L'économie sidère. Pour le citoyen ou la citoyenne, elle est réputée si dangereuse qu'on n'ose l'affronter. Seuls des experts auto-désignés prétendent pouvoir le faire. Ils tiennent le public à distance en créant une infranchissable barrière de sécurité derrière un jargon compris d'eux seuls.
C'est pourquoi trop souvent l'économie ne se discute pas, elle s'impose à nous. C'est ce que veulent nous faire croire la plupart des " voix " dans les médias et chez les responsables politiques. Mettant en lumière les concepts fondamentaux de l'économie : le travail, l'emploi, le salaire, le capital, le profi t, le marché, Les Lois du capital prouve que l'on peut parfaitement débattre de ce sujet qui gouverne nos existences quotidiennes.
Serait-il temps de tout changer ? Le système néolibéral qui régit notre société arriverait-il à son terme ? Serions-nous à un moment critique où, comme l'écrivait Gramsci : " le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître " ?
Gérard Mordillat est écrivain et cinéaste, co-auteur, entre
autres, de la célèbre série Corpus Christi et de l'ouvrage Jésus
contre Jésus.
Bertrand Rothé est agrégé d'économie et enseigne à l'université
de Cergy-Pontoise. Il collabore régulièrement à Marianne
et est l'auteur de nombreux ouvrages.
Ensemble ils ont co-écrit Il n'y a pas d'alternative (Seuil, 2011)
mais, avant toute chose, l'un comme l'autre sont d'abord des
lecteurs.
Après la Seconde Guerre mondiale, les élites économiques européennes, affaiblies par leur collaboration avec l'Allemagne nazie, doivent faire profil bas. Aux États-Unis, la peur du communisme paralyse la société. Pendant trente ans, des deux côtés de l'Atlantique, les classes moyennes vont profiter de cette situation et prospérer. Mais à la fin des " Trente Glorieuses ", les libéraux sentent que l'heure de la revanche a enfin sonné.
Pour imposer leurs idées, ils utilisent une arme rhétorique redoutable : TINA, le fameux acronyme thatchérien de " There is no alternative ", qu'ils vont répéter et faire répéter par tous les médias jusqu'à ce qu'il soit entendu comme une vérité révélée. Il n'y a pas d'alternative au capitalisme, au marché, à la mondialisation, à la déréglementation financière, aux baisses de salaires, aux délocalisations, à la disparition des protections sociales, etc. Cette idéologie va infester les sociétés occidentales, provoquer le déclassement social du plus grand nombre et des profits gigantesques pour quelques-uns.
Une oligarchie confisque alors le pouvoir. Mais quand la crise financière de la fin des années 2000 met en péril sa fortune et son patrimoine, l'État recouvre soudain toutes ses vertus. Ceux qui hier le vilipendaient réclament son secours à grands cris. Il n'y a pas d'alternative, il faut sauver les banques ! Et pour renflouer les pertes abyssales de l'économie de casino, ce sont encore les plus démunis qui seront rançonnés, à commencer par les salariés.
Jusqu'à quand ?
Agrégé d'économie, Bertrand Rothé est l'auteur de Lebrac, trois mois de prison (Seuil, 2009). Romancier, cinéaste, Gérard Mordillat est notamment l'auteur de Rouge dans la brume (Calmann-Lévy, 2011).