On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Eddy le sait. Pourtant il décide, trente ans après une première descente du Mississippi en canoë, de réitérer l'exploit. Mais cette fois ce n'est pas l'exploit qui l'intéresse. Il n'a rien a se prouver. Il veut juste prendre la mesure du temps écoulé. Eddy a changé, le fleuve a changé, le pays a changé. Quelque chose flotte dans l'air, prémices d'un changement radical. Descendre le cours mythique du Mississippi, c'est traverser les lieux emblématiques d'un passé plus violent que glorieux, et le regarder en face. S'interroger sur les peuples qui vivaient sur ces terres avant l'arrivée des Européens. Évoquer, au gré des rencontres, les actions humaines, bonnes ou mauvaises, sur le milieu naturel. Mais aussi se laisser porter par le hasard, les flots tantôt calmes, tantôt impétueux, et par le fil de pensées vagabondes.
Le Mississippi. Un fleuve mythique qui descend du lac Itasca dans le Minnesota jusqu'au golfe du Mexique, en passant par Saint-Louis et La Nouvelle-Orléans. Impétueux et dangereux, il charrie des poissons argentés, des branches d'arbres arrachées, des tonnes de boue, mais aussi l'histoire du pays et les rêves d'aventure de ses habitants. Nous sommes dans les années 1980 et Eddy, qui a 30 ans, décide de répondre à l'appel de l'Old Man River, de suivre en canoë son parcours fascinant pour sonder le coeur de l'Amérique et le sien, tout en prenant la mesure du racisme, lui qui ne s'est jamais vraiment vécu comme Noir. Un livre fondateur.
Harlem. Le seul bout de terre qui appartienne totalement aux Noirs d'Amérique. Pour le meilleur et pour le pire. Cela n'empêche pas le narrateur de cette extraordinaire chronique de retourner y vivre dans les années 1990. Et ce retour délibéré est le point de départ d'un voyage envoûtant dans le quotidien et dans l'histoire de ce quartier de New York qui s'effrite physiquement et moralement: les appartements délabrés, les trottoirs sordides, les sacs-poubelles pleins de rats, les enfants livrés à eux-mêmes. Mais aussi un quartier magique qui reflète l'identité d'un peuple en mal de reconnaissance. En somme, plus qu'un quartier : une inoubliable mère-patrie.
Tyrannique et terrifiant - au point d'être affublé du surnom de «Jupiter»! - mais aussi attachant, rigolard et fantasque, le grand Sam prend de la place. Mais, au fond, qui est-il, ce vieil homme noir sous sa casquette rouge? Et quelle terreur enfouie cache-t-il sous ses fanfaronnades ? C'est ce que son fils tente de découvrir à travers des bribes de récits authentiques et d'affabulations paternelles. En filigrane, au-delà de l'odyssée familiale, c'est l'histoire des Noirs américains qui apparaît, entre les sanglants dérapages de l'idéologie raciste et les petites humiliations du quotidien...