Liwa Ekimakingaï a passé son enfance et continue d'habiter chez sa grand-mère, Mâ Lembé, car sa mère, Albertine, est morte en lui donnant la vie. Il est employé comme cuisinier à l'hôtel Victory Palace de Pointe-Noire. Et il attend de rencontrer l'amour. Un soir de 15 août où l'on fête l'indépendance du pays, il réunit ses plus beaux atours à peine achetés l'après-midi, et assez extravagants, pour aller en boîte. Au bord de la piste de danse, la belle Adeline semble inatteignable. Pourtant, elle accepte ses avances, sans toutefois se compromettre. Elle signera sa fin...
Le roman est une remontée dans la vie et les dernières heures du jeune homme, qui assiste à sa propre veillée funèbre de quatre jours et à son enterrement. Aussitôt enseveli, il ressort de sa tombe. Pour se venger ?
En toile de fond, la ville de Pointe-Noire et ses cimetières - en particulier le Cimetière des Riches, où tout le monde rêverait d'avoir une sépulture mais où les places sont très chères, et celui dit Frère-Lachaise, pour le tout-venant dont Liwa fait partie.
Rentrée littéraire 2020 Le portrait d'une autre Amérique.Ici, je me suis fondu dans la masse, j'ai tâté le pouls de ceux qui ont ma couleur, et de ceux qui sont différents de moi, avec lesquels je compose au quotidien.
Certains lieux, de Californie et du Michigan, me soufflent leur histoire car je les connais intimement.
D'autres me résistent, et il me faut quelquefois excaver longtemps pour voir enfin apparaître leur vrai visage. Mais ce périple n'a de sens que s'il est personnel, subjectif, entre la petite histoire et la grande, entre l'immense et le minuscule. Et peut-être même que, sans le savoir, j'entreprends ici ce que je pourrais qualifier d'autobiographie américaine, entre les rebondissements de l'insolite, la digression de l'anecdote et les mirages de l'imaginaire.
"Je souhaite que l'auditeur ressente dans les variations de ma voix toutes les émotions qu'il ne pourrait trouver en ne lisant que le livre. Cette émotion-là est difficile à jouer. Je n'ai pas joué, j'ai fermé les yeux et j'ai entendu les échos de cette enfance..."
L'Afrique a pendant plusieurs siècles été vue, imaginée, fantasmée par les Européens comme un continent sauvage, ténébreux, matière première des récits d'aventures et d'exploration teintés d'exotisme, qui ne laissaient pourtant entendre qu'une seule voix, celle du colonisateur. Il faut attendre le milieu du xxe siècle pour qu'une littérature écrite par et pour les Africains se révèle. De la négritude à la « migritude », il appartient aux écrivains noirs d'aujourd'hui de penser et de vivre leur identité artistique en pleine lumière.
Alain Mabanckou est romancier, poète et essayiste. Ses oeuvres ont été traduites en une quinzaine de langues. Son premier roman, Bleu-Blanc-Rouge (1998), lui a valu le Grand Prix littéraire d'Afrique. En 2006, il obtient le prix Renaudot pour Mémoires de porc-épic. La même année, l'université de Californie (UCLA) le nomme professeur au département de littérature française et d'études francophones. Nommé pour l'année académique 2015-2016, il est le premier écrivain invité à la chaire annuelle de Création artistique du Collège de France.
Depuis quelques années, Alain Mabanckou a entrepris d'édifier une oeuvre poétique que jalonnent déjà trois recueils. A chacun de ces livres semble correspondre une étape dans l'itinéraire grave et fécond d'un poète en qui je me plais de célébrer un profond sens de l'humain ; que ne démentent ni la simplicité ni la modestie d'une personnalité attachante, qui pourrait bien devenir l'une des voix majeures de la poésie africaine contemporaine.
On retrouve avec force, dans ce cinquième recueil, cet univers poétique cher à l'écrivain congolais : la quête incessante d'un territoire, le " pays à venir ", l'emprise du déracinement et le bouleversement intérieur d'un homme confronté à l'errance perpétuelle
Voici ce qu'on pourrait appeler un hommage à la Mère, une oraison funèbre d'un fils à "une femme humble qui travaillait la terre saison après saison" et qui s'est éteinte, cernée par le pire des maux : la solitude... L'auteur, qui ne s'est pas rendu aux funérailles, a surmonté l'épreuve pour nous retracer dans ce récit-poème saisissant toute la légende de cette mort, depuis ses présages jusqu'à ce vendredi fatal où "le ciel a pleuré à grosses larmes". J'irai planter l'arbre de ma douleur sur les terres humides du silence près de sa tombe J'habiterai les buissons de lantanas Je tournerai le dos au soleil au jour pour n'entendre que le timbre de sa voix au milieu de la nuit...
Entre l'arbre et l'homme, l'Alliance date de la nuit des temps. Le tronc d'un arbre, comme le front de l'homme mûr, porte des rides, les traces de son passage sur terre. Un homme ne meurt pas, il renaît dans un autre lieu. Un arbre mort attend, lui aussi, sa résurrection, mais par la main de l'homme. Passera-t-il par là ?
La poésie, lieu-dit Congo, coule là où se rencontrent les fleuves et les voix. Au royaume de l'enfance, la mémoire appelle les rêves les plus doux: fluidité, beauté, méditation.
« Ni rébus, ni carnaval d'images disparates, mais une voix chaude, pondérée, authentique où se reflètent l'angoisse et l'infortune de notre époque... Né au Congo en 1966, le poète a exactement l'âge du Victor HUGO des Feuilles d'Automne. Tous deux ont perdu les illusions de la première jeunesse où le monde pouvait à peine satisfaire leur appétit. La vie non seulement ne leur a pas tenu ses promesses mais leur a réparti des deuils et des échardes... Leur lassitude au seuil de la maturité n'est pas une attitude romantique mais une réalité psychologique. Le monde de 1831 était aussi instable que celui de 1995... »
Un beau livre illustré par des images exceptionnelles, jalonné d'extraits de textes d'époque sur l'histoire de la propagande coloniale.Pendant plus d'un siècle, de la IIIe République naissante (1870) à la dernière décolonisation (1980, les Nouvelles-Hébrides), la propagande coloniale a fait partie du quotidien des Français. Affiches touristiques ou de recrutement militaire, expositions universelles et coloniales, manuels scolaires et protège-cahiers, couvertures de livres et de magazines, presse illustrée et brochures de propagande, photographies et cartes postales, jeux de société et bandes dessinées, publicités et films, monuments et statues, peintures et émissions de radio... tous les supports ont participé à cette apologie de la " plus grande France ". Au coeur de l'État, une Agence des colonies a été le fer de lance de cette propagande, et beaucoup ont oublié son action. Génération après génération l'idée coloniale a fait son chemin, pour devenir consensuelle durant l'entre-deux-guerres et se prolonger jusqu'aux dernières heures de l'Algérie française et même au-delà. Au coeur de cette dynamique, l'image a été un vecteur essentiel du message colonial, portant un regard paternaliste et raciste sur ceux que l'on appelait les " indigènes ".
Ce livre analyse, décode et replace dans son contexte cette incroyable production, permettant, en croisant les sources les plus diverses et des archives exceptionnelles, de comprendre les mécanismes de l'adhésion du plus grand nombre à l'Empire. Par un remarquable décryptage des images, accompagné de citations pour chaque époque, ce travail nous montre comment a été construit l'univers symbolique structurant l'imaginaire sur la colonisation. Celui-ci est indissociable de l'identité nationale et a des répercussions sur les grands enjeux politiques, économiques et idéologiques pendant près d'un siècle. Ce livre, écrit à cinq voix, permet de comprendre comment le discours sur la " mission civilisatrice " s'est imposé et comment se sont bâties les grandes mythologies de la " République coloniale ", dont certaines représentations perdurent. Cette approche inédite sur notre culture visuelle, politique et historique participe au travail de déconstruction en cours sur l'héritage de la colonisation, nous permettant de regarder autrement ce passé et ses résonances dans le présent.