huit français sur dix déclarent faire confiance aux maires - ce sont les derniers élus à résister à la défiance voire à la colère populaires. Et pourtant, ils n'en peuvent plus : un maire sur deux ne se représentera pas aux Municipales de 2020. Parmi eux, une majorité d'élus des villes de moins de 1 000 habitants, qui représentent près des trois quarts des communes françaises.
Que se passe-t-il dans nos villages pour que les élus soient à ce point écoeurés par l'exercice du pouvoir ?
Adjoint au maire de Châtillon-en-Diois dans la Drôme, Bernard Ravet conte dans ce livre les mille et un tracas que subissent les élus locaux, ces « galériens » de la vie publique. De la part d'un État qui empile les normes, les échelons administratifs et les lois qui privent les maires de toute marge de manoeuvre, au lieu de les écouter et de les aider. De la part de collectivités territoriales paralysées par les enjeux politiciens. De la part, aussi, de citoyens toujours plus pressés, exigeants et indifférents au bien commun, qui attendent tout et tout de suite de leurs édiles.
L'histoire qui se joue à Châtillon, 550 habitants, jolie bourgade médiévale chantée par Giono, est celle de tous nos villages : celle d'un délitement de notre démocratie. Car, comme le soulignait le sénateur Philippe Bas après la mort du maire de Signes, écrasé par une camionnette alors qu'il luttait contre une décharge sauvage : « La commune, c'est une petite République dans la grande, c'est là que se forge la citoyenneté dans notre pays. »
Et si la crise démocratique pouvait se résorber en repartant des territoires ?
Quinze années durant, Bernard Ravet s'est tu. Parce que son statut de principal de collège le lui imposait - le devoir de réserve du fonctionnaire. Parce que, dans les collèges de ZEP classés « Violence » qu'il dirigeait, les journées étaient rythmées par une alternance du grave et de l'urgent qui ne laissaient pas une seconde à l'introspection. Mais aussi pour ne pas craquer.
Aujourd'hui à la retraite, il s'est décidé à parler. À raconter sa vie, qui est celle de tout le personnel envoyé dans ces établissements ghetto. La violence. La montée du religieux. Les familles au mieux absentes, au pire fracassées. L'hypocrisie et le clientélisme des politiques. L'immense solitude des personnels de direction et des enseignants qui ressentent un profond sentiment d'abandon par leur hiérarchie.
Une vie qui tient de celle du commissaire de police, du directeur d'ONG pédagogique et, de plus en plus, face à la montée du religieux, d'imam de la république. Avec, pourtant, chevillée au corps, la conviction qu'il est encore possible d'agir pour que des élèves otages de leur environnement échappent à cette fatalité.
Dans son numéro de la rentrée, Relations se penche sur la question de l'idéologie transhumaniste. Confiné il y a peu à des cercles d'initiés, le transhumanisme, qui prône notamment l'augmentation de nos capacités physiques et mentales et l'amélioration de l'espèce humaine par le biais des technosciences, voit son influence croître dans la société. De grandes multinationales, mais aussi des fonds publics, subventionnent grassement de nombreuses recherches qui s'y apparentent. Les neuf auteurs de ce dossier fouillé répondent à l'urgence de réfléchir sur ce mouvement et sur cette idéologie ainsi que sur ses conséquences inquiétantes pour la vie et la société. Aussi au sommaire, un débat sur le mouvement étudiant cinq ans après le «Printemps érable» et deux nouveaux chroniqueurs : la poète Denise Desautels qui signe la chronique poétique et l'écrivain Robert Lalonde, qui signe le Carnet. Ce numéro est illustré par l'artiste multidisciplinaire Lino.