Quel pouvoir réside dans la virginité ? Comment comprendre le concept de parthénos, qui peut à la fois désigner un adolescent, fille ou garçon, une jeune vierge à marier, une figure tragique ou une puissante déesse ? Et comment les destins d'Antigone, des Érinyes, de Blanche-Neige, de Susan Salmon - l'héroïne angélique du roman populaire d'Alice Sebold - et de Valentine - la jeune punk imaginée par Virginie Despentes - illustrent-ils la temporalité au coeur des idées véhiculées sur les jeunes filles depuis l'Antiquité ?
Au moment où plusieurs penseurs annoncent une crise mondiale des rites de passage de l'adolescence, cet essai réfléchit au discours occidental sur la virginité vue par la médecine, la loi, la littérature et la mythologie. Il montre que, loin de culminer avec la disparition du fantasme de la virginité, notre époque perpétue l'institution des filles dociles. L'auteure aborde les visages familiers de la victime angélique, de la vierge sacrée, des soeurs virales et s'attarde à l'image encore inexplorée de la jeune terroriste kamikaze en posant la question ultime : la littérature peut-elle sauver les vierges d'un destin morbide et sacrificiel ?
Ce dossier est né d'un désir de comprendre comment le syntagme « fille-s » se décline dans l'imaginaire littéraire contemporain au Québec à travers les articulations culturelles, esthétiques et politiques de la fille ou des filles mises en oeuvre dans la littérature depuis la fin des années 1980. Contrairement aux présuppositions tant théoriques, critiques que morales qui ont largement contribué à l'avancement et à la dissémination des études portant sur les configurations contemporaines de la littérature au Québec, très peu a été rapporté sur la place des filles face au « bouleversement énorme qui [allait] suivre[1] ». Or, il demeure important de reconnaître que « l'abolition de la distance qui sépare les femmes entre elles », celle qui se déploie implicitement ou explicitement dès la fin du xixe siècle chez les personnages de Laure Canon, de Germaine Guèvremont, d'Anne Hébert, de Gabrielle Roy, pour ne nommer que celles-ci, se matérialise nécessairement, affirme Patricia Smart, grâce à « la force des filles[2] ». Le cheminement intellectuel qui se donne à lire à travers ces figures s'élabore aussi dans d'autres études sur les filles au Québec - je pense notamment aux travaux de Martine Delvaux dont l'essai Les filles en série[3] a placé « les filles » à l'avant-scène de la réflexion féministe. Elle montre qu'il y a un effet « simultanément séduisant et anesthésiant d'une image sérielle qui s'offre à nous comme divertissement[4] ». Mais cet essai associe un éventail d'images (des Tiller Girls aux Barbie en passant par les Pussy Riot) pour mettre en relief le fait que ces représentations du corps féminin sériel ne peuvent être cantonnées à une lecture homogène. Le pouvoir de résistance et de rébellion des filles lors du printemps 2012 au Québec se donne à lire dans le fait qu'elles se sont mobilisées dans la rue, sur la ligne de front, en risquant d'encaisser les coups. La fille est une figure qui vit donc à l'heure actuelle une sorte de nouvelle vague sur le plan de l'imaginaire littéraire.
Omniprésent, l'humour se donne à toutes les sauces. Drapés dans la vertu, certains humoristes invoquent la liberté d'expression ou la tolérance pour tenir des propos parfois douteux. Plusieurs affirment haut et fort que l'humour est l'antidote aux dérives autoritaires et aux mensonges du pouvoir. D'autres encore riront de leur propre impuissance à changer quoi que ce soit aux mécanismes qui régissent la vie en société. Mais qu'en est-il réellement? Que peut l'humour lorsque la pensée néolibérale se glisse imperceptiblement dans le vocabulaire du citoyen, modifiant de ce fait son rapport au monde?
Ils occupent encore et toujours des postes de pouvoir, éructent sur toutes les tribunes. Ils sont ministres, présidents, animateurs, chanteurs... ils appartiennent aux sphères politique ou culturelle. Ces figures - qu'ils soient à la tête d'un pays ou d'une émission populaire - ont toujours ceci de commun qu'ils continuent de diviser. On est avec eux ou contre eux.