui envisage l'avenir avec des sentiments troubles.
À la fois fiction, journal intime et récit documentaire, «Derrière le rideau de scène» témoigne d'un projet de vie et d'un projet de société. Il nous plonge dans les coulisses de la création, en 1971, de «Moé, j'viens du Nord, 'stie», pièce fondatrice du théâtre franco-ontarien. Roman multiforme, il permet au lecteur de revivre l'effervescence contre-culturelle sudburoise, cette « révolution sereine » qui a mené à l'émergence d'une littérature contemporaine en Ontario français.
«Derrière le rideau de scène» fait suite au roman «Le grand livre», paru en 2012, dans lequel on suivait deux amis d'enfance du village de Sturgeon Falls, Paul André et Albert, à l'aube de l'âge adulte.
Au tournant d'une venelle, une galerie de personnages hauts en couleur émerge de l'ombre. De matines à complies, au rythme d'une cloche solitaire, l'Homme des ruelles, le Garçon aux pigeons, le Colosse de la montagne accomplissent les rituels singuliers de leur trajectoire quotidienne. Aujourd'hui, pourtant, leurs pas s'entrelacent inexorablement dans les sentiers du Mont-Royal.
Sur les rives du lac Nipissing ou du haut de la «meseta central» espagnole, le poète se remémore les émois que les années ont égrenés sur son chemin, qu'ils aient été fulgurants, langoureux ou tragiques. Ainsi l'amour et le deuil s'unissent-ils pour dire la complexité de la vie, dont les plus grandes beautés sont aussi les plus fugaces.
Avec ce recueil intimiste où se côtoient vers et photographies, Gaston Tremblay donne accès à un univers fait d'instantanés d'où jaillissent, en contrepoint, l'émotion pure et la mélancolie.
Le grand livre, il y a 40 ans, c'était l'amitié partagée entre Gaston Tremblay et le regretté André Paiement, une amitié consignée dans un cahier personnel nourri par les deux. «Le grand livre», en 2012, c'est une autofiction qui raconte un moment déterminant dans la vie de deux jeunes adolescents, à une époque charnière - la fin des années soixante - dans l'histoire du Nouvel-Ontario. Albert et Paul-André ont grandi à un coin de rue l'un de l'autre, dans le petit village de Sturgeon Falls. Si leur première rencontre remonte à la tendre enfance, alors qu'ils jouaient dans le carré
de sable, leur amitié s'est véritablement déployée à l'hiver 1967, alors qu'ils se sont accompagnés au moment du délicat passage à l'âge adulte.
Cette réédition en format poche présente l'intégrale des poèmes que Gaston Tremblay, cofondateur et premier directeur des Éditions Prise de parole, y a publiés entre 1973 et 1986: « Apprentissage » (dans « Lignes signes », 1973), « En attendant » (1976), « Souvenances » (1979) et «la Veuve rouge » (1986). L'écrivain, dont l'humanisme se module au gré de jongleries sonores, nous exécute la partition de diverses « hallucinations volontaires » fort subtilement maîtrisées. En explorant les joies et les douleurs du passé, le poète ouvre les voies du présent et de « l'avenir possible ».
À partir de riches archives familiales (Anne-Marie Palardy, 1871-1928) ou encore grâce à l'hommage d'un fils à son père (Léonidas Bélanger, généalogiste,1913-1986), les articles de cette édition d'été parcourent l'histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean, région qui coïncide avec le lieu du 48e congrès annuel de la Fédération Histoire Québec. Entre autres, le texte d'Éric Tremblay nous explique comment la Société des Ving-et-Un a participé à la colonisation du Saguenay-Lac-Saint-Jean en 1837 et Camil Girard nous fait redécouvrir la dynamique des cultures et les questions autochtones à travers un angle de recherche particulier, les récits de vie. Tandis que Jeannine Ouellet tire sa révérence à titre de rédactrice en chef de la revue après huit années de service, ce numéro se penche aussi sur les défis de la relève dans les sociétés d'histoire du Québec.