À l'automne 2013, au moment de la controversée Charte des valeurs visant à interdire aux fonctionnaires le port de signes religieux dits ostentatoires, des femmes et des féministes se sont organisées. Pendant que certaines se regroupaient sous des bannières faisant de la laïcité la seule garante de l'égalité des sexes, des féministes se sont saisies d'espaces de parole alternatifs pour dénoncer le déni des droits fondamentaux et la stigmatisation des femmes issues de minorités.
Si l'analyse des intersections entre racisme et sexisme fait partie intégrante du champ des études féministes depuis la fin des années 1960, le contexte politique récent ramène à l'avant-plan ces questions difficiles et nous force à les revoir sous un éclairage nouveau. Qui est le sujet-femme dont parle le féminisme? Qui fait partie de ce «Nous» et quelles femmes en sont implicitement tenues à la marge? Est-ce que les revendications au coeur du féminisme actuel représentent bien les préoccupations profondes des femmes minorisées, racisées? Compte tenu de l'effervescence que connaît le féminisme ces derniers temps, il était devenu incontournable de rassembler dans un même ouvrage ces réflexions sur le thème des femmes racisées, une première dans le monde francophone.
Avec des textes de Leïla Benhadjoudja, Sonia Ben Soltane, Ryoa Chung, Julie Cunningham, Naïma Hamrouni, Gaëlle Kingué Élonguélé, Chantal Maillé, Ida Ngueng Feze, Geneviève Pagé, Sandrine Ricci, Karine Rosso et Diahara Traoré. Avec la participation de Alia Al-Saji, Alexa Conradi, Viviane Michel, Maria Nengeh Mensah et Geneviève Rail.
Anxieties over the Islamic face covering and over the proper management of otherness in liberal democracies seem to have reached a new peak with the introduction of legislation banning the burka in France and Belgium, and recent proposals for similar statutes in Quebec. What assumptions are contained within Western secularism and revealed in these attempts at legislating women's religious clothing? This book presents a collection of essays which take secularism/laïcité and the regulation of public expressions of religious commitment as their points of departure, exploring the issues these raise within society with a view informing the public debate and reflecting on the nature of citizenship. Is democracy well served when the terms and conditions of citizenship are defined beforehand by a given group and when these terms are presented as non-negotiable and unchangeable? Revealing Democracy sheds light on the ways in which liberal states address and cope with the challenges of diversity and otherness and documents how processes of domination may be internalized and reflected in discourses on secularism and religion. It compels us to look without complacency at the limitations of liberal democratic citizenship and reflect on the inability of state policies to curb racism and entrenched patterns of Eurocentric social domination.
L'origine militante de la perspective intersectionnelle est désormais connue (Bilge, 2010 : 47 ; Jaunait et Chauvin, 2013 : 286) et c'est au courant le plus radical du féminisme africain américain de la fin des années 1970 (Dorlin, 2012 : 13) que l'on doit d'avoir impulsé une véritable rupture au sein de la théorie critique en mettant en exergue « l'imbrication » des différents systèmes d'oppression (Combahee River Collective, 2000). Si celle-ci était déjà au coeur des revendications des militantes abolitionnistes du milieu du dix-neuvième siècle, en témoigne le fameux discours de Sojourner Truth[2], ce n'est qu'à partir des années 1980 que la nécessité de penser cette « imbrication » parvient à s'imposer dans le milieu universitaire. Les pionnières (Rich, 1979 ; Davis, 1981 ; hooks, 1981 ; Hull et al., 1982) soulignent alors notamment le dilemme politique auquel les féministes noires se trouvent de facto confrontées en raison de la tendance prédominante à la mise en concurrence des luttes féministes et antiracistes, tout en pointant le racisme des unes et le sexisme des autres. Concrètement, et pour le dire comme bell hooks[3]
Quatre essais portant sur quelques-unes des plus grandes figures de l'indépendantisme du Québec sont à l'honneur dans ce numéro. Tout d'abord, le livre de Victor Lévy-Beaulieu sur Jacques Parizeau propose un « nécessaire recueillement » après le décès de celui-ci en 2015. Puis, Martin David-Blais nous explique comment l'essai de Laurent Duval intitulé Le mythe de René Lévesque risque un « déboulonnage raté ». Les essais de Claude Cardinal sur l'histoire du RIN et de Martine Tremblay sur celle du Bloc Québécois sont aussi recensés dans cette édition. D'autres ouvrages se regroupent sous la thématique de l'héritage, comme par exemple Pratiques et discours de la contreculture au Québec de Jean-Philippe Warren et Andrée Fortin et Google Goulag. Nouveaux essais de littérature appliquée de Jean Larose, tandis que d'autres explorent le thème de « La foi en guerre », avec notamment L'islam dévoilé de Claude Simard et La fabrique du djihad. Radicalisation et terrorisme au Canada de Stéphane Berthomet.