Se pourrait-il que la modernité artistique ne soit pas la rupture que l'on prétend? Qu'au-delà des bouleversements successifs de l'histoire de l'art, il y ait une continuité archéologique entre les empreintes de main de l'art pariétal et les expérimentations artistiques contemporaines? Nous n'en savons malheureusement pas grand-chose, sinon qu'aujourd'hui comme il y a 35 000 ans, les artistes se posent des questions. Ce livre en donne à voir quelques-unes; il met en scène des gestes, des attitudes, des discours, par lesquels les artistes affrontent les affres de cette vocation problématique. Il s'intéresse à la candeur et à la mauvaise foi de ces milliers de petits maîtres sensibles et téméraires. Il est enfin le fruit d'un émerveillement que l'on espère contagieux : en dépit de toutes les récupérations, et malgré la misère économique qui les pousse à vivre en marge d'un système qui ne les reconnaît jamais vraiment, il y a encore et toujours des artistes - ces bricoleurs bavards, jamais aussi nécessaires que lorsqu'ils sont parfaitement inutiles.
Tu vois ce que je veux dire ? » L'expression est banale. Plus qu'une vraie question, c'est un tic de langage, un lieu si commun qu'on ne l'entend plus. À l'autre, on demande de voir quelque chose que l'on veut dire, comme si ce basculement image/langage allait de soi. Cet écart entre le voir et le dire est le sujet principal de cet essai dans lequel Clément de Gaulejac propose de réfléchir au rôle de la figuration dans la production du sens. À partir d'une analyse du rapport souvent contrarié qui peut exister entre un discours et les images qui le soutiennent, l'auteur développe le concept de petite machine dialectique comme moteur de ses propres créations, mais également comme tactique artistique de critique sociale et politique.
Tu vois ce que je veux dire ? » L'expression est banale. Plus qu'une vraie question, c'est un tic de langage, un lieu si commun qu'on ne l'entend plus. À l'autre, on demande de voir quelque chose que l'on veut dire, comme si ce basculement image/langage allait de soi. Cet écart entre le voir et le dire est le sujet principal de cet essai dans lequel Clément de Gaulejac propose de réfléchir au rôle de la figuration dans la production du sens. À partir d'une analyse du rapport souvent contrarié qui peut exister entre un discours et les images qui le soutiennent, l'auteur développe le concept de petite machine dialectique comme moteur de ses propres créations, mais également comme tactique artistique de critique sociale et politique.
Au problème complexe des finances de l'État, il y aurait, nous dit-on, une réponse simple : couper, démanteler, réduire, détruire, restreindre. Devant la diminution de sa marge de manoeuvre politique, la réponse de notre gouvernement se résume ainsi à diminuer davantage cette marge de manoeuvre. Drôle de réflexe. Nous avons souhaité réfléchir à ce paradoxe dans le nouveau numéro de Liberté : au-delà de sa dimension économique, quelles sont les implications sociologiques, psychologiques et esthétiques de l'austérité ?
On n'accuse plus, en général, à tout le moins en Occident, les textes littéraires de dire des niaiseries, des menteries ou de propager des pensées, des pratiques douteuses, immorales, délirantes et puantes. On les réduit à une facette de l'industrie du livre, elle-même facette de l'industrie culturelle, elle-même facette de l'industrie tout court. C'est encore plus efficace. Mettre un texte à l'index peut s'avérer contre-productif et contraire au résultat visé; l'ostraciser, c'est parfois susciter à son égard tantôt un peu de désir, tantôt beaucoup de curiosité. C'est aussi lui donner du poids, de la considération. C'est, bref, le prendre au sérieux.
C'est peut-être bien là que se situe l'innovation des temps présents dans notre façon d'être désemparés devant la littérature. Celle-ci, comme tout ce qui relève du sensible et du sens, est désormais inconcevable. C'est tout de suite éclatant dans l'attention de plus en plus moribonde que notre ministère de l'Éducation lui accorde. C'est également tonitruant dans la façon dont la plupart des médias en font état.
On n'accuse plus, en général, à tout le moins en Occident, les textes littéraires de dire des niaiseries, des menteries ou de propager des pensées, des pratiques douteuses, immorales, délirantes et puantes. On les réduit à une facette de l'industrie du livre, elle-même facette de l'industrie culturelle, elle-même facette de l'industrie tout court. C'est encore plus efficace. Mettre un texte à l'index peut s'avérer contre-productif et contraire au résultat visé; l'ostraciser, c'est parfois susciter à son égard tantôt un peu de désir, tantôt beaucoup de curiosité. C'est aussi lui donner du poids, de la considération. C'est, bref, le prendre au sérieux.
C'est peut-être bien là que se situe l'innovation des temps présents dans notre façon d'être désemparés devant la littérature. Celle-ci, comme tout ce qui relève du sensible et du sens, est désormais inconcevable. C'est tout de suite éclatant dans l'attention de plus en plus moribonde que notre ministère de l'Éducation lui accorde. C'est également tonitruant dans la façon dont la plupart des médias en font état.
Ils occupent encore et toujours des postes de pouvoir, éructent sur toutes les tribunes. Ils sont ministres, présidents, animateurs, chanteurs... ils appartiennent aux sphères politique ou culturelle. Ces figures - qu'ils soient à la tête d'un pays ou d'une émission populaire - ont toujours ceci de commun qu'ils continuent de diviser. On est avec eux ou contre eux.