- D'où venez-vous? A quelques jours de son 84e anniversaire, Marguerite a encore du mal à répondre à cette question qui la hante depuis la chute de l'Allemangne nazie. Exilée et errant à travers le monde, laissant ses parents à Berlin, Marguerite sait qu'elle a porté l'uniforme nazi pendant son adolescence sans trop savoir ce qu'il signifiait.
La vieille dame cherche dans les replis de sa mémoire. Pourtant, elle ne se voit pas habillée de l'uniforme de la jeunesse hitlérienne. Une image persiste. Une scène jaillit du fond de son inconscient. Elle est à la campagne. C'est l'automne. Au bout d'un champ qui n'a pas été labouré elle voit un groupe de femmes en vêtements rayés noirs et blancs, avec le Judenstern, l'étoile de David. Quand était-ce? Où était-ce? Que faisait-elle là? Avec qui était-elle? Pourtait-elle l'uniforme? Le souvenir reste imprécis. Rien que l'image d'un champ vide, avec, au loin, contre une rangée d'arbres, ces femmes détenues. Des chiens. Des hommes armés. Et elle, frappée d'horreur, interdite de peur. En train de se détourner, de s'éclipser, de fuir.
Ces souvenirs douloureux juxtaposés à la vie et à l'amour qu'elle partage avec ses enfants et sa famille à travers le monde et au Canada, à la honte, qui la fait fuir, et à son sens d'appartenance, telles les racines du figuier qu'elle fait pousser sur le toit de son immeuble, composent l'univers de cet être qui a toujours su rêver.
Marguerite Andersen a huit ans quand Hitler prend le pouvoir, quinze quand la Seconde Guerre mondiale éclate, vingt au lendemain de l'armistice. Yeux baissés devant l'horreur, toute à sa soif de vivre, elle tourne le dos à cette Allemagne dont elle a honte. Enceinte, elle suit en Tunisie l'amant français qui deviendra son mari.
Ainsi s'amorce un parcours qui l'entraînera, au fil de ses amours et de ses aventures, sur trois continents. Celle qui mènera de front une vie d'épouse, de mère, d'immigrante, d'universitaire et d'autrice retrace, dans La mauvaise mère, les moments importants de sa vie, questionne ses choix, fait l'aveu de ses erreurs. Ce faisant, elle met en lumière les nombreux paradoxes qui, encore à ce jour, façonnent la vie des femmes.
Murmurées, exaltées, angoissées, amoureuses, ces « confessions » attestent encore une fois du caractère exceptionnel de l'oeuvre de Marguerite Andersen.
PRIX LITTÉRAIRE TRILLIUM - PRIX ÉMILE-OLLIVIER
COMBAT NATIONAL DES LIVRES (finaliste)
Un fait divers de la petite histoire d'Ottawa connaît dans ce roman une suite imaginée.
En 1929, Louis Mathias Auger, jeune et fier député fédéral du comté de Prescott, est accusé d'avoir violé Laurence Martel, une jeune femme de 17 ans venue demander son aide pour obtenir un emploi dans la fonction publique. Après pas moins de cinq procès, Auger est innocenté du viol, mais condamné pour séduction et incarcéré pour deux ans.
Qu'advient-il de Louis et de Laurence après ce drame ? Les historiens n'en savent rien. Mais c'est ici que Marguerite Andersen s'approprie l'histoire. Nous saurons comment chacun a pu refaire sa vie, en puisant dans son nouvel état « déchu » les forces du dépassement de soi.
Ce riche portrait psychologique est aussi un riche portrait d'époque où revivent les ambiances des années trente en des lieux divers : Hawkesbury, Ottawa, Kingston, Toronto, Montréal, Paris, Londres, Berlin, et Biddeford Pool, en Nouvelle-Angleterre.
L'auteure observe avec lucidité une relation tendre et tendue entre une mère et sa fille. Devant une mélancolie envahissante, elle fait appel à la joie pour inventer la mélanjoie. « L'autrement pareille » est une fine exploration des émotions et du quotidien des femmes, à travers le langage qui renvoie aux structures sociales de dominance.
Dans ces 24 nouvelles, l'auteure tourne des courts métrages de la vie secrète du coeur et prend des instantanés de la vie quotidienne sur un fond urbain. / « Courts Métrages et instantanés » est une collection de portraits de destinées humaines, un album de regards posés sur ces visages anonymes que l'on croise dans la rue. On y saisit au passage le sublime ridicule d'une tuque fleurie, l'affection d'une veuve pour son cerisier, la détresse d'un homme d'affaires, l'angoisse d'une itinérante, l'éclat d'un paysage tout frais enneigé.
Lors d'un voyage en train entre Toronto et Montréal, Paul Savoie et Marguerite Andersen unissent leurs voix pour créer deux personnages attachants, Bibi et Vava. L'un est bien sérieux, l'autre frivole. L'un réaliste, l'autre rêveur. Ils s'interrompent, se chamaillent et s'interrogent sur l'existence.
Qui est cette M. qui tantôt invente et tantôt raconte tous ces petits gestes dont sont faits la carrière d'écrivaine, la vie d'une femme, d'une mère?
Ultime recueil de Marguerite Andersen, «M. projette d'écrire une nouvelle» complète une démarche d'autofiction entamée en 1982 avec De mémoire de femme. Servi par un savant dosage d'ironie et de tendresse, l'ouvrage réaffirme la volonté de l'autrice d'ausculter sa vie, mais aussi d'imaginer celle de ceux qui l'entourent, avec toujours cet objectif d'en saisir l'inscription dans le monde.
En trois mouvements, celle qui «avait choisi de faire de sa vie un texte littéraire» donne ici à lire un parcours qui s'étend sur près d'un siècle et trois continents, qui s'ouvre sur sa jeunesse dans cette Allemagne nazie qu'elle a fuie dans la honte, et s'incline doucement vers des réflexions sur la vieillesse et la perspective de la mort.
« Parallèles », relate la vie de deux écrivaines, celle de l'auteure et de son amie Lucienne Lacasse-Lovsted emportée par le cancer en 1999. Heureux mélange de faits fictifs et réels, « Parallèles » témoigne d'une profonde amitié qui se dévoile avec tendresse, franchise et amour.
Deux femmes, deux vies fascinantes, vécues en parallèle. Chez l'une, citadine européenne, le dépouillement volontaire et le refus des conventions. Chez l'autre, villageoise du Québec, l'enfermement, le refoulement, presque l'immobilité. Deux femmes d'une même génération que tout sépare et qui se retrouvent à travers l'écriture et l'amitié.
Profitant d'une année sabbatique à Paris, Anne Grimm se consacre tout entière à l'écriture de ses mémoires. Mère, soeur, amante, professeure, femme, elle livre sans pudeur mais toujours en nuances un parcours singulier qui se déploie sur trois continents et trois mariages. Femme de tête et de coeur, elle raconte avec lucidité ses passions amoureuses - qu'elle poursuit jusqu'à en perdre la tête - et sa naissance à l'écriture.
OEuvre protéiforme, ce premier roman de Marguerite Andersen annonce, dès sa parution en 1982, la trajectoire exceptionnelle d'une grande écrivaine.
Qu'ont en commun la culture sami en Norvège, le vélo comme instrument de libération des femmes au Ghana et le sort des milliers de sangliers qui envahissent les rues de Berlin ? Ces questions, et d'autres, sont au coeur des préoccupations qui animent Claire, Ariane et Isa, trois soeurs, des jeunes femmes toutes aussi nomades et curieuses l'une que l'autre.
Chacune à sa façon, elles prennent place dans le monde, interrogeant bien sûr l'amour, la famille, la carrière, mais aussi et surtout elles inscrivent leur parcours dans un univers de plus en plus marqué par la cohabitation des races et la variété des cultures, par des questions de justice sociale et d'écologie. Interpelées, elles prennent part aux débats et défendent avec vivacité les causes qui leur tiennent à coeur.
Dans la veine autofictionnelle qui traverse l'ensemble de son oeuvre, Marguerite Andersen a façonné les trois destins en s'inspirant de la vie de ses six petites-filles.
Ce récit poétique de Marguerite Andersen nous relate l'épisode autobiographique de son exil d'Allemagne après la guerre, en Tunisie où elle séjournera durant sept années. « Bleu sur blanc », ce sont les couleurs de l'exil où tout a véritablement commencé. Bleu de la mer et du ciel sur blanc des maisons, bleu des châles de laine sur blanc de la table... L'oeuvre se lit et se voyage, se déguste et se savoure comme une madeleine proustienne, ensoleillée par la mémoire du paradis terrestre.
Trente nouvelles qui sont autant d'histoires d'amour, de trahison, d'orgueil, de vengeance ou de complicité. Histoires tantôt cruelles, tantôt douces, empreintes de nostalgie ou de révolte. Une frontière subtile divise les textes entre le réalisme et l'imaginaire. Il s'en dégage une vérité qui naît de la fiction et une histoire imaginaire qui émerge de la réalité : elles se nourrissent l'un l'autre et ne font qu'un. Le style minimaliste que pratique l'auteure consiste à rendre avec un sens de la retenue et de l'économie, la plus grande émotion possible.
Hélène a entrepris de raconter la vie du professeur Bonavoy. Tous deux ont plusieurs choses en commun; le respect de la mère, l'absence de bonheur, un certain besoin de solitude et leur prédilection pour les soupes. Ce sera donc à partir de ses livres de recettes qu'elle partira à la découverte de l'homme. En mijotant ses recettes préférées - crème de pleurotes, potage aurore - Hélène brasse ses intuitions sur la vie. Car, après tout, toute relation humaine, toute rédaction d'un bon roman, ne suit-elle pas le même principe que les soupes et les potages d'un bon cuisinier ?
« La soupe » a remporté le grand prix du salon du livre de Toronto en 1997.