Inutile d'éluder : ouvrons les yeux, la menace salafiste existe. La France vit une grande illusion. Nous croyons être toujours le pays où l'on débat, où l'on échange des arguments, alors même que nous sombrons chaque jour un peu plus dans un climat intellectuel de guerre civile.
Ce constat vaut en particulier pour le débat actuel sur la place de l'Islam dans la société française et sur l'ampleur du péril islamiste. Allons droit au but : l'Islam ne constitue pas une question en soi dans la France de 2020. L'adversaire de la République s'appelle le salafisme.
La source du problème ne réside pas dans le Coran mais dans ceux qui le transforment en arme pour affaiblir la démocratie libérale. Dans ce camp, on trouve bien évidemment les jihadistes, mais aussi les salafistes et l'ensemble des acteurs contestataires davantage animés par une fureur décolonialiste que par une authentique ferveur spirituelle.
Le centre de gravité de cette galaxie dangereuse est le salafisme. Leur stratégie, et les tactiques afférentes, font des salafistes dits " quiétistes " et " politiques " des Silencieux, ces petits cylindres également qualifiés de modérateurs de son, que l'on visse sur le canon d'une arme pour gagner en discrétion. Ils nous endormissent, démonétisent l'idée que c'est bien une nouvelle forme de totalitarisme qui tente de s'épanouir en France. Au mieux on déplore, puis on passe rapidement à autre chose... En attendant, les Silencieux franchissent les uns après les autres les remparts censés défendre la démocratie, les libertés individuelles et l'héritage républicain.
Grandes lois, grands moyens, grands programmes : rien ne manque à notre système sécuritaire. Sauf le courage. Alors que les attentats terroristes, les séditions collectives et les actes d'incivilité se multiplient, Éric Delbecque dresse comme jamais le bilan vrai de nos défaillances et de nos renoncements. Un appel républicain au sursaut. Manque de moyens, excès d'idéologie, errance des politiques : le verdict est brutal. Résultat, aujourd'hui, les Français ne sont pas en sécurité sur le territoire de la République. Entre le déni face à l'insécurité permanente, grandissante, et le refus d'une adaptation pragmatique, la tenaille se resserre. Parce que nous payons au prix fort la lâcheté de nos élites, nous devons vivre avec la peur, supporter les incivilités quotidiennes, les agressions de la petite délinquance, les règlements de comptes entre dealers et la menace des attentats islamistes. Il est grand temps d'examiner pourquoi, parmi les dirigeants politiques, les hauts fonctionnaires, les universitaires, les journalistes, certains entretiennent et verrouillent une lecture du monde aussi fallacieuse qu'inconséquente qui met en danger la population. Et de proposer des solutions efficaces. C'est ce que fait, dans ce livre, en spécialiste reconnu des questions de sécurité à la fois en théorie et en pratique, Éric Delbecque. La chronique et le tableau vrais de la France qui souffre de la violence. Le programme d'une réforme urgente.
L'intelligence économique, une histoire riche et complexe
L'intelligence économique (IE) n'a rien à voir avec les "barbouzeries" dont les excès illustrent régulièrement les unes des journaux ou enflamment la blogosphère ! Elle est en revanche indispensable à la pérennité et au développement des entreprises. Une croissance soutenue et la création d'emplois exigent la compétitivité des acteurs économiques, des PME jusqu'aux multinationales. Et celle-ci dépend désormais de la capacité de ces organisations à anticiper, à se sécuriser (notamment l'information stratégique, dont il fut question à l'occasion du récent débat sur le secret des affaires), et à façonner son environnement global, c'est-à-dire à influencer des acteurs variés sur un marché mondialisé et encombré. Ce sont précisément les piliers mêmes de l'intelligence économique : veille, sûreté, influence. L'IE est par ailleurs une culture du combat économique et une politique publique, en plus d'être un métier. Elle doit contribuer à l'élaboration de la stratégie de l'entreprise.
En résumé, s'adapter à l'âge de la guerre économique, marqué par la montée en puissance des pays émergents, anticiper et agir vite dans un univers complexe et conflictuel, c'est l'objet même de cette discipline qui est d'abord un dispositif opérationnel au service du business, et aussi une coopération public/privé en faveur de l'emploi, de la dynamisation de nos territoires et de la préservation du périmètre industriel stratégique d'une nation. Un objectif stratégique dans lequel chacun de nous a un rôle actif à jouer.
« La violence est-elle inscrite dans l'ADN de l'« ultragauche » ? L'année 2018, avec les affrontements musclés de Notre-Dame-des-Landes, ceux de la manifestation du 1er Mai ou encore les gilets jaunes, peut le laisser penser. Ces formes d'action révèlent une montée en puissance de la violence politique dans les sociétés occidentales.
Mais qui sont ces Ingouvernables au fond si méconnus, qui refusent l'autorité de l'Etat et se déclarent les ennemis du capitalisme ? Je les ai baptisés Hipunk- combinaison de l'utopie romantique hippie et de la radicalité punk, du mythe orphique de la Nature et du nihilisme existentiel propre à la société de consommation. Les Hipunk ont renoncé à la Révolution marxiste par le haut- la dictature du prolétariat- mais adopté une nouvelle tactique offensive : saper l'autorité publique par le bas, en investissant et multipliant les « territoires perdus de la République ». Chez ces ingouvernables, la ZAD (non plus Zone d'Autonomie à Défendre, mais Zone d'Autonomie Définitive) est l'objectif à atteindre, la technique s'appelle black bloc et la philosophie se nomme l'antispécisme. Si les groupuscules idéologiques sont nombreux et souvent rivaux au sein de « l'ultragauche », ils se rejoignent dans un rejet viscéral de l'idée de Progrès et un athéisme politique radical : à leurs yeux le clivage droite/gauche n'existe plus.
Ce qui nous menace, avec les Hipunk, ce n'est pas la grande insurrection révolutionnaire, c'est la montée progressive d'une France trouée, d'une « France léopard » où la République ne sera plus partout chez elle mais se retrouvera condamnée à composer avec différents communautarismes. »Eric Delbecque
Concept régulièrement abordé dans la presse et par les politiques, l'intelligence économique se situe à l'intersection de nombreuses préoccupations publiques majeurs du monde contemporain : nouvelle politique industrielle, sécurité économique, intelligence territoriale, gestion de l'innovation.... En bref l'intelligence économique est devenue l'un des aspects importants de la performance des entreprises et de la réforme de l'État en tant que stratège et partenaire. Cet ouvrage présente aux publics concernés (étudiants, membres de la fonction publique et aussi professionnels) une utile synthèse des concepts, catégories et outils de l'intelligence économique. Il fait le point sur les grands débats dans lesquels s'inscrit cette discipline en plein essor.
Idéologie sécuritaire, état d'urgence, opération Sentinelle, risque zéro, dit la théorie. Impréparation, outrance, illusion, imprévoyance, dit la pratique. Face à la terreur, les effets d'annonce sont tout, sauf des mesures de réalité. Spécialiste des gue
Extrait
Introduction
Le débat sur le patriotisme économique relève la plupart du temps de la caricature. Pour résumer, ses adversaires – nombreux – l’assimilent à du nationalisme et à du protectionnisme. En tout état de cause, ce serait un symbole d’archaïsme… Il signalerait ainsi les adversaires de la mondialisation et du libéralisme de manière générale. Dans le meilleur des cas, il fait de ses partisans des souverainistes, dans le pire, des démocrates douteux, parfaitement antimodernes !
Qu’en penser ? Que la question s’avère beaucoup plus complexe. De plus, c’est une spécificité française : les autres nations comprennent mal l’affrontement aux allures de guerre civile que suscite chaque investissement étranger dans un grand groupe hexagonal (ou dans des PME de haute technologie) appartenant aux secteurs stratégiques. Car ce bipartisme économique s’installe à l’occasion de tout dossier de ce genre : Alstom ou l’aéroport de Toulouse Blagnac constituent les exemples les plus récents… Les mêmes camps éternels se mobilisent : partisans du grand large contre chauvinistes rétrogrades… Ou disons plutôt que c’est ainsi qu’on l’interprète…
Essayons donc d’échapper à cette malédiction. Pour ce faire, il faut analyser l’inconscient collectif et les perceptions de l’idée nationale que fabriquent certaines élites et le politiquement correct. On verra ainsi pourquoi le mot de patriotisme nous fait si peur.
Il conviendra dans un deuxième temps d’observer froidement ce que font les autres pays : sont-ils si psychologiquement troublés que nous lorsque se pose la question de leurs intérêts légitimes ? Visiblement non. Convoquer les cas japonais et américain permettra de le démontrer.
Il apparaîtra aussi nécessaire de faire un point sur la notion de guerre économique. Penser qu’elle existe conduit assez mécaniquement à reconnaître la légitimité du patriotisme économique, sans sombrer dans une quelconque obsession autarcique vindicative.
Restera à montrer ce qu’il n’est pas (un repli sur soi, un refus de la mondialisation) et à donner quelques exemples de ce qu’il pourrait être si l’on voulait en promouvoir une version adaptée aux défis qui s’offrent à nous.
France 2017 : une nation à bout de souffle ?
Peut-on faire autrement aujourd’hui que de dénoncer la tyrannie des minorités et de refuser le multiculturalisme, opposant à ce dernier la culture du rassemblement ? Tout dérive en effet de ce premier constat. Le problème prioritaire de la France réside dans son manque de cohésion nationale et sociale. Lorsque la haine de soi l’emporte au point de criminaliser l’emploi du mot « identité » ou que certains s’interrogent sur la légitimité d’afficher notre drapeau (par exemple lors des célébrations et cérémonies nationales), c’est la condition même de l’action politique qui se voit détruite. Quel objectif poursuit un Etat et son chef, sinon de permettre à la collectivité qu’il conduit de persévérer dans l’être et de se développer, sans nuire aux autres sociétés humaines.
Il est donc bien nécessaire de reconnaître l’existence d’une identité, et il se trouve que la politique moderne repose sur des nations. Il faut réaffirmer le socle implicite du contrat social : loin de se réduire à une pure convention juridique et formelle garantissant la fin de l’état de nature redouté par Hobbes, il suppose qu’un consensus existe sur des manières de vivre fondamentales. Dans le cas contraire, aucun artifice ou arrangement contractuel (de surcroît fictif puisque les théories du contrat social constituent d’abord une structure de raisonnement) ne compensera l’absence d’une culture partagée. C’est clairement l’un des cœurs du débat présidentiel de 2017. Rien de nouveau, certes, dans un tel diagnostic sur la difficulté de notre pays à faire nation, dans la mesure où les communautarismes le fragilisent régulièrement, mais l’on comprend intuitivement et rationnellement que la base du vote Front national (et maintenant d’une part non négligeable de celui des Républicains) est là : dans l’incapacité de nos élites à valoriser la France, son héritage, ses valeurs et ses réalisations présentes.
Dès lors l’insistance manifestée par une insigne part de nos concitoyens sur la nécessité de réaffirmer l’autorité n’a rien d’étonnant. Chacun ressent néanmoins que cette évidence mérite désormais d’être ré-énoncée. Le djihadisme salafiste fournit bien sûr une occasion décisive pour démontrer la justesse d’une telle revendication. Il faut certes se méfier des propositions liberticides, mais l’on doit constater qu’elles sont symétriques des discours lénifiants qui postulent que le délinquant ou le terroriste est d’abord et avant tout un être fragile que la société n’a pas su traiter psychologiquement ou épauler socialement et économiquement. La polémique du burkini nous a encore fourni quelques illustrations déplorables de responsables politiques ignorant la claire volonté de provocation d’intégristes dans toute cette affaire. Ceci alors même que n’importe quel citoyen comprend parfaitement que le fondamentalisme, le salafisme – fut-il quiétiste – constitue l’antichambre de l’islam radical et du djihadisme.
En 2017, la question n’est pas de devoir choisir entre l’Etat de droit et l’état d’exception. Bien entendu, il ne s’agit pas de renoncer aux libertés individuelles que nous garantissent les démocraties libérales. La république n’a pas vocation à se transformer en régime policier ou en société de surveillance à la Minority Report. Le problème, c’est de trouver les chemins juridiques pour faire face à une réalité particulière, en l’occurrence la menace terroriste. Il est bien clair que nous avons à faire face à une forme de « guerre » diffuse et tous azimuts qui ne respecte pas les grilles habituelles qui nous permettent de nous situer, par exemple, à l’intérieur du domaine de la sécurité ou de la défense. Notre ennemi est à la fois une force territorialisée (Daesh en Syrie), un réseau avec des « agents » répandus sur la planète, et une machine idéologique, de propagande, qui permet de pousser à l’acte des personnes radicalisés, soit déjà impliquées dans le milieu délinquant et criminel, soit perturbés psychologiquement (voire les deux). Il faut donc combattre nos adversaires militairement, tout en développant une politique de sécurité intérieure très largement inédite, en mêlant prévention et préparation des citoyens, anticipation, opérations de police musclées et adaptation permanente de la réponse judiciaire. Nous n’avons donc guère besoin de réformes constitutionnelles mais d’un fonctionnement réaménagé des forces de l’Etat (qui ne concerne pas seulement le Ministère de l’Intérieur et de la Défense) et d’une implication encore à inventer de la société civile et des entreprises sur le volet de l’anticipation, de la vigilance et de l’information. Il convient par ailleurs de faire preuve de courage politique et de refuser désormais qu’il puisse encore exister des « territoires perdus » de la république, qui constituent un espace de macération pour le radicalisme islamiste et le djihadisme.
Au bout du compte, où se situe donc notre problème ? Dans la propension de notre pays à se culpabiliser à tout propos. Ou plutôt dans la volonté de nos « élites » d’atteindre leurs objectifs personnels en flattant tous les communautarismes bruyants. Terrorisés par quelques médias parisianistes censés tracer la ligne entre le camp des « progressistes » et celui des « conservateurs », nos politiciens, intellectuels à la mode, et titans des affaires, préfèrent donner des gages à tous ceux qui se prétendent dominés, aux minorités vindicatives, aux technocrates bruxellois et aux apôtres de la marchandisation du monde. Qu’ont-ils en commun ? Miner la légitimité du concept de nation, prétendre que la souveraineté populaire se confond avec le plus abject des populismes (cf. le Brexit et l’élection de Donald Trump), et affirmer le droit des communautés à devenir des prisons communautaristes au sein desquelles les individus s’effacent au profit du collectif. L’être à nul autre pareil devient exclusivement le représentant de son groupe : les Indigènes de la République ou le Collectif contre l’islamophobie en France laissent apercevoir cette dynamique avec une extrême clarté.
Comment en sortir ? En osant s’opposer aux discours faussement modernes de ces dernières années qui affirment de façon péremptoire que le roman national est un instrument d’oppression et un anachronisme. Pourvu qu’on le comprenne bien et qu’on le modernise, il demeure notre meilleure défense contre le harcèlement communautariste, tissé de rapides assauts incessants contre les fondements des sociétés ouvertes.
Le patriotisme économique est l'expression d'une politique volontariste visant à tirer profit de la mondialisation pour que la France l'Europe n'en soient pas les victimes face aux pays émergents (la Chine et l'Inde, notamment). Il vise à accroître la compétivité de nos entreprises en mettant en place un dispositif de sécurité technologique, d'encouragement à l'innovation et de soutien à l'export. Le patriotisme économique impose pour cela une réforme sensible de nos élites politiques et économiques. Son mot d'ordre est simple : construire avec l'État une stratégie de développement et de sécurité économiques.
Les entreprises et les organisations évoluent dans des environnements de plus en plus instables et complexes, ce qui les amène à se confronter à des risques plus nombreux, souvent inédits, difficilement prévisibles, qui entravent la continuité de leurs activités et mettent à l'épreuve leur solidité quelle que soit leur taille. Face à l'imprévu et à l'impensable, la mise en oeuvre d'un dispositif global de gestion des crises est devenue indispensable : réaliser une cartographie des risques, établir une procédure de veille et de qualification de l'information, constituer une cellule de crise et organiser des simulations sont désormais des pratiques que tout manager ou dirigeant doit connaître. Pour préparer son entreprise à anticiper et résister aux « tempêtes », c'est bien un management du risque qu'il faut créer.
Depuis la fin de la guerre froide, les rapports de force entre les puissances s'articulent autour d'enjeux économiques. Les gouvernements de la planète, dans leur grande majorité, ne cherchent plus aujourd'hui à conquérir des terres ou à établir leur domination sur de nouvelles populations, mais à construire un potentiel industriel et une force de frappe commerciale capable d'apporter devises et emplois sur leur territoire. En parallèle, l'essor de la mondialisation a transformé la libre-concurrence « aimable », limitée et encadrée, en une « hypercompétition » généralisée.Quelles sont les raisons qui ont amené le monde vers cette guerre économique ? Sous quelles formes se manifeste-t-elle ? Quels acteurs fait-elle s'affronter ? Quelles conséquences peuvent en découler pour les nations, les collectivités, les organisations et les individus au XXIe siècle ? Et enfin, est-il possible d'inventer la « paix économique » ?Illustré par de nombreux exemples concrets de batailles économiques récentes, cet ouvrage propose une synthèse sur un concept né dans les années 1990 aux États-Unis, celui de « guerre économique ». Il propose une analyse des stratégies géoéconomiques actuelles.
Extrait
« Il en est des Etats comme d’un bâtiment qui navigue et comme d’une armée ; il faut de la froideur, de la modération, de la sagesse et de la raison dans les conceptions des ordres, commandements et lois, de l’énergie et de la vigueur dans leur exécution. » (Napoléon Bonaparte)
La puissance rêve de démocratie, mais la démocratie craint toujours les caricatures de la puissance qui nous révélèrent le visage glacé de la mort. Le XXe siècle a confondu le nationalisme, le totalitarisme et la volonté de façonner le destin national, c’est-à-dire ce que nous devons – sans angoisse idéologique – qualifier de recherche d’accroissement de puissance. Cette dernière ne se définit aucunement comme quête morbide de domination, projet d’hégémonie et d’extension territoriale ; elle s’affirme comme la mise en œuvre d’une projection souhaitable de l’avenir d’une collectivité humaine consciente d’elle-même. Pour incarner notre propos, il n’est de meilleur exemple que de citer l’ambition gaullienne d’une « certaine idée » de la France qui détermine précisément la politique de puissance patiemment construite par le Général de Gaulle de 1958 à 1969. Le choix de la « troisième voie », d’un chemin d’indépendance passant par une autonomie stratégique et un grand dessein industriel manifesta une conception spécifique de la puissance fondée sur la vieille idée – jaillie du fond de notre histoire – de la France « contre les empires ». Plus que jamais, cette option apparaît comme un choix d’avenir dans une époque qui démontre que les rapports de force géoéconomiques et sécuritaires planétaires, encastrés dans la mondialisation (qui n’a pas effacé les nations), imposent de ne pas choisir un camp.
Entre les Etats-Unis, la Chine, la Russie et quelques autres, le jeu de la puissance pour la France et l’Europe se confond avec l’espérance d’un gouvernement authentiquement démocratique et soucieux d’une scène internationale favorable aux libertés des nations et des individus. A cet égard, nous ne pouvons mieux dire qu’Emmanuel Todd dans L’illusion économique : « Au cœur de la crise, nous devons donc identifier un effondrement des croyances collectives, et particulièrement de l’idée de nation. Nous constatons, empiriquement, que l’effondrement de cet encadrement social et psychologique n’a pas mené à la libération et à l’épanouissement des individus mais au contraire à leur écrasement par un sentiment d’impuissance. Nous sommes ici au cœur du mystère humain. Toute croyance véritable, forte et structurante, est simultanément individuelle et collective, ainsi que le souligne le terme même de religion qui renvoie à une foi personnelle et à un lien social. Ce que démontre abondamment l’histoire de l’humanité, c’est que l’individu n’est fort que si sa collectivité est forte. Les grands de l’histoire, personnalités décrites et perçues comme exceptionnelles et exemplaires, s’appuient toujours sur des collectivités cohérentes [...]. Seul, et convaincu de sa solitude, l’individu se révèle incapable de croire réellement en la nécessité d’atteindre un objectif quelconque. C’est pourquoi le déclin des croyances collectives mène inexorablement à la chute de l’individu. Dans une telle ambiance peuvent émerger des dirigeants égarés, grégaires, mimétiques, assoiffés de reconnaissance plutôt que de réel pouvoir : simultanément incapables d’agir collectivement et d’exprimer des opinions individuelles »(1). Il est exact que l’on pourrait convoquer des contre-exemples, mais ils s’imposent précisément comme des exceptions.
S’inscrire dans cette logique libérale et humaniste – mais non naïve – de la puissance, suppose bien entendu de prendre au sérieux la posture stratégique. Qu’entendons-nous par là ? La conviction que la stratégie rend possible la puissance et que son absence réduit à néant les possibilités de développement et d’épanouissement global (matériel et culturel) d’une nation. Pour être encore plus précis, la poursuite d’une action finalisée en milieu conflictuel, qui caractérise la stratégie, forme le socle de tout projet politique. Revenir sur ce théorème de l’art d’organiser le bien commun, y renoncer systématiquement, conduit fatalement à la ruine et, parfois, au déshonneur, 1940 nous est témoin.
Or, il n’est pas certain que la France ait l’âme stratégique… Souvent dans son histoire, elle semble prouver un déficit de continuité dans le pilotage des affaires de l’Etat. Nul n’est besoin d’ailleurs de tenter de mettre en parallèle les mérites de la monarchie et ceux de la république. Les deux régimes laissent voir des carences stratégiques majeures : il suffit de citer la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV en 1685, et l’absence de réaction de la IIIe République face aux provocations répétées d’Hitler entre 1935 et 1939. Certes, on peut douter que de nombreux pays présentent un plus brillant bilan. Très près de nous, la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient depuis 2001 relève du pur désastre.
Il n’en reste pas moins que des facteurs critiques d’échec spécifiques placent la France dans une situation structurellement défavorable dès que l’on aborde le raisonnement stratégique en dehors de l’espace militaire. C’est en un sens tout le propos de la démarche intellectuelle du Général Vincent Desportes dans ses ouvrages successifs et dans La dernière bataille de France en particulier. En effet, l’inaptitude de nos dirigeants politiques à se projeter et à regarder au loin (sans se couper du réel) pose aujourd’hui une invincible difficulté.
Le présent texte s’enracine dans ce constat et explore l’hypothèse que c’est une véritable idéologie de l’impuissance, c’est-à-dire une culture, une construction mentale et une psychologie collective répandue au sein de nos élites, qui aiguise et rend chaque jour davantage problématique l’élaboration et la concrétisation opérationnelle quotidienne d’une stratégie de puissance française, condition fondamentale – de surcroît – d’une éventuelle cristallisation européenne de la dynamique de raisonnement stratégique.
Nous avons choisi de l’expliquer et de l’illustrer à travers trois cas concrets : l’obsession identitaire, la vassalisation vis-à-vis des Etats-Unis, et l’échec de la politique industrielle française depuis plus de 25 ans.
Chapitre I
Entreprendre et se développer en milieu hostile : le storytelling capitaliste du XXIe siècle
1. Darwin Business ! Innover et conquérir... ou périr
Le capitalisme n’est pas ce que croyaient les philosophes et les économistes écossais du XVIIIe siècle. Il diffère également des analyses qu’en construisaient les néoclassiques du XIXe. Quant aux libéraux du siècle dernier, ils semblaient pareillement à distance du réel des entreprises et du ressenti quotidien des salariés, des consommateurs et des citoyens. Tous ces théoriciens hyper-rationalistes du système capitaliste l’assimilèrent à une dynamique pacificatrice des rapports sociaux et des relations internationales. Toutefois, le commerce n’adoucit pas les mœurs... Il apporte certes le développement, il a permis sans aucun doute de sortir de la misère des générations entières depuis 1945, et en particulier – de nos jours – dans les pays émergents, mais il exige toujours d’être encadré et « challengé ».
D’abord contraint par les structures du monde ancien entre la Révolution française et la IIIe République (pour ce qui est du cas de la France), son échec à se stabiliser de manière autonome lors de la crise des années 30 conduisit les gouvernements occidentaux à édifier l’Etat keynésien dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La mort du monde soviétique et la mondialisation firent éclater cet équilibre entre libéralisme et socialisme. Désormais, il n’y a plus de contre-modèle autorisant à modérer les appétits d’un capitalisme financier excessivement carnassier, tandis que les pays émergents, Chine en tête, nous donnent des cauchemars.
Si vous êtes un entrepreneur, faire des affaires au XXIe siècle ne vous laisse pas le choix : se battre ou périr constitue la seule alternative imaginable ! Le capitalisme à l’heure de la mondialisation fabrique de la concurrence mécaniquement. Dans beaucoup de secteurs d’activité, le nombre d’acteurs capables de rivaliser pour conquérir le même marché se révèle impressionnant. Un opérateur chinois peut tenter de racheter une entreprise ou de s’imposer, par exemple, dans la vente d’électroménager ou des smartphones en produisant des conséquences en cascade, qui finiront par toucher les PME d’un territoire le plus reculé qui soit. L’immunisation concurrentielle n’existe plus. Dans les deux cas cités, il suffit de lire l’actualité récente pour s’en convaincre. Le 15 janvier 2016, General Electric annonça qu’il vendait son électroménager au groupe chinois Qingdao Haier (pour 5,4 milliards de dollars, soit 4,9 milliards d’euros). En septembre 2014, son intention était de céder cette activité à son concurrent suédois Electrolux : elle renonça début décembre en regard de l’opposition des autorités américaines de la concurrence. En juillet, le département américain de la justice avait incité la justice fédérale à interdire l’opération au motif qu’elle faciliterait des hausses de prix allant jusqu’à 5% en limitant la concurrence. Il rejeta ensuite en octobre une proposition de cession d’actifs soumise par Electrolux, notamment propriétaire des marques Frigidaire, Kenmore et Tappan.
Les sociétés de sécurité privée font désormais largement partie de notre quotidien : au bureau, dans les grandes surfaces, et même dans les services publics. Véritable tendance de fond, leur montée en puissance s'explique par de nombreux facteurs. Et si l'on évoque fréquemment la réduction du budget de l'État, il faut également souligner que les attentes de nos concitoyens en matière de sécurité s'accroissent chaque jour davantage. Les forces publiques ne pouvant suffire à l'ampleur de cette demande, l'offre privée s'est alors développée.
Face à cette évolution, la question n'est donc plus d'accepter ou de refuser une réalité qui s'est déjà imposée, mais de relever un défi hautement stratégique : construire une véritable coopération public/privé, une « chaîne de sécurité » adaptée et régulée par l'État. À travers l'action du CNAPS (Conseil national des activités privées de sécurité), de la DISP (Délégation interministérielle à la sécurité privée), ou via la réforme de la loi de 1983, des signaux forts traduisent la maturation du dialogue entre les professionnels et l'administration.
Des responsables publics, des juristes et des professionnels, tous acteurs clefs de l'univers de la sécurité privée, en éclairent ici les principales thématiques et lancent des pistes pour la structuration d'une activité sensible qui ne doit pas être abandonnée aux seules lois du marché.
L'intelligence économique est devenue un outil incontournable pour construire les stratégies des organisations.
Dans un monde d'hyperconcurrence, les savoir-faire de la veille, de la protection et de l'influence sont indispensables à la compétitivité.
Ce manuel explore les aspects théoriques et les enjeux opérationnels de l'intelligence éoconomique. Le cours est illustré par une dizaine d'études de cas et par de nombreux éclairages techniques.
Cette nouvelle édition prendra en compte les évolutions de la discipline et sera parfaitement à jour des pratiques actuelles.