En montrant comment le néolibéralisme - de la deuxième gauche à Emmanuel Macron - a transformé le modèle socioéconomique français, en insistant sur le lien entre dynamique économique et transformation des rapports de force, cet ouvrage permet de comprendre l'instabilité actuelle des gouvernements néolibéraux et leur recours à l'autoritarisme.
Le livre documente d'abord les difficultés économiques rencontrées depuis la fin des années 1970 - croissance molle, chômage, etc. -, tout en montrant que la présentation du caractère prétendument impératif des réformes structurelles pour y faire face est trompeuse et partiale. Il analyse ensuite les ressorts et la circulation de l'idéologie qui a permis la mise en oeuvre de cet agenda. Les liens entre néolibéralisme et modernisme, et la manière dont ils se sont noués au sein des appareils politiques sont finement disséqués.
Enfin, il étudie la constitution des blocs sociaux de droite et de gauche, traditionnellement en concurrence pour exercer un rôle dominant, leur désagrégation à mesure que l'agenda néolibéral progresse, et la formation d'un nouveau bloc social, le bloc bourgeois. Ainsi la crise systémique actuelle se caractérise-t-elle par une instabilité endémique, en raison d'un exercice du pouvoir chroniquement minoritaire. L'absence de formule politique qui permette d'intégrer les attentes d'une majorité de la population demeure en effet une contradiction irrésolue des forces néolibérales.
La France et l'Italie connaissent des évolutions économiques et politiques comparables. Contrairement à l'opinion dominante, selon laquelle des obstacles d'ordre politique empêcheraient l'adoption de mesures économiques d'inspiration néolibérale qui seraient « indispensables », ce livre analyse la mise en oeuvre d'un programme économique néolibéral en France et en Italie comme une réponse aux crises politiques que connaissent les deux pays depuis plus de deux décennies.
La dissolution des anciennes alliances sociales y a rendu nécessaire la reconstitution d'un bloc social dominant. Mais le «noyau dur» du bloc néolibéral constituant une minorité politique, la stratégie consiste à s'appuyer sur une coalition sociale élargie. En France, le programme de « rupture » de Sarkozy a été conçu comme une médiation entre d'une part les attentes du « noyau dur », et d'autre part celles de la majeure partie des salariés du secteur privé. En Italie, la stratégie de Berlusconi a été de former une alliance entre le «noyau dur» et les classes précaires et assistées.
Quant à la participation à l'Union européenne, elle implique dans les deux pays une pression politique forte qui est favorable à la mise en place d'une stratégie néolibérale sous des formes politiques variées.
Depuis les années 1990, les politiques de soutien à l'innovation suscitent un intérêt toujours croissant. Des travaux influents ont étudié le rôle que pourrait jouer la libéralisation des marchés de biens et services dans les incitations à innover. Ils reposent sur des études empiriques qui tentent de mettre en évidence un lien négatif entre niveau de réglementation et productivité. Leur message est relativement simple : la libéralisation, qui favorise les nouveaux entrants, conduirait les firmes à innover pour échapper à la concurrence dans un contexte de stagnation économique.
S'appuyant principalement sur des données sectorielle pour les pays de l'OCDE, B. Amable et I. Ledezma montrent que cette conclusion selon laquelle un haut niveau de réglementation serait nuisible à l'innovation ou à la croissance peut être renversée en fonction des spécifications empiriques adoptées : périmètre sectoriel de l'échantillon, spécification des équations estimées, etc.
Il ressort notamment de leur étude que la réglementation sur les marchés de biens et services n'apparaît nullement comme un obstacle à l'innovation dans l'industrie manufacturière. Il faut donc mettre en place des politiques spécifiques dédiées à la promotion de l'innovation, qui vont bien au-delà de la fourniture d'un cadre concurrentiel adéquat aux entreprises.