"Je voudrais dire que ce gros tas de pages ne contient pas tout à fait la somme de mes connaissances. Si je les ai rassemblées, c'est qu'on ne m'a pas proposé d'autres sujets de composition française, et que ceux-ci ont en commun de traiter d'auteurs ou de personnages vulnérables, parfois éthyliques, et le plus souvent escamotés prématurément par le destin. Ils ont tous ma sympathie et correspondent peut-être à certaines de mes vocations. Parler d'eux, c'était encore un peu parler de moi. J'aurais aimé découvrir quelque chose de nouveau qui les concerne et les éclaire. En vain. Je n'ai pu faire que Baudelaire naquît au Guatemala, qu'Alexandre Dumas et Dickens se rencontrassent entre Dieppe et Calais pour échanger des recettes de cuisine dans le dos du Cardinal, ou même que Homère existât d'une façon formelle. Découvrir, ce n'est pas forcément inventer ; connaître, c'est reconnaître. Maintenant, on peut toujours se ranger à l'avis judicieux de Giovanni Papini : 'Si les écrivains ne lisaient pas et si les lecteurs n'écrivaient pas, les affaires de la littérature iraient extraordinairement mieux.'"
Antoine Blondin.
Une chronique buissonnière du dernier demi-siècle... Un regard intempestif, lucide, caustique... Une leçon de dissidence et de style. Avec Ma vie entre les lignes, Antoine Blondin avait publié à La Table Ronde une sorte d'essai autobiographique sous forme d'anthologie. Avec le recueil inédit que forment Mes petits papiers, selon le premier titre envisagé alors, ce projet trouve son plein accomplissement. Libelles politiques, chroniques poétiques, articles d'occasion, grandes et petites préfaces, essais littéraires majeurs ou mineurs, monuments critiques, choses vues, air du temps : de 1946 à 1991, on suit, à travers le récit d'une vie,les passions d'un pays et les soubresauts d'une époque dont l'un des plus grands écrivains de langue française se fait, avec verve, colère et tendresse, l'inimitable commentateur.