Il y a près d'un siècle, le belgo-allemand Silvio Gesell imagine une théorie monétaire extraordinaire : la monnaie fondante. Selon lui, il faut donner une date de péremption à la monnaie pour forcer sa circulation, puisqu'un billet thésaurisé perd irrémédiablement et progressivement sa valeur. Selon lui, la monnaie thésaurisée devait « rouiller », comme si elle subissait un pourcentage d'usure. Il préconise un estampillage d'un millième par semaine, ce qui correspond à un taux d'intérêt négatif de 5,2 % par an. Ce prélèvement favoriserait la rotation de l'économie et la mise à l'emploi.
L'idée de Silvio Gesell semble lointaine, car cachée dans la pénombre de l'économie qui a précédé le déploiement du néo-libéralisme. Sa théorie, certes imparfaite, ne fut jamais déployée à large échelle et pourtant elle interpelle les plus éminents économistes du XXe siècle, dont John Maynard Keynes qui qualifia Silvio Gesell de « prophète étrange et illégitimement négligé » et ajouta « l'avenir apprendra plus de Gesell que de Karl Marx ». Irving Fisher avança que « le système de circulation monétaire proposé par Gesell libérera le pays de la crise économique en deux ou trois semaines ». Et enfin, selon Albert Einstein, la création d'une monnaie inthésaurisable conduirait à l'accumulation de la propriété sous une forme nouvelle et plus substantielle.
Nous ne sommes plus très loin de la monnaie fondante puisque l'épargne européenne n'est plus rémunérée alors qu'elle est rongée par l'inflation qui approche ce seuil fatidique de... 5,2 %.
En moins de quarante ans, le capitalisme anglo-saxon s'est engouffré dans nos communautés européennes.
Chaque jour, la mondialisation et la révolution de la d igitalisation amplifient la prédominance de cette sphère marchande.
Aujourd'hui, les États européens sont écartelés entre des engagements sociaux impayables et des marchés qui leur échappent. Certains États-providence européens ont été financés par l'endettement public alors qu'ils ont désormais perdu leur souveraineté budgétaire et monétaire dans la zone euro.
Des courants populistes rejettent les dirigeants qui n'ont pas protégé leur population vieillissante contre ces forces de marché. Ces populismes, relayés par les réseaux sociaux et radicalisés par des embrasements politiques, pourraient fissurer le modèle social-démocrate européen et conduire à des chocs sociaux et politiques d'une envergure désespérante.
Cet essai replace ces évolutions dans la longue histoire du capitalisme et, plus spécifiquement, dans le sillage de la révolution néolibérale des années 1980 dont nous ressentons désormais le ressac social. Il constitue un avertissement avec un message clair : le sauvetage de la tempérance politique européenne doit impérativement passer par la réhabilitation d'États stratèges et par un projet européen stabilisé par de nouveaux équilibres sociaux et fiscaux. Il s'impose désormais de subordonner toute décision politique à l'intérêt général et au bien-être des futures générations dans un esprit de solidarité et dans le respect d'une concertation sociale et écologique.
L'euro n'est pas une monnaie spontanée mais l'aboutissement d'un rapport de forces nationales découlant de la réunification allemande. Si les premières années de cette monnaie, introduite en 1999, furent baignées dans un contexte économique favorable, la crise bancaire de 2008 et la banqueroute grecque en dévoilèrent les failles.
L'euro n'est plus porté par un élan politique commun parce que la différence de croissance entre les pays européens s'accroît et que la prospérité n'est plus partagée.
L'euro n'a pas apporté suffisamment d'intégration politique et de croissance. Cette monnaie pourrait susciter son propre sabordage si sa gestion n'est pas repensée dans le sens d'une plus grande solidarité financière et d'une compréhension socio-politique accrue des différents États-membres.
Plus que jamais, la perpétuation de l'euro repose sur le fragile équilibre de l'axe franco-allemand. Sans sursaut moral et une action politique décisive, un fait politique pourrait conduire à une sécession monétaire ou, pire, déclarer un véritable schisme qui mettrait fin à une des plus stupéfiantes expériences de l'histoire des monnaies.
Ce livre, dont le Président Van Rompuy, a commis la contre-préface, transporte un avertissement et un espoir.
Auteur :
Bruno Colmant est Docteur en Economie Appliquée et membre de l'Académie royale de Belgique. Il enseigne, entre autres, à l'Université Libre de Bruxelles, à l'Université Catholique de Louvain, à Vlerick Business School et à la Luxembourg School of Finance. Il est l'économiste en chef de la banque privée Degroof-Petercam.
La sphère marchande, désormais mondialisée et digitalisée, entre en violente collision avec les politiques de nombreux pays européens. En effet, le néo-libéralisme américain apporte une incontestable croissance économique et une extraordinaire élévation du niveau de vie. Il exige cependant une mobilité parfaite et une individualisation du travail.
En revanche, les États-providences européens furent bâtis, à l'opposé du néo-libéralisme, sur la stabilité et la solidarité du travail. L'euro lui-même est fondé sur ce même postulat, non encore vérifié, de l'amplification de la mobilité du travail.
Il pourrait en résulter une conflagration socio-économique dont les premières détonations sont aujourd'hui audibles. Sans une refondation de nos orientations politiques européennes, la rancoeur sociale pourrait gravement s'amplifier.
Il faut rebâtir l'efficacité stratégique des États européens. S'il existe des périodes politiques, il faut désormais un temps étatique.
2019, l'année de tous les périls politiques.
Dette publique, déflation et risques sociaux : regard d'un économiste
Ce recueil de chroniques rédigées entre les printemps 2015 et 2016 aborde différents thèmes économiques et sociétaux. Le lecteur n'y trouvera que de fugaces intuitions offertes à la critique.
Il y a néanmoins une transversalité à ces contributions : c'est la conviction que cette crise n'est plus souveraine ni monétaire. Elle porte sur l'exercice des États, écartelés entre des entreprises mondiales et versatiles, et des dettes publiques dont la stabilité de l'expression monétaire et le refinancement sont les garants de l'ordre social. Nos politiques sont étatico-nationales alors que le marché est universel.
Dans les prochaines années, le débat idéologique portera sur le dialogue entre l'État et le marché, entre la collectivité et l'individu, et entre la dette publique et la propriété privée. Certains exigeront une étatisation croissante, voire généralisée, de l'économie, pour maintenir l'ordre social. D'autres argumenteront que cette voie conduirait à désertifier toute initiative spontanée. Les insoutenables dettes publiques entraîneront la question de l'opposition sociale. La monnaie et la dette publique, qui représentent des passifs étatiques fondés sur la stabilité de la configuration politique, verront leur équilibre engagé.
Nos temps révèlent la fin d'un modèle. La fin d'un modèle de complaisance, de manque de vision et de déficit de perspectives. Faute de regarder le futur sans cligner des yeux, celui-ci risque de se rappeler au souvenir d'années sombres.
Bruno Colmant, en s'appuyant sur l'actualité, nous fait un bilan assez sombre de l'avenir de l'économie belge et de l'économie dans son sens global.
EXTRAIT
Souvent, je m'interroge sur la trajectoire de nos communautés. Nos sociétés vieillissent mal. Pétries de certitudes géographiques et centrées sur un tropisme européen, elles ne réalisent pas que le monde s'est étendu dans les azimuts verticaux. Nous sommes imprégnés d'une suprématie civilisationnelle des années industrielles, mais la croissance s'est encourue. Et comme nous vieillissons, la jeunesse n'exerce pas cette nécessaire force de rappel.
La crise de 2008 fut un signe majeur : elle signifia la fin d'un monde de rentiers d'idées.
Mais cette crise n'est qu'une expression accessoire. De profonds chocs socio-politiques sont proches parce que nous n'arriverons plus à assurer la cohésion et la mixité sociales.
A PROPOS DE L'AUTEUR
Bruno Colmant est Ingénieur et Docteur en sciences de gestion de l'École de Commerce Solvay (ULB) et titulaire d'un Master of Science de Purdue University (Krannert School of Management, États-Unis). Auteur de plus de soixante ouvrages, il enseigne l'économie appliquée et la finance dans plusieurs universités belges et étrangères. Il est membre de l'Académie royale de Belgique.
A PROPOS DES ÉDITIONS ANTHEMIS
Anthemis est une maison d'édition spécialisée dans l'édition professionnelle, soucieuse de mettre à la disposition du plus grand nombre de praticiens des ouvrages de qualité. Elle s'adresse à tous les professionnels qui ont besoin d'une information fiable en droit, en économie ou en médecine.
Imaginé en 1933, le Plan de Chicago visait à combattre la grande déflation américaine par une nationalisation de la monnaie. Il s'agissait d'en retirer la prérogative de création aux banques privées pour que la seule monnaie soit produite par la banque centrale. Armageddon financier pour les uns, restauration du privilège régalien de battre monnaie pour certains et prélude aux crypto-monnaies étatiques pour les autres, l'application de ce Plan aurait été la plus stupéfiante révolution monétaire de tous les temps. Son spectre flotte toujours sur le système financier mondial.
Membre de l'Académie royale de Belgique, Bruno Colmant est docteur en économie appliquée (ULB) et titulaire d'un M.Sc. (Purdue University, États-Unis). Il enseigne la finance appliquée dans plusieurs universités belges et étrangères.
La crise a mis à vif les déséquilibres économiques de nos sociétés européennes. Les prochaines années auront un parfum de crépuscule car l'État-providence risque de devoir se transformer en État-banquier. Il devra aussi reformuler ses propres systèmes sociaux. Nos communautés traverseront donc un profond changement de modèle, touchant à la trame de nos valeurs collectives.
Ceci ramène à un des grands défis de nos communautés européennes : la répartition des richesses, c'est-à-dire l'alignement des intérêts privés et des bénéfices sociaux. Cet opuscule rassemble des questionnements et des intuitions relatifs à la crise économique contemporaine, et plus particulièrement à l'endettement public, à l'impôt et à la monnaie qui formulent conjointement la représentation de l'État.
Bruno Colmant est Docteur en Économie Appliquée (ULB). Il enseigne la finance appliquée et l'économie dans plusieurs institutions universitaires belges (Solvay Business School, Louvain School of Management et Vlerick Business School) et étrangères. Il est membre de la Classe Technologie et Société de l'Académie royale de Belgique
L'origine étymologique latine du mot « monnaie » corres- pond au verbe monere, qu'on traduit par « avertir ». La monnaie ramène aussi au temple de la Moneta où les pièces étaient frappées à Rome. La légende véhicule que ce temple, dédié au culte de Junon, archétype de la mère cosmique et déesse de la fécondité et de la reproduction, fut bâti à l'endroit où les oies du Capitole, qui prévinrent de l'inva- sion de Rome par les Gaulois au quatrième siècle avant Jésus-Christ, étaient parquées. Junon reçut le surnom de Moneta (qui « avertit ») car elle aurait averti les Romains d'un tremblement de terre.
La question monétaire se ramène peut-être à cette interrogation sémantique : de quel cataclysme la monnaie, ultime convention socio-étatique, avertit-elle, tandis que sa circulation et sa fécondité sont conditionnées par sa propre reproduction ? Cet opuscule rassemble plusieurs textes concernant cette interrogation.
Bruno Colmant est ingénieur commercial et Docteur en Sciences de Gestion. Il enseigne l'économie appliquée dans plusieurs institutions universitaires belges et étrangères. Il est membre de la Classe de Technologie et Société de l'Académie royale de Belgique.
Les Éditions Anthemis vous proposent un outil complet pour comprendre l'évolution économique en 2016.
Ce court recueil rassemble quelques textes publiés dans la presse belge et française au cours de l'année 2016. Les contributions émanent d'observations de l'économie ou des événements qui affectent nos communautés.
Quels que soient les thèmes traités, les textes restituent une intuition de basculements, comme si la torpeur d'années nonchalantes allait être déchirée par des phénomènes inattendus. Un monde ancien, vieillissant et épuisé, s'effondre. Ce monde est celui de l'insouciance et du vain espoir que les certitudes soutiennent le futur.
En Belgique, les sinistres attentats terroristes ont révélé l'exténuation morale du Royaume. Ces événements, loin d'être isolés, s'inscrivent dans une cinétique de bouleversements du monde dont nous n'avons pas pris toute la mesure, car les équilibres géopolitiques se modifient. Ces confusions s'inscrivent elles-mêmes dans d'importantes turbulences économiques : la crise de 2008 a laissé de profondes cicatrices, tandis que le vieillissement de la population, combiné aux révolutions de la numérisation, va modifier la sphère des comportements économiques.
Il importe désormais que l'agencement politique promeuve la cohésion sociale et l'espérance dans un monde où les bouleversements sont trop nombreux pour pouvoir être compris et intégrés par une population inquiète et désemparée. Notre pays a besoin de concentration, de concertation, d'alignement et de promotion de valeurs vertueuses qu'on pourrait englober sous le vocable de "patriotisme". Il faut que la critique soit orientée vers une confiance nationale.
L'Histoire nous donne un avertissement : si l'avenir n'appelle pas des hommes de caractère alimentant les ferments d'un resserrement moral et intellectuel, il trahira les promesses que nous lui avons confiées.
Un ouvrage écrit par des professionnels, pour des professionnels.
À PROPOS DES ÉDITIONS ANTHEMIS
Anthemis est une maison d'édition spécialisée dans l'édition professionnelle, soucieuse de mettre à la disposition du plus grand nombre de praticiens des ouvrages de qualité. Elle s'adresse à tous les professionnels qui ont besoin d'une information fiable en droit, en économie ou en médecine.
Comme la vapeur dégagée par un fer rouge plongé dans l'eau, la crise des années 2007-2013 constitue une immersion brutale dans le capitalisme anglo-saxon. Nos communautés latines traversent un profond changement de modèle touchant à la trame de leurs valeurs collectives. Serait-il envisageable qu'un filigrane réformé se dessine encore derrière ce modèle économique anglo-saxon que nous peinons à appréhender ? Les pratiques pastorales influenceraient-elles encore les prédispositions mentales par rapport à l'économie de marché ? Il n'est pas impossible que nos communautés latines, pourtant sécularisées, subissent aujourd'hui de lointains effets collatéraux de la Réforme qui les avait épargnées au XVIe siècle. Cette réflexion approfondit la thèse séminale de Max Weber à l'aune de la finance moderne.
Bruno Colmant est ingénieur commercial et Docteur en Sciences de Gestion. Il enseigne l'économie appliquée dans plusieurs institutions universitaires belges et étrangères. Il est membre de la Classe de Technologie et Société de l'Académie royale de Belgique.
Pour le titre de son livre, Bruno Colmant s'est inspiré de l'Encyclique de Pie XI contre le nazisme en 1937 qui traduisait à l'époque une grande angoisse face à notre capacité de répondre aux enjeux majeurs du moment.
Après quelques années de malaises, les réalités climatiques, militaires, énergétiques et économiques sont les premières secousses de multiples chocs sociétaux d'une envergure titanesque. Tous les déséquilibres vont s'embraser et se conjuguer avec rapidité et violence. Il en résultera des conflagrations écologiques et socio-économiques dont les premières détonations sont aujourd'hui audibles.
Face à ces défis stupéfiants, il faut immédiatement rebâtir l'efficacité stratégique des États européens tout en clôturant l'hégémonie du néolibéralisme anglo-saxon. S'il existe des périodes politiques, il faut désormais un temps étatique.
Et si la crise de 2008 n'avait été que l'annonce de chocs sociétaux titanesques ? Le capitalisme anglo-saxon contribue-t-il à créer une société illibérale dans un monde désordonné ? Comment rendre à l'État son autorité sans qu'il devienne autoritaire ou liberticide ? Quel monde nous prépare la numérisation ? Dans nos sociétés de consommation, reste-t-il une place pour l'idéal et le sens du bien commun ?
Voici quelques-unes des questions abordées dans ce livre.
Bruno Colmant est docteur en économie et interpellé par les questions socio-économiques et religieuses.
Éric de Beukelaer est prêtre catholique, passionné par les enjeux socio-politiques de l'économie. Il y a dix ans, en pleine crise de 2008, leurs chemins se sont croisés. De cette rencontre est né un premier ouvrage, La bourse et la vie.
Dix ans plus tard, ils nous reviennent avec un livre d'échanges sans concession recueillis par Henri Deleersnijder, auteur et enseignant de la pratique démocratique.
Au fil des siècles, les Bourses se sont adaptés à l'évolution économique de nos sociétés. Des tulipes aux produits dérivés obscurs et complexes, les marchés que nous connaissons actuellement ont subi de nombreuses transformations, rythmées par des krachs financiers d'envergure.
Un tournant majeur s'opère cependant durant les années 90, au moment où le secteur technologique prend de l'ampleur. Les Bourses perdent progressivement leur visage humain au profit de l'électronique. Les parquets, où s'époumonent agents de change, seuls habilités à pouvoir exécuter les ordres des investisseurs, sont désertés. Ils vont céder leur place aux banques, qui vont elles-mêmes se retrouver face à des acteurs plus importants, appelés traders à haute fréquence. Dans le même temps, les négociations en Bourse s'accélèrent, au point de dépasser largement aujourd'hui la vitesse de la lumière.
Le 6 mai 2010, le monde découvre avec stupeur l'importance de ces firmes robotisées sur les marchés, et le rôle qu'elles jouent désormais sur les marchés d'actions et les produits complexes. Pourtant, leur avènement s'accompagne d'une démocratisation des marchés pour tous les investisseurs. Car désormais, il n'a jamais été aussi facile pour le particulier de négocier en Bourse. Et jamais aussi bon marché aussi.
Toutefois, la robotisation des marchés financiers pose des défis de taille pour les acteurs qui y interviennent. Tout le monde court après la machine.
"Ça fait bizarre de revoir ses anciens collègues, lorsque l'entreprise, dix fois fusionnée depuis qu'on l'a quittée, convoque ses alumni. Il y a ceux qui sont partis et qui reviennent. Et ceux qui sont restés et qui restent. L'alumni rigole de quelques époques que les jeunes situent dans un autre siècle. Mais l'alumni repart souvent du cocktail amer et méprisant, se disant que ceux qui sont restés dans l'entreprise ne doivent leur carrière qu'au départ des alumni et que, finalement, ils ont usurpé leur avenir sans rien oser. Il se dit que dans les entreprises, il y a les alumni et... les éteints." Une vie qui est balayée comme les économies après une crise financière, c'est l'épouvante. 50 nuances crise, ce sont cinquante scènes d'entreprises croquées au vol depuis le krach de 2008. Des textes incisifs rédigés par Bruno Colmant et illustrés en noir et blanc par Pierre Kroll.
En Europe, la dette publique va bientôt dépasser une année de PIB. Cette réalité est la plus redoutable menace qui frappe notre continent puisque cette dette s'enflamme dans une économie sans croissance ni inflation. Certains pays ont déjà fait aveu de banqueroute, d'autres ont capturé les dépôts bancaires pour absorber le coût de ces dettes excessives.
Cela amène à ces questions :
• Que représente une dette publique ?
• Quel entrelacement entretient-elle avec la monnaie ?
• L'État-providence est-il en danger ?
• Une vague inflationniste est-elle prévisible ?
• Quelles sont les leçons de l'histoire et comment s'extraire de ce piège ?
Ce court opuscule rassemble quelques intuitions dans ce domaine.
Quelque chose s'est fissuré dans l'économie. Plusieurs crises - économique, financière, environnementale - se combinent en une seule, de taille gigantesque. De profondes tensions sociales se cachent derrière l'immense dette publique. Le chômage des jeunes atteint des niveaux insoutenables alors que l'emploi est confisqué par des ordinateurs et des robots. L'euro n'est plus un projet fédérateur : en déconnexion avec les réalités de l'économie, ses erreurs de conception apparaissent au grand jour. Pourtant, il ne tient qu'à nous de transformer cette crise en une véritable opportunité de changement. Des solutions radicales mais porteuses d'espoir existent. Paul Jorion, qui avait prévu la crise des subprimes aux États-Unis, jette depuis plusieurs années un regard décalé sur l'économie. Bruno Colmant, ex-banquier et ancien directeur d'une Bourse de valeurs, est plutôt catalogué à droite. Ces deux experts que tout oppose nous démontrent, dans un dialogue clair et sans concession, que l'on peut penser l'économie autrement. Paul Jorion est détenteur de la chaire "Stewardship of Finance" à la Vrije Universiteit Brussel et chroniqueur au journal Le Monde. Bruno Colmant est professeur de finance et membre de l'Académie royale de Belgique. Marc Lambrechts est chroniqueur économique et financier au journal L'Echoà Bruxelles.
Créées au début du siècle dernier pour informer les investisseurs sur la santé économique des entreprises de chemin de fer, les agences de notation financière défrayent la chronique.
Mises en cause en 2008 pour leurs notations des produits structurés responsables de la « crise des subprimes », elles sont aujourd’hui critiquées en tous sens pour leur rôle dans la crise de la dette souveraine.
Hier encore structures mystérieuses du monde de l’expertise, les agences de notation financières sont désormais au cœur des débats d’une opinion publique inquiète :
– Quelles méthodes de notation financière mettent-elles en œuvre et que faut-il en penser ?
– Comment ont-elles été propulsées au rang de régulateur mondial du crédit ?
– Quelles sont les règles juridiques qui encadrent ou devraient encadrer leurs actions ?
– Ne sont-elles pas en train de faire main basse sur des enjeux politiques à l’égard desquels elles ne jouissent d’aucune légitimité ?
– Ne sont-elles pas également un symptôme d’une évolution plus fondamentale de la gouvernance globale ?
Autant de questions que se posent tant les spécialistes de ces matières que les citoyenset auxquelles le présent ouvrage entend apporter des éléments de réponse au carrefour de la science économique, de la science juridique et de la philosophie du droit.
Riche de la multidisciplinarité de ses membres, l'Académie royale de Belgique a organisé en 2020 une séance commune de ses Classes autour de « La transition vers un futur souhaitable ». Face à la multitude des défis majeurs auxquels nos sociétés humaines sont confrontées, un membre de chaque Classe a apporté une contribution sur ce sujet complexe dont les composantes touchent des domaines très divers. En effet cette « Grande Transition » sera environnementale, sociale, culturelle, technologique, économique, financière, éthique, politique...
Avec les contributions de :
Luc Chefneux, Bruno Colmant, Tom Dedeurwaerdere, Olivier De Schutter, Daniel Dethier, Éric Lambin