Une grande crise économique comme celle qui sévit depuis une dizaine d'années n'est pas seulement conjoncturelle elle n'est même pas principalement structurelle, elle est avant tout fonctionnelle et institutionnelle. Elle est le résultat d'une grave déficience du fonctionnement et par conséquent de l'organisation de l'économie. Elle impose donc un réexamen des conditions théoriques et pratiques de la croissance équilibrée. Pour cette recherche, en 1985, il n'y a plus de modèle. Aujourd'hui, dans ce domaine comme dans d'autres, il ne suffit pas d'actualiser quelque conception ancienne ou d'imiter quelque pratique étrangère. Il s'agit avant tout d'innover. Puisque la stagflation manifeste clairement l'inefficience simultanée des mécanismes du marché et des interventions de l'État, il faut inventer un nouveau mode de régulation de l'économie, qui seul peut assurer une véritable issue à la crise actuelle. Une telle innovation doit être fondée sur une réinterprétation des dérèglements permanents du système économique et des défaillances répétées de la politique économique, car, de tout temps, le principal obstacle à la réalisation de la croissance équilibrée n'a pas été la réalité elle-même, mais la vision traditionnelle que la science économique avait de cette réalité. C'est dans cette perspective que l'auteur a élaboré : une nouvelle analyse de l'instabilité économique et en particulier de l'inflation chronique ; une critique générale de la stabilisation étatique tant néoclassique que post-keynésienne ; et, finalement, une méthode simple et opérationnelle pour rétablir et assurer en permanence l'expansion dans la stabilité.
Après quarante années passées dans la magistrature - dont vingt à la cour d'assises de Paris comme avocat général -, Philippe Bilger raccroche la robe rouge : il a quitté une institution qu'il a aimée, servie, mais qui l'a aussi déçu. Il avait soutenu avec enthousiasme le candidat de 2007 qui, une fois devenu président de la République, a noué avec la Justice et l'État de droit une relation médiocre et favorisé esprit de cour, préférences ostensibles, l'expression d'une démocratie au quotidien très imparfaite.
Philippe Bilger est un homme à la parole libre et il le revendique. Le magistrat aussi bien que le citoyen ont été choqués, voire indignés, par une politisation affichée de la Justice, des errements et des scandales ayant pris, sous cette République prétendue irréprochable, une ampleur inégalée.
Désormais libéré de son obligation de réserve, l'ex-magistrat décrit sans complaisance et dénonce les petitesses, les faiblesses d'une institution, révèle aussi ses grandeurs et regarde avec cruauté et lucidité un univers qui n'est plus le sien.Philippe Bilger est aujourd'hui magistrat honoraire, conseiller spécial au cabinet D'Alverny, Demont et Associés et président de l'Institut de la parole.François Sionneau est rédacteur en chef au Nouvel Observateur.