Le socialisme n'a pas pour fin de changer le monde. Il a pour fin de le rendre meilleur, sans s'interdire le recours aux techniques qui, manipulées ou monopolisées des siècles durant par le pouvoir capitaliste bourgeois, lui ont permis d'assurer sa longue prépondérance. La révolution avait besoin de savants, on l'a appris un peu tard. Qui oserait dire maintenant qu'elle n'a pas besoin de techniciens avertis, de gestionnaires compétents, d'organisateurs inventifs ? On ne le prétend plus ni à Shanghaï, ni à Alger, ni à La Havane. Claude Neuschwander, combinant les vertus apparemment antithétiques d'un cadre type de la société de consommation et d'un militant socialiste, a assumé la tâche écrasante de relancer, au plan patronal, l'affaire que les salariés de Lip avaient sauvée par leur courage et leur imagination exemplaires. Il pose ici, par ses propos comme il l'a fait par son action, un problème essentiel de notre temps : en régime capitaliste, un patron détenteur du pouvoir mais non du capital de l'entreprise, peut-il servir la cause de l'évolution vers le socialisme en donnant crédibilité et compétitivité à une entreprise sauvée par une initiative ouvrière ? Les techniques de gestion et de commercialisation qui ont fait la force du système capitaliste peuvent-elles être mises, sans la compromettre et la « récupérer », au service d'une entreprise telle que Lip ? L'homme qui prétend le prouver - et a commencé à le faire, sur le terrain - est-il l'allié ou l'adversaire objectif des travailleurs qui ont accepté son autorité ? Tel est le sujet du passionnant dialogue qui s'est instauré entre Claude Neuschwander et Bernard Guetta.
La loi du 2 mars 1982 permet enfin aux collectivités locales d'intervenir largement dans le domaine économique. Aujourd'hui, la bataille de l'emploi dépend plus des initiatives locales que des décisions centralisées. Les élus locaux jouent désormais un rôle déterminant d'impulsion et de carrefour des volontés pour sauver et créer des activités économiques génératrices d'emplois. Dépasser certaines attitudes antérieures à la crise, mieux maîtriser les outils d'analyse et d'action économique : ce livre apporte une documentation, des exemples, une méthode pour aider les collectivités à savoir jouer leur rôle d'agent économique local, à réanimer des entreprises en difficulté, à créer des activités nouvelles et plus largement à replacer l'ensemble de leurs actions dans une stratégie de développement.
La démocratie est en péril : elle est menacée par le développement généralisé d'un libéralisme « ultra », sans foi ni loi. Face aux profondes mutations des sociétés contemporaines, les institutions et les élites semblent devenues incapables de trouver les réponses adaptées. En même temps, les thèses libérales envahissent l'ensemble de la société, après avoir pris le contrôle de l'économie. D'où une exacerbation des individualismes, une dictature larvée du court terme et des effets de médiatisation. Du coup, l'équilibre séculaire entre l'économique et le social s'est rompu. Comment retrouver les bases d'un humanisme qui reconnaisse la place de l'homme au coeur de la société ? Comment rendre à la République le fonctionnement d'une démocratie réelle, activement voulue et animée par des citoyens conscients et responsables ? L'intérêt de l'ouvrage de Alain Girard et Claude Neuschwander est d'abord d'étudier, ce qui est rarement fait, les effets proprement politiques de la crise économique et des évolutions idéologiques qui l'accompagnent : les auteurs en proposent une vision synthétique qui sera très utile à tous ceux que déçoivent les analyses contradictoires des responsables politiques et des médias. Mais ils ne s'en tiennent pas à ce constat, et ils explorent avec conviction les voies d'un renouveau : ils montrent que des voies d'action concrète s'offrent aujourd'hui, en dehors des circuits politiques classiques, aux citoyens qui ne se résignent pas à l'impuissance.