L'épidémie du sida, circonscrite il y a dix ans aux États-Unis, s'est étendue à l'Europe et à tous les continents. Les polémiques autour de la découverte du virus, et les divers scandales liés à la transfusion sanguine, mettent en évidence, à côté du drame humain et des enjeux médicaux, le poids des facteurs économiques dans la lutte contre le fléau. Denis-Clair Lambert évalue, à l'échelle internationale, les conséquences économiques du sida. Partant d'estimations pour 1991, il présente plusieurs hypothèses simulées pour la France, l'Europe, l'Amérique du Nord et le reste du monde. Le coût total : 290 milliards de francs en 1991 (2 % des dépenses mondiales de santé) serait porté, dans l'hypothèse optimiste, à 740 milliards de francs en l'an 2000, mais serait huit fois plus important dans l'hypothèse pessimiste (41 % des dépenses de santé !). Ce fardeau est, aujourd'hui, porté par les pays riches ; dans dix ans, les pays pauvres risquent d'en assumer plus du tiers ! L'impact économique le plus apparent de l'épidémie, est sa répercussion financière sur des systèmes de santé en crise : on se demande qui paiera... L'enjeu caché est celui des retombées de la prévention et de la recherche : comment se répartira le marché des produits anti-sida ? Dans cette perspective, Denis-Clair Lambert présente les marchés porteurs, les filières d'avenir et les firmes dominantes ; il s'interroge aussi sur les atouts de la France et de l'Europe face à l'Amérique et au Japon.
L'Amérique latine est souvent présentée, en France, comme l'illustration du sous-développement et non comme un exemple de concurrence des nouveaux pays industriels. La confusion entre sous-développement politique et économique, et l'identification de cette région à la pauvreté du Tiers Monde a favorisé la présentation d'un bilan d'échec généralisé.
La question posée ici, est de savoir si l'histoire économique et sociale de l'après-guerre confirme - ou non - le diagnostic de faillite. Quels sont les pays qui progressent, et ceux qui régressent ? Pour y répondre, la démarche utilisée est la construction d'un indicateur synthétique de développement. L'évolution des principaux indicateurs - économiques et sociaux - est retracée dans un guide statistique (1960-1980), présenté en seconde partie. L'enquête est limitée à 19 pays, car Cuba ne fournit pas les indicateurs économiques de base retenus.
Les principaux résultats de cette analyse sont les suivants :
- l'émergence du Brésil et du Mexique aux premiers rangs, contraste avec le recul de l'Argentine et de l'Uruguay. Les progrès convergents de la Colombie s'opposent aux régressions économiques et sociales du Pérou ;
- l'Amérique latine d'aujourd'hui est plus contrastée qu'en 1960 et, cependant, les écarts entre les nations ont diminué. La modification la plus inattendue est la constatation que les écarts sociaux entre nations, ont diminué plus vite que les écarts économiques ;
- la vulnérabilité accrue des grands pays, malgré la divergence des stratégies économiques, met en lumière l'échec des solutions gradualistes. Aussi, l'auteur propose des solutions de « choc » pour sortir de la crise.
D'Est en Ouest et du Nord au Sud, les observateurs curieux peuvent découvrir en franchissant les limites de l'espace national, les contrées du mimétisme technologique. L'identité nationale s'efface, alors que s'étendent des procédés, qui reproduisent des produits similaires. Le danger de l'asservissement technologique est à long terme celui de l'uniformisation des modes de vie. Le mimétisme technologique est identifié en trois dimensions : effets pervers du nationalisme économique, attraction des hautes densités économiques et méconnaissance des contraintes d'environnement. Ces tendances sont illustrées par de nombreux schémas et tableaux statistiques, présentant l'émergence des nouvelles puissances économiques et scientifiques. Le plaidoyer en faveur de techniques appropriées aux besoins de base de la population, aux contraintes d'environnement et au niveau de chômage découle de l'observation des échecs et demi-échecs du transfert des technologies avancées. La critique du « maximalisme technologique » du Moyen-Orient pétrolier ou celle de la « nationalisation technologique » [Algérie, Amérique Latine] est aujourd'hui illustrée par la déstabilisation et les ruptures du tiers-monde [révolution iranienne, atermoiements de la Chine, crise financière mexicaine] et celles des économies socialistes européennes [Pologne, Roumanie].
Un dictionnaire apportant une information de base sur l'organisation et le financement des systèmes de santé.
L'observation des expériences des États-Unis et de l'Europe, aussi différentes soient-elles, suggère deux questions concernant l'équité et l'efficacité : - La redistribution des revenus a-t-elle permis de résorber le chômage et la pauvreté ? - Les entreprises publiques et aides au secteur privé ont-elles soutenu la croissance et la modernisation ? Les retraits du dirigisme et de la protection sociale à l'Est comme à l'Ouest seront une adaptation longue et difficile. L'auteur propose une remise à plat de la Sécurité sociale et des interventions économiques fondées sur la hiérarchie des risques et le rétablissement de la concurrence.
Ce livre est le produit d'une constatation : aucun pays pauvre ne s'est arraché au sous-développement sans que la population ne rejoigne des normes sanitaires proches de celles de l'Occident ; mais il est également le produit d'une conviction : l'amélioration de la santé est une clé essentielle du développement économique. Quel a été le meilleur résultat en termes d'efficacité et d'équité : la Chine ou l'Inde, l'Argentine ou le Chili, la Tunisie ou l'Algérie, la Russie ou la Pologne ?