Les observateurs les plus subtils sont démunis devant la récurrence des crises monétaires : au lieu de chercher à les comprendre, ils sont condamnés à les dénoncer. Prendre au sérieux la monnaie, oblige à un déplacement radical de perspective. Il faut revenir sur les fondements des sociétés marchandes, et reconnaître que la compatibilité des intérêts individuels ne peut résulter du seul jeu du marché. Dans les sociétés dominées par le désir d'accaparer, et fascinées par l'imitation, la cohésion passe par des modes de socialisation spécifiques. Dans cette approche, la monnaie révèle sa réalité ambivalente, indissolublement principe de normalisation des comportements et arme des conflits privés pour l'appropriation des richesses ; à la fois bien social se pliant aux contraintes de la gestion étatique et lieu d'affrontement et de fractionnement entre groupes rivaux. L'ordre monétaire, les crises qui l'ébranlent, les transformations des systèmes monétaires, les compromis noués par la politique monétaire, sont analysés dans le prisme des configurations dessinées par la coexistence de ces forces, qui homogénéisent et morcellent le champ social.
Classical microeconomics is intended to explain how a price system is able to coordinate the economic agents. But even if it can be extended to incomplete information and externalities, it remains grounded on very heroic assumptions. Agents are endowed with a very strong rationality, equilibrium is stated without a concrete process to achieve it, market is the unique institution considered. Evolutionary microeconomics is aimed at bypassing these limitations by considering a dynamic approach, however not biologically oriented. Agents have local information and bounded rationality, they are involved in explicit processes of interactions through time, various institutions sustain the market or substitute to it. It explains then some phenomena hardly explained by classical microeconomics: dispersion of prices, variety of industrial structures, financial bubbles.