Ce volume rassemble les carnets :
De littérature et d'eau fraîche (1988-1989), 1992
Messe basse (1990-1992), 1995
Impasse de la Défense (1993-1995), 1998
Petites nuits (2000-2002), 2004
et les chroniques :
Impressions, siècle couchant, 1998
Impressions, siècle couchant II, 2001
publiés par les éditions Erti et Maé-Erti.
Bon qu'à ça réunit tous les titres parus chez ERTI de 1992 à 2004.
Notre Léautaud du XXIe siècle raconte ici ses lectures (Carnets 2003 - 2005) : une approche ludique et personnelle de Proust, Flaubert, Montaigne.
Mort, d'un homme, que reste-t-il vraiment? Sa voix plus que ses biens, souvent, le grain de sa voix, sa manière ou non de musiquer sa phrase. D'un écrivain? Ses livres, réagit-on dans l'instant. Avec André Blanchard, décédé en septembre2014, c'est un étrange mélange des genres qui se produit car ses livres étaient là pour porter moins le déploiement d'une écriture que la retenue, la tension rentrée, hérissée de saillies soudaines, de sa voix aussi mesurée que tranchante.
À l'occasion de l'édition des Carnets 2003-2005, réédition de ses débuts de mémorialiste publiés au Dilettante en 1989. « Le plus dur est de respecter ce précepte : ne rien écrire plutt que mal écrire. »
La suite des carnets de l'ermite de Vesoul, « un écrivain sous le manteau ». Ses carnets du printemps 2006 à fin 2008, le rend au hasard, à l'imprévu du quotidien?: l'espace est vierge, la route à faire et le présent une caisse où l'on chine d'une main fiévreuse, en espérance. Posté à la croisée des lignes, des jours, Blanchard ne couve pas ses distillations intérieures, mais reçoit et répercute. Cela sans bruit?: le seul événement, c'est l'application du regard. En véritable égonoclaste, Blanchard va sans bruit, sans relâche, un chemin sans autre but que le chemin lui-même, sa plume en main comme une canne-épée. En route !
-Quoi ? Comment ? Des pèlerinages ? Comme chez les cathos ?
Du calme ! Ce sont ici des pèlerinages laïcs, fût-ce à la Chapelle de Ronchamp, où on va non parce qu'elle est chapelle mais parce qu'elle est de Le Corbusier. Relèvent de la même veine, celle des pèlerinages-hommages, les pages sur Paris et sur la tombe de Calaferte. Cette déambulation sinueuse dans les replis d'une histoire intime, hauts lieux d'une mémoire sienne se fait sans hausser la voix, sans désir de vous tirer infantilement par la manche, avec une intensité retenue qui donne force et élan. S29
Des librairies qui tirent le rideau, d'autres où il n'y a pas un chat - à part celui qui orne une couverture familière -, ainsi va la pente. L'air du temps harcèle à ce point les esprits pour qu'ils se divertissent loin des anciennes routes, des belles habitudes, que, bientôt, cela va devenir une tare de parler littérature, de la mettre en avant.