La connaissance savante s'élabore dans les milieux académiques et revendique des qualités particulières de cohérence et de vérité. La connaissance vulgaire ou ordinaire est produite tant par les médias, les professions, que par le public non spécialisé, en manifestant des propriétés conditionnées par son usage courant. Elles peuvent être comparées sur un certain nombre de critères, en mettant en évidence la frontière souvent floue et perméable qui les sépare. Surtout, la première influence la seconde par un processus de vulgarisation et, plus profondément, par la performativité qu'elle exerce à travers des dispositifs techniques. En sens inverse, la seconde inspire la première par un processus de savantisation qui décante et abstrait ses concepts et mécanismes les plus originaux. Ce processus bouclé, qui ne saurait converger, est illustré par des exemples puisés dans dix sciences sociales.
Les sciences sociales en savent-elles plus aujourd'hui qu'hier ? C'est à cette question que des spécialistes de huit disciplines ont répondu dans l'ouvrage, de manière à la fois qualitative et contrastée. En effet, aucune mesure consensuelle de l'enrichissement du savoir ne saurait être exhibée, même dans les sciences de la nature. Le thème de la cumulativité du savoir touche au coeur même de l'activité et de l'évolution de chacune des sciences sociales. Le savoir ne se présente pas comme une accumulation amorphe de propositions venant s'empiler les unes sur les autres. Il est formé d'énoncés qui sont articulés entre eux et qui se renouvellent sans cesse dans leur contenu comme dans leur interprétation. Tout corpus scientifique peut être segmenté en ces divers objets conceptuels que sont les données, les modèles ou les programmes. Il évolue sous l'influence tant d'apports externes en provenance d'autres disciplines que de diverses restructurations internes. C'est ce mouvement incessant de formation et de révision des croyances savantes que les auteurs essayent d'appréhender.
Qu'est-ce que la science économique ? Pour le savoir, le mieux n'est-il pas de visiter les coulisses de cette discipline et de comprendre ce que font les économistes ? Comment ils recueillent les faits, comment ils observent leurs régularités, comment ils construisent des modèles mathématiques pour les reproduire, et des théories pour les expliquer, comment ils se risquent à faire des prédictions. Spécialiste de méthodologie économique et de théorie des jeux, Bernard Walliser est professeur à l'École nationale des Ponts et Chaussées, à Paris-X Dauphine et à l'ENSAE.
L'économie du troisième millénaire ne sera plus matérielle mais informationnelle. Bulles financières et réseaux informatiques rendent essentielles les croyances des agents. Dès lors, l'économie cognitive n'est-elle pas la science du troisième millénaire ? Ses objets ? Les croyances, les informations, les décisions, les raisonnements des agents. Où l'on voit comment, grâce à l'apprentissage, leur rationalité n'est plus limitée, comment ils se coordonnent par anticipations croisées, comment ils spéculent par contagion de leurs opinions... Ce livre est le premier exposé systématique et rigoureux de cette nouvelle approche fondamentale pour notre temps. Bernard Walliser, polytechnicien, est professeur d'économie à l'École nationale des ponts et chaussées. Il a publié L'Intelligence de l'économie.
As a manifestation of a 'cognitive turn' observable in all social sciences, Cognitive Economics is concerned with the beliefs and mental operations held by actors placed within a dynamical and strategic environment. It appears as a synthesis of an educative research program, dealing with crossed expectations of actors, and an evolutionist research program on collective learning processes.
The book mainly aims at extending the framework of game theory in order to better fit the results of rapidly increasing laboratory experiments concerned with individual choices and collective interactions. It also seeks to better explain some original economic phenomena involving boundedly rational agents in an institutional setting such as financial bubbles, job search or technological innovation.
Written in an informal way, the book is addressed to philosophers or cognitive scientists curious of how economics deal with cognition, as well as graduate students in economics eager to discover how economic science evolves.
Depuis ses origines, l'économie est définie au sens large comme la discipline qui étudie les processus de coordination entre les actions d'un certain nombre d'acteurs supposés rationnels. Apparue dans la dernière décennie, l'économie cognitive a pour objet plus spécifique d'étudier les croyances et les raisonnements des acteurs placés dans un contexte d'interaction dynamique. Au niveau individuel, elle entre dans la boîte noire du cerveau humain afin d'examiner comment les acteurs s'appuient sur les informations qu'ils reçoivent pour réviser leurs croyances, adapter leurs préférences et délibérer en combinant ces deux éléments. Au niveau collectif, elle précise les raisons et les modalités des processus de diffusion d'information entre les acteurs, lesquels sont susceptibles d'aboutir asymptotiquement à une homogénéisation des croyances et à une compatibilité des actions. L'économie cognitive se développe simultanément aux deux niveaux de spécification habituels considérés par la théorie économique. Dans la théorie des jeux, des acteurs indifférenciés, pourvus de préférences et de croyances génériques, interagissent de façon stratégique à travers des actions quelconques, sans médiation d'institutions extérieures. Dans la théorie des échanges, les acteurs sont des producteurs et des consommateurs de biens, dotés de croyances et de préférences plus spécifiques, et interagissent par l'intermédiaire d'institutions, l'institution centrale étant le marché qui coordonne les agents par des prix. Ce sont les théories de la communication et du raisonnement interactif entre acteurs présents dans ces jeux et échanges que cet ouvrage propose de décrire et d'expliquer.
Désormais, le travail de l'économiste, qu'il soit théoricien ou praticien, est concentré sur la construction et l'utilisation de modèles. Les médias eux-mêmes y font sans cesse référence pour discuter les problèmes économiques contemporains. S'ils se sont imposés dans les sciences de la matière et à un moindre degré dans celles de la vie, ils pénètrent moins les sciences humaines et sociales. L'économie fait donc figure d'exception à cet égard. Pourquoi ce privilège ? À quoi donc servent les modèles en économie ? Comment se présentent-ils ?Bernard Walliser propose une analyse systématique de leurs fonctions et montre, exemples à l'appui, à quel type de problème chacune entend répondre. L'un des meilleurs spécialistes du raisonnement économique décrypte le coeur même de sa discipline. Auteur de L'Intelligence de l'économie et de L'Économie cognitive, Bernard Walliser est professeur d'économie à l'École nationale des ponts et chaussées.
La prise en compte des anticipations des agents économiques, dans les travaux de prévision et dans la définition des politiques économiques, constitue l'une des innovations majeures de l'analyse économique récente. Bernard Walliser montre, cependant, que ce souci n'est pas nouveau, puisqu'il était déjà manifeste dans les écrits de Keynes et de Merton. Mais c'est avec la théorie - dite des anticipations rationnelles - que culminent les recherches, qui ont conduit à une formulation rigoureuse de cette importante question.
L'ouvrage de Bernard Walliser expose clairement cette théorie, en soulignant ses limites et ses insuffisances. Il montre qu'il s'agit d'un cas très particulier, dont le domaine d'interprétation se trouve limité par les hypothèses simplificatrices de la rationalité économique. C'est pourquoi, il entreprend l'investigation des divers processus d'apprentissage des anticipations sur les représentations des agents, en substituant - à la définition traditionnelle de la rationalité économique - l'acceptation moins restrictive et plus réaliste d'une rationalité « locale ».
La portée des résultats nouveaux, mis en évidence par l'auteur, ne reste pas seulement théorique. Ils éclairent directement l'action des décideurs, en dégageant la nature logique des relations entre les modèles « privés », qui guident implicitement les agents particuliers et schéma global qui sert de référence au modélisateur. Un ouvrage important, pour tous ceux qui réfléchissent aux moyens de contrôler les processus économiques.
Le calcul économique, qui s'est beaucoup développé dans l'après-guerre sous l'impulsion des ingénieurs-économistes, va-t-il survivre aux accusations de technocratisme dont il est l'objet ? Peut-on opposer un calcul économique dur, puisant ses fondements dans la théorie néo-classique, et un calcul économique mou, adoptant des principes de rationalité plus intuitifs ? Comment se différencie le calcul économique, appliqué à des projets d'investissements ou de tarification, dans le secteur privé et dans le secteur public ? Sous quelles conditions méthodologiques et organisationnelles une étude de calcul économique peut-elle être mise en oeuvre de façon crédible et efficace ? Quelles sont les attentes implicites des décideurs vis-à-vis des études économiques et quel impact ont-elles véritablement sur les processus de décision ?
La théorie des jeux a pour ambition de rendre compte en toute généralité des interactions stratégiques entre des acteurs sociaux. Elle adopte un formalisme qui permet au modélisateur de tirer rigoureusement les conséquences sociales des comportements individuels supposés. Elle s'applique aussi bien à des échanges économiques qu'à des conflits politiques ou militaires, voire à des coopérations ou compétitions biologiques.
L'ouvrage commence par décrire des acteurs qui connaissent leur environnement et déterminent des actions menant à une forme d'équilibre, avant d'introduire progressivement des situations impliquant une incertitude des acteurs sur leur
environnement et des séquences dynamiques de leurs actions.
Enfin, il introduit les deux cas polaires d'acteurs capables de raisonnements ultra sophistiqués et d'acteurs ayant une rationalité limitée.
Si les concepts sont précisément introduits et les mécanismes dûment décortiqués, le formalisme est réduit au minimum et les preuves sont omises. En revanche, de nombreuses expériences empiriques effectuées en laboratoire sont décrites et commentées dans leurs résultats. L'ouvrage s'adresse ainsi à des lecteurs sensibilisés au raisonnement conceptuel abstrait, mais sans connaissances mathématiques ou substantielles préalables.
Ingénieur économiste, Bernard Walliser a enrichi et appliqué la théorie des jeux dans différents domaines. Comme chercheur, il a essentiellement travaillé, au sein de l'École d'économie de Paris, sur le rôle de coordination joué par les croyances des acteurs. Comme enseignant, il a dispensé ses cours à l'École nationale des ponts et chaussées et à l'École des hautes études en sciences sociales.
Classical microeconomics is intended to explain how a price system is able to coordinate the economic agents. But even if it can be extended to incomplete information and externalities, it remains grounded on very heroic assumptions. Agents are endowed with a very strong rationality, equilibrium is stated without a concrete process to achieve it, market is the unique institution considered. Evolutionary microeconomics is aimed at bypassing these limitations by considering a dynamic approach, however not biologically oriented. Agents have local information and bounded rationality, they are involved in explicit processes of interactions through time, various institutions sustain the market or substitute to it. It explains then some phenomena hardly explained by classical microeconomics: dispersion of prices, variety of industrial structures, financial bubbles.