supposition
si un homme voyage à cheval sur une grande distance, dans un effort lucide et conscient d'annuler le temps et de revenir à cette époque où l'humanité ne pouvait faire autrement ;
si, tout à coup, par un effet de la lumière, du temps ou de la distance, il en arrive à un certain état de sérénité, tout en étant tout à fait conscient que cet état dépend de la vitesse ;
maintenant, si nous compliquons les choses et accordons à cet homme le moyen de s'élever au-dessus de la petitesse et du commun de sa condition pour voir le monde en surface ou dans son étendue ;
si, en poussant le raisonnement jusqu'à l'absurde, nous supposons que cet homme ait aussi le pouvoir de se téléporter jusqu'aux étoiles ou simplement dans le temps,
dans ces conditions optimales et dégagées de toutes contraintes, est-il possible de prévoir si le bleu du ciel en sera modifié, ou le vert des arbres dans ces forêts mystérieuses où il anticipait malgré lui tous ces déplacements ; et
en présumant que son voyage se passe bien, se souviendra-t-il des sensations partagées avec les animaux, des fleurs et du chant des oiseaux ou, sur sa peau, des mystères du vent qui efface toute chose ou de l'eau qui donne sa raison d'être à la soif ?
À compter de janvier 2014, et ce jusqu'à la fin de l'année, les Éditions Prise de parole publieront, au rythme d'un par mois, les douze ouvrages de la série «Autoportrait» de l'auteur acadien bien connu, Herménégilde Chiasson. Les titres, par ordre de parution, sont : «HistoireS»; «EspaceS», «RefrainS»; «MotS»; «ÉnigmeS»; «NostalgieS»; «ÉmotionS»; «GesteS»; «IdentitéS»; «LectureS»; «DécoupageS» ; «ExcuseS».
Chaque ouvrage compte 48 pages exactement, et répond à une contrainte particulière.
De ce projet inusité, l'auteur dit « [...] l'armature du texte était de prendre mon nom, qui a douze lettres, de le décomposer sur douze mois. Douze, c'est un chiffre mystique aussi [...]. » À l'image de l'oeuvre que bâtit ce grand créateur depuis 40 ans, «Autoportrait» nous convie à une aventure profondément originale, protéiforme, qui s'inscrit dans sa manière sans cesse renouvelée de faire l'inventaire des choses autour de lui, même les plus banales, en vue d'en faire rejaillir la grâce, l'émouvante beauté.