Né en 1940 à Oslo, Jon Elster est professeur au collège de France, après avoir enseigné la science politique aux Etats-Unis. Il a développé une "théorie générale de l'action humaine", qui s'oppose aux visions utilitaristes, centrées sur un individu mû par son seul intérêt, qui sous-tendent par exemple le néo-libéralisme. A rebours de ces représentations réductrices de l'action humaine, il met en évidence l'importance de la demande de justice et d'équité dans la motivation des acteurs sociaux.
Si L'Action nationale souligne ses cent ans cette année, ses Cahiers de lecture fêtent quant à eux plus modestement leurs dix ans d'existence. Il n'empêche que ce numéro de printemps est un numéro commémoratif. Il s'agit de rendre hommage à un véritable travail de fécondation de la pensée, en particulier dans le domaine de l'essai, car « un texte relu, parfois, peut ouvrir des brèches dans le plus opaque avenir. Ce qui s'y révèle entre les lignes peut suffire à donner le goût d'agir ». Les titres recensés sont nombreux. Notons toutefois, rassemblées sous la bannière de « Créatrices d'ombre et de lumière », des parutions récentes dédiées à des artistes capitales : la correspondance de Marcelle Ferron avec sa famille ainsi que deux ouvrages consacrés à Anne Hébert. La revue propose également une entrevue avec Éric Poirier, qui a étudié l'état de la Charte de la langue française quarante ans après l'adoption de la loi 101 dans un livre publié aux éditions Septentrion.
Le Québec est une société vieillissante dans laquelle le départ à la retraite des baby-boomers conduira à une pénurie de main-d'oeuvre. Il est donc opportun d'augmenter les niveaux d'immigration. La chose va de soi. Vraiment ?
Pourtant, les études des démographes au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans d'autres pays européens montrent sans l'ombre d'un doute que l'immigration n'a qu'un impact marginal sur la structure par âge de la population de la société d'accueil. En outre, on a depuis longtemps constaté que les difficultés d'intégration économique des immigrants compromettent sérieusement la possibilité que l'immigration ait une incidence favorable sur les finances publiques.
Ce livre ne porte pas sur l'immigration en général. Il se concentre sur ses aspects économiques et démographiques. Évidemment, il existe des raisons morales, humanitaires, sociales, culturelles, linguistiques ou politiques d'être favorable ou défavorable à tel ou tel aspect de nos politiques d'immigration. Toutefois, les auteurs de ce livre ont la conviction que le public et les décideurs entretiennent une idée fausse de l'effet de l'immigration sur l'économie et la démographie. Ils croient que cela les empêche d'évaluer de façon objective la politique québécoise d'immigration et conduit aussi bien les Québécois de naissance que les immigrants à concevoir des attentes démesurées à l'égard de cette politique, des attentes qui, un jour ou l'autre, seront forcément déçues.