L'ouvrage est la version abrégée d'une thèse de doctorat d'histoire dont le projet de recherche était de contribuer à l'histoire maritime du xixe siècle à partir de l'observatoire particulier que constitue Calais, port secondaire dans l'ensemble français mais maillon essentiel sur la route de Paris à Londres. A cette fin, l'auteur analyse l'extension des infrastructures et des équipements du port ainsi que l'intensification des échanges entre 1814 et 1914, dans la perspective des rapports entre le port et la ville. Les mutations technologiques et les fluctuations dues à la concurrence dans le passage transmanche rythment l'histoire du port de Calais au xixe siècle tandis que l'activité urbaine est bouleversée très tôt par la naturalisation de l'industrie anglaise des tulles et dentelles mécaniques qui transforment Calais et Saint-Pierre en « Nottingham français » dès le milieu du siècle. Le passage des voyageurs est la fonction essentielle du port et, comme de nos jours, elle a tendance à accaparer les autres activités maritimes à moyenne et longue portée, pêche, cabotage et navigation au long-cours, qui se développent dans des proportions plus importantes dans les ports voisins de Boulogne-sur-Mer et Dunkerque. Mais Calais demeure, à la différence d'autres ports, indispensable au système des échanges européens en tant que « ville-pont » et à la défense nationale comme place de guerre de premier ordre. Ces caractères très particuliers expliquent que l'industrialisation qui transforme Saint-Pierre en grand centre textile sous le Second Empire ne soit pas parvenue à enrayer le développement des infrastructures du port avec les grands travaux du Plan Freycinet. Ils justifient en tous cas la longue résistance de « Calais Nord » à entrer dans une nouvelle agglomération. La réunion des deux communes en 1885 consacre l'équation calaisienne qui semble tenir en ces termes : une ville industrielle anglaise contiguë à un port de passage d'envergure européenne, mais sans armateurs et sans activité halieutique notable.
L'histoire des ports peut être renouvelée à travers l'usage du concept de résilience. Il désigne la capacité d'un système social à s'adapter de manière proactive et à se remettre de perturbations majeures. Face à la nécessité vitale de maîtriser des flux ou des ressources, de se faire une place dans les échanges, le port s'insère dans un environnement juridique et technique dicté par des facteurs exogènes, des enjeux géostratégiques, des politiques étatiques et la pression des usagers. Mais quelles sont exactement les modalités du « rebond résiliant » qui doit assurer un retour à la normale après une crise et quel est le temps nécessaire à cela ? Plusieurs exemples sont étudiés du xvie siècle à aujourd'hui, de Gênes à Bilbao, du Havre aux ports de l'Andalousie : leurs temporalités, les conditions de leur élaboration, les modes d'action qu'elles exigent, mais aussi l'ensemble des représentations relevant du rapport au changement et les imaginaires dont elles se nourrissent.
Ces contributions traitent de l'histoire navale et maritime de l'antiquité romaine à la période contemporaine. Transgressant la frontière entre marine de guerre et de commerce, P. Villiers a ensuite mené des travaux sur l'archéologie du vaisseau de guerre à l'âge classique, la bataille navale, les dynamiques portuaires, le commerce colonial et la traite des esclaves, les convois atlantiques et la guerre de course, sans oublier la marine de Loire.