" Tous deux étaient fort nobles ; on les disait parmi les plus beaux garçons de Milan ; ils n'avaient pas vingt ans. L'un se nommait Gianfranco Chiggi ; l'autre Alessandro Tosca. Ils étaient amis. Ils se disaient frères. On les savait inséparables. "
Dans l'Italie de 1713 récemment conquise par les Habsbourg, ils ne pensent qu'à se divertir. Insouciants et volages, ils connaissent leurs premières passions amoureuses, communient dans la frivolité, menant une existence tapageuse et dépensière, profitant des moindres instants. S'ils se sont juré fidélité, c'est pourtant une femme qui va les séparer. Mais les années qui passent et les exils successifs ne leur feront jamais oublier cette amitié plus forte que tout. Un jour viendra l'heure de la dernière visite.
Le premier roman de Christian Pernath, oeuvre rare et intemporelle dont l'élégance et la sobriété révèlent un grand auteur.
« Le verre liquide enrobe l'extrémité de la canne comme une grosse goutte de miel rose très épais, comme une gelée de fruits en train de prendre. L'attention de Séraphin est maintenant rivée là-dessus et il salive. Un filet de bave coule de sa bouche ouverte. Et c'est vrai que cela donne immédiatement l'idée d'une chose extrêmement douce et sucrée, et que cette belle lisseur épaisse donne envie d'y mordre. »
De l'ange, il a le prénom, mais aussi la grâce. Séraphin, qui à dix ans sait à peine parler, porte en lui un silence plus étourdissant encore que le fracas du verre, une force muette et opaque dont il semble prisonnier.
Un roman fascinant hanté par ce personnage d'enfant dont la présence silencieuse et magique suffit à remettre en question le monde et les hommes qu'il rencontre.
Bélouard est vétérinaire dans un bourg près de Nantes. Solitaire, décalé, sceptique et malheureux. Quand survient un fait divers sanglant dans une ferme voisine : une famille atrocement assassinée. Bélouard, en âme errante qui semble ne plus croire en rien mais connaît toutes les vies minuscules des gens ordinaires, en devient malgré lui l'improbable justicier.
À la fois chronique villageoise et « policier rural », Un matin de juin comme les autres est avant tout un regard porté sur la misère humaine, drame passionnel ou solitude abyssale que le silence recouvre. Christian Pernath sait à merveille rendre ce climat fait de tension muette, de rumeurs et d'incrédulité... quand la violence fait effraction dans une province apparemment paisible.