Ce cahier du Cercle des économistes a pour ambition de fournir une grille de lecture de la crise actuelle, en mettant celle-ci en perspective avec la crise de 1929. Cette comparaison est légitime puisqu'au fur et à mesure que la crise financière se transformait en crise économique et que celle-ci s'approfondissait et s'étendait au monde entier, les commentateurs remontaient de plus en plus le temps et s'arrêtaient à la crise de 1929 pour lui trouver un équivalent. Cette comparaison redonne ses lettres de noblesse à l'histoire économique, et permet de faire émerger une analyse des crises, de leur nature, de leurs similitudes et de leurs différences. Même si les économistes ont été vilipendés pour avoir été trop peu nombreux à avoir prévu la crise de 2007-2009, ils ont largement contribué à ce que les erreurs de politique économique faites à la suite de la crise de 1929 ne soient répétées. Ils suggèrent un certain nombre de prescriptions pour sortir de la crise actuelle, même si celle-ci pourrait constituer l'un des tournants importants dans l'histoire du monde moderne.
Les hedge funds activistes et le private equity ont pris une place significative dans l'actionnariat des entreprises. Ils améliorent la gouvernance des entreprises en poussant leurs dirigeants à mieux les développer. Les autres hedge funds apportent une liquidité importante aux marchés financiers. Par ailleurs, le marché financier est un débouché naturel des sorties d'entreprises du giron du private equity. Les deux sont donc complémentaires plutôt que concurrents. La crise financière actuelle a mis en lumière certains excès et appelle à une plus grande transparence des hedge funds et du private equity.
À quoi servent les économistes ? Les griefs à leur encontre sont nombreux. Ils se sont plus spécialisés dans les domaines où ils peuvent tester leurs théories que dans ceux utiles à la politique économique. Ils ont trop compté sur l'autorégulation des marchés et sur l'innovation financière tout en étant complaisants à l'égard des milieux financiers auxquels ils ont apporté une légitimité académique. Ce cahier fait le point sur ces défaillances et apporte des réponses à ces critiques. Il rappelle, par exemple, que plusieurs économistes avaient publié des mises en garde dès 2005 sans être écoutés ; que leurs contributions récentes ont sans doute évité que la récession 2008-2009 tourne à la Grande Dépression. Il montre aussi que les économies contemporaines sont devenues plus complexes et peuvent passer d'un équilibre à un autre par simple modification des anticipations. Et donc que la science économique doit progresser pour se mettre à la hauteur de cette nouvelle complexité.