Poète à New York, recueil posthume à l'histoire mouvementée, est à redécouvrir en édition bilingue dans une nouvelle traduction et une trame fidèles au manuscrit original de Federico García Lorca, enfin retrouvé." Un poète-personnage évolue dans les dix sections du livre où, comme en un récit de voyage, sont décrits tout d'abord la découverte d'une ville tentaculaire où sombre le sujet, sa visite à Harlem, ses pérégrinations dans Manhattan le soir et la nuit, le voyage au lac Eden Mills et dans l'État du Vermont, le retour à la ville et la fuite vers la civilisation, vers La Havane. Comme un pèlerin moderne rescapé du naufrage, ce poète-personnage poursuit un voyage qui le conduit de la sidération initiale à la révolte, pour aboutir à l'appel des derniers poèmes.
Ces poèmes, nés de l'incompréhension et de l'interprétation par le poète d'un monde insolite et barbare dans sa civilité, sont d'actualité pour nous lecteurs :
le système capitaliste et la crise de 1929 intégrés au lyrisme lorquien, dans leurs conséquences économiques et sociales, collectives et intimes, mais également écologiques, sont en prise avec les questionnements de notre époque. "
Carole Fillière et Zoraida Carandell
Par son écriture poétique, Federico García Lorca, tel un peintre, esquisse le paysage et brosse les couleurs d'Albayzin, le quartier arabe de Grenade. Cheminant le long des rues, il guide les lecteurs dans son univers, aussi lumineux et coloré qu'obscur et mystérieux. Premières pages écrites par le jeune Federico García Lorca, ce recueil d'impressions et de paysages renferme toute la sensibilité de la plume de l'auteur espagnol.
' Puis, lorsque nous nous sommes reposés, toutes les impressions réapparaissent, les unes splendides, les autres vagues et confuses, comme si les souvenirs avaient déjà pris des teintes de crépuscule expirant et recouvert d'une brume bleutée les choses que nous vîmes...
Composées entre 1924 et 1927, ces Complaintes gitanes, sont l'oeuvre la plus populaire de García Lorca (1899-1936). Elles sont le recueil de vieilles légendes, de récits fabuleux ou épiques, de chansons puisées dans la tradition orale, qui plongent au coeur de la tradition des coplas andalouses. Chaque complainte figure un petit drame, tantôt gracieux, tantôt érotique, tantôt sanglant. Mélange de veine populaire et d'écriture savante, ces brefs poèmes, véritables précipités de l'âme espagnole constituent un miracle d'équilibre et sont à juste titre tenus pour un des chefs-d'oeuvre de la poésie du xxe siècle.
Texte d'une conférence prononcée en 1930, Jeu et théorie du duende "donne une leçon simple sur l'esprit caché de la douloureuse Espagne." Mot espagnol sans équivalent français, le "duende" dérive, au sens étymologique du terme, de l'expression : "dueño de la casa" (maître de la maison). Le duende serait un esprit qui, d'après la tradition populaire, viendrait déranger l'intimité des foyers. Son second sens est enraciné dans la région andalouse. Le duende désignerait alors "un charme mystérieux et indicible", rencontré dans les moments de grâce du flamenco, apparentés à des scènes d'envoûtement. Ces significations se rejoignent dans l'évocation d'une présence magique ou surnaturelle. Le duende provient du sang de l'artiste. "C'est dans les ultimes demeures du sang qu'il faut le réveiller", écrit Lorca. Le duende serait une sorte de vampirisation qui injecterait un sang neuf à l'âme. De ce fait, il flirte avec la mort. En tant que forme en mouvement, García Lorca énonce que "le duende est pouvoir et non oeuvre, combat et non pensée". Là où le duende s'incarne, les notions d'intérieur et d'extérieur n'ont plus lieu d'être. Si le duende est universel et concerne tous les arts, c'est dans la musique, la danse et la poésie orale qu'il se déploie pleinement, puisque ces arts nécessitent un interprète. Or, le duende n'existe pas sans un corps à habiter. Ce minuscule décalage du regard qui donne à voir l'intervalle entre les choses, bouleverse le mode de pensée cartésien.Edition bilingue.
Qu'est-ce que le cante jondo ? García Lorca, infatigable passeur de l'Andalousie profonde, tâche d'y répondre dans une conférence mémorable. La siguiriya gitane constitue le modèle fondamental du cante jondo, qui désigne les plus ancestrales chansons du répertoire andalou.
La force lumineuse du propos de García Lorca tient dans sa capacité à ne pas voir dans le cante jondo une curiosité folklorique mais bien une authentique manifestation de la plus pure poésie : une poésie anonyme et populaire, forgée au fil des siècles. L'Andalousie se révèle un véritable magma lyrique, où les vers des poètes espagnols bouillonnent dans le même creuset que les poètes persans et arabes.
García Lorca réussit ainsi le tour de force de proposer une véritable leçon d'histoire, de musique, et de poésie.
Né en Andalousie en 1899, Federico García Lorca est sans conteste le plus grand poète espagnol contemporain. Il étudie le Droit et les Lettres à l'université de Grenade. Installé à Madrid, il côtoie Dalí, Buñuel... Il ne devient célèbre qu'en 1927, avec la publication des Complaintes gitanes. Il rejoint Grenade au début de la guerre civile. Bien qu'exempt de toute action politique, il est fusillé, probablement à cause de ses critiques envers les gardes civils de Franco.
Rosita, jeune orpheline de Grenade, a été recueillie par sa tante et son oncle. Ce dernier, passionné de jardinage, vient d'inventer la rosa mutabilis qui ne dure qu'un seul jour. Au Ier acte, Rosita attend son fiancé, qui lui annonce qu'il part aux Amériques s'occuper des terres de son père, mais lui promet de revenir bientôt. Au IIe acte, quinze ans ont passé ; la jeune femme est à présent belle comme une rose pourpre et encore séduisante ; les partis ne manqueraient pas, mais elle reste fidèle à son fiancé qui, se voyant dans l'impossibilité de rentrer, lui propose un mariage par procuration, ce que la famille refuse. Au dernier acte, dix ans ont encore passé ; l'oncle est mort, sa rose d'un jour a été coupée, et Rosita apprend que son fiancé en a épousé une autre. La voilà vieille et flétrie comme la fleur en son crépuscule. La famille ruinée quitte la villa de Grenade : c'est la fin d'un monde.
À la mort de son mari, Bernarda décide, pour marquer le deuil, que ses filles ne sortiront pas de leur maison pendant huit ans. Ce huis clos se déroule dans l'âpre atmosphère du Sud de l'Espagne où, entre censure et anathème, les femmes sont recluses et l'amour est frappé d'interdit. Jalousie, hargne, désirs et passions s'exacerbent. Un homme hante les rêves des cinq soeurs. Il doit épouser l'aînée mais la plus jeune s'éprend de lui : telle est la bombe qui explose au milieu des rivalités, des frustrations et des perfidies. Lorca devait mourir, exécuté, deux mois plus tard, tandis que le pays s'enfonçait, pour de longues années, dans le mutisme, dans ce silence réclamé par Bernarda Alba de la première à la dernière réplique. La chape qui s'abat sur la "maison" à la chute du rideau devient dès lors allégorique de tout un pays bâillonné. Et, par-delà l'Espagne et la voix du poète, elle accuse les préjugés et le fanatisme qui emprisonnent la conscience humaine et poussent au néant.
Cette tragédie, jouée sur les scènes du monde entier, est entrée en 2015 au répertoire de la Comédie-Française.
Noces de sang (1933), par sa forme lyrique, est à la fois un poème dramatique et une tragédie rurale. Marquée par l'Andalousie et la mythologie gitane, cette pièce, avec toute l'aspiration de l'auteur au réalisme et à la vérité, puise son intrigue à un fait divers évoquant des noces sanglantes au cours desquelles la Fiancée - elle n'a pas d'autre nom : c'est un archétype -, au lieu de se rendre à l'église, s'enfuit avec son ancien amoureux. Tout finit dans le sang car les deux hommes s'entretuent. Mais ici, l'intrigue est constamment transcendée et magnifiée par la poésie, les chants et l'atmosphère mythique qui pose d'emblée le maléfice de la Lune.
"Rien de plus antipoetique que le lien logique entre deux objets de quelque espece qu'ils soient. Il faut briser les amarres des liens visibles et invisibles. Il faut laisser les objets et les concepts aller librement ou ils veulent, qu'ils luttent, qu'ils volent pour que le monde soit plus amusant et que puisse exister la veritable poesie.
Vous les poetes avez une peur terrible de perdre la tête et un amour incomprehensible de la qualite logique. C'est absurde de te conformer a l'idee selon laquelle la chaussure n'a d'autre utilite que d'être chaussure et la cuillere cuillere. La chaussure et la cuillere sont deux formes d'une extrême beaute et ont une vie propre aussi intense que la tienne et surtout elles ont une capacite d'AVENTURE que tu ne soupconnes même pas."
Federico García Lorca est né le 5 juin 1898 dans le village de Fuentevaqueros près de Grenade. Poète, dramaturge, prosateur, mais aussi peintre et musicien, il est l'auteur d'une oeuvre qui fait de lui l'un des voix majeures de la littérature mondiale. En 1927, ses romances le propulsent sur le devant de la scène poétique, mais il refuse d'y être identifié et décide d'explorer une autre voie, celle de la prose. Il sera fusillé en août 1936, entre Viznar et Alfacar, par des milices franquistes.
Dans l'aride Andalousie, un paysan déserte la couche de sa jeune épouse pour surveiller l'irrigation de ses champs. Mais Yerma ne rêve que d'avoir un enfant. Les années passent sans que son corps porte de fruit. Aime-t-elle ce mari qu'on lui a donné? A-t-elle jamais frémi dans d'autres bras? Oui, naguère, ceux du berger avec qui elle dansa. Il y a eu maldonne. S'il est vrai que labours et brebis font richesse, seul l'amour est fécond. Stérile et vide, Yerma ira jusqu'au bout de l'espoir entre vaines promesses et hallucinantes processions où la vérité se fera jour. Lorca bâtit là, après Noces de sang et avant La Maison de Bernarda Alba, une tragédie de la frustration, composant, lyrique ou baroque, l'ardente mélopée d'une âme pure malmenée par la vie.
Cette pièce magistrale, donnée deux ans avant la guerre civile, où une femme passionnée exalte sa soif de liberté et soulève tant de clameurs, allait devenir l'emblème du poète assassiné et assurer sa gloire.
Publié à ses frais en 1918, oublié par la suite, Impressions et paysages est le premier livre de Federico Garcia Lorca. Écrit à dix-neuf ans, quand le poète était étudiant à l'université de Grenade, il est la relation d'un voyage que fit le jeune homme avec quelques compagnons d'études à travers les terres de la Vieille-Castille et du León. OEuvre de jeunesse, Impressions et paysages révèle déjà, en sa forme encore hésitante, les prodigieuses ressources d'un tempérament exceptionnel. Le lecteur y découvrira, mêlées à des réflexions sur l'art, la religion, la musique, de riches variations sur deux grands thèmes chers à Garcia Lorca : l'obsession de la mort et l'amour de la ville natale.
«La casa de Bernarda Alba» escrita en 1936, poco antes de su fusilamiento, aunque no sería estrenada hasta 1945 en Buenos Aires, con una gran acogida.
Una tragedia enmarcada dentro del carácter rural y popular que, junto a «Bodas de sangre» y «Yerma» conforman una trilogía lorquiana que desemboca en el drama ya que pretende aislar al individuo de su contexto moral y politico.
«La casa de Bernarda Alba» representa el dolor cotidiano y la represión de una España atrasada y rural hasta sus ultimas consecuencias. Con un argumento crítico y asequible, y un lenguaje popular y directo, el autor crea una atmósfera de tensión que desembocará en un final trágico y sorprendente.