Connu d'un large public pour ses écrits sur l'instruction publique, on ignore souvent que Condorcet peut être également rangé dans la catégorie des économistes. Oui, il existe un Condorcet économiste. Oui, ce Condorcet-là mérite de figurer en bonne place dans la longue histoire de l'École française d'économie politique libérale, ne serait-ce qu'en raison du soutien actif et indéfectible qu'il a apporté à la politique de liberté et de réforme de son ami Turgot. À une époque où l'économie française vivait encore sous la forte influence de Colbert, autrement dit sous l'autorité d'un dirigisme d'État, Condorcet a plaidé pour la liberté du commerce des blés, pour l'ouverture des frontières, pour la libre circulation des hommes et des marchandises, pour un aménagement du territoire propice à la circulation des richesses, pour l'abolition d'une police des grains qui enfermait les paysans dans un carcan d'interdictions. Pour Condorcet, l'économie, stimulée par les innovations, devait être un instrument valorisant les droits et la justice. Et cela dans une perspective de bien public. De façon claire et didactique, l'auteur invite le lecteur à la (re)découverte de l'économie libérale de Condorcet.
Un personnage qui était loin d'être ennuyeux et qui a réussi ce tour de force d'écrire des livres d'économie dans un style qui l'apparente aux meilleurs de nos écrivains. Ses campagnes ardentes en faveur du libre-échange l'ont fait qualifier d'ultra-libéral et, à ce titre, il fut par la suite critiqué, contesté, voire incompris et même méconnu. Pour mieux en juger, il importait de replacer l'homme dans son époque. Ce livre raconte non seulement la vie ardente de Frédéric Bastiat mais présente ses idées économiques à travers des extraits significatif de son oeuvre.
Connu pour son roman Adolphe, Benjamin Constant est aussi l'un des grands penseurs politiques de l'école libérale française. Cela dit, il existe un autre Benjamin Constant moins connu : l'économiste. Il lit et rencontre Adam Smith, siège au Tribunat de Bonaparte à côté de Jean-Baptiste Say ou s'entretient longuement avec Necker. Rien de surprenant si dans ses discours parlementaires ou dans son oeuvre politique, il participe à l'élaboration des traits fondamentaux du libéralisme économique. Un libéralisme qui doit concilier l'efficacité dans la production des richesses avec l'égalité et la justice dans leur répartition. Une telle ambition est-elle toujours d'actualité ?
Jean-Baptiste Say est l'économiste qui a le mieux analysé le rôle du chef d'entreprise. Dès 1803, il dresse un portrait toujours d'actualité de cet agent économique central qu'il nomme " entrepreneur d'industrie " dont la mission est d'imaginer des produits utiles, susciter des innovations, courir des risques... Lui-même trois fois patron, il entendait libérer l'entrepreneur de l'emprise de l'État. L'entrepreneur étant moteur de la croissance et de l'emploi, aussi peut-il être utile de relire Jean-Baptiste Say.
Personnalité de premier plan, Jacques Rueff est d'abord connu pour son plan d'assainissement financier, qui permit au général de Gaulle en 1958 d'ouvrir la France à la concurrence. Il contribua aussi à la mise au point du franc Poincaré en 1928 et travailla au redressement du pays aux côtés de Paul Reynaud, en 1938, face à une Allemagne qui se réarmait à grande vitesse. Homme d'action quand la situation l'exigeait, mais également théoricien et expert de la monnaie et des finances, Jacques Rueff défendit très tôt un libéralisme rénové, attentif à l'ordre social et acceptant le rôle de l'État. Cette biographie - la première de Jacques Rueff - retrace son parcours intellectuel et politique, de son duel public avec John Maynard Keynes sur le chômage à ses échanges avec Robert Triffin concernant les relations monétaires internationales, en passant par le colloque Walter Lippmann qui marqua la rupture de toute une génération avec le vieux libéralisme manchestérien du « laissez-faire, laissez-passer. » S'inscrivant dans la lignée des économistes ingénieurs-mathématiciens, Jacques Rueff incarne magnifiquement le libéralisme à la française. Gérard Minart est l'auteur de nombreux ouvrages sur le libéralisme. Il a été rédacteur en chef du grand quotidien régional La Voix du Nord.