Lettres noires : des ténèbres à la lumière - c'est sous ce titre qu'Alain Mabanckou prononçait, le 17 mars 2016, sa leçon inaugurale en tant que professeur invité au Collège de France, une leçon qui vit se bousculer plus d'un millier d'auditeurs. Conforté par cet écho, Alain Mabanckou a battu le rappel des chercheurs, écrivains et penseurs de l'Afrique postcoloniale, les conviant à venir débattre sur le thème Penser et écrire l'Afrique aujourd'hui. Ce sont les actes de ce colloque, en date du 2 mai 2016, que nous publions, soit les interventions de 19 participants issus de tous les champs du savoir et de la création littéraire. Le souhait profond est que ce colloque " résonne comme un appel à l'avènement des Etudes africaines en France ". C'est une façon de s'interroger sur " le retard pris par la France dans la place à accorder aux études postcoloniales pendant qu'en Amérique presque toutes les universités les ont reconnues et les considèrent comme un des champs de recherche les plus dynamiques et les plus prometteurs. "
Alain Mabanckou est né à Pointe-Noire (République du Congo). . Il est l'auteur d'une dizaine de romans dont Verre cassé (2005), Mémoires de Porc-épic (prix Renaudot 2006) et Petit Piment (2015). Son œuvre est traduite dans une vingtaine de langues. Il est par ailleurs professeur titulaire à l'Université de Californie-Los Angeles (UCLA).
Un beau livre illustré par des images exceptionnelles, jalonné d'extraits de textes d'époque sur l'histoire de la propagande coloniale.Pendant plus d'un siècle, de la IIIe République naissante (1870) à la dernière décolonisation (1980, les Nouvelles-Hébrides), la propagande coloniale a fait partie du quotidien des Français. Affiches touristiques ou de recrutement militaire, expositions universelles et coloniales, manuels scolaires et protège-cahiers, couvertures de livres et de magazines, presse illustrée et brochures de propagande, photographies et cartes postales, jeux de société et bandes dessinées, publicités et films, monuments et statues, peintures et émissions de radio... tous les supports ont participé à cette apologie de la " plus grande France ". Au coeur de l'État, une Agence des colonies a été le fer de lance de cette propagande, et beaucoup ont oublié son action. Génération après génération l'idée coloniale a fait son chemin, pour devenir consensuelle durant l'entre-deux-guerres et se prolonger jusqu'aux dernières heures de l'Algérie française et même au-delà. Au coeur de cette dynamique, l'image a été un vecteur essentiel du message colonial, portant un regard paternaliste et raciste sur ceux que l'on appelait les " indigènes ".
Ce livre analyse, décode et replace dans son contexte cette incroyable production, permettant, en croisant les sources les plus diverses et des archives exceptionnelles, de comprendre les mécanismes de l'adhésion du plus grand nombre à l'Empire. Par un remarquable décryptage des images, accompagné de citations pour chaque époque, ce travail nous montre comment a été construit l'univers symbolique structurant l'imaginaire sur la colonisation. Celui-ci est indissociable de l'identité nationale et a des répercussions sur les grands enjeux politiques, économiques et idéologiques pendant près d'un siècle. Ce livre, écrit à cinq voix, permet de comprendre comment le discours sur la " mission civilisatrice " s'est imposé et comment se sont bâties les grandes mythologies de la " République coloniale ", dont certaines représentations perdurent. Cette approche inédite sur notre culture visuelle, politique et historique participe au travail de déconstruction en cours sur l'héritage de la colonisation, nous permettant de regarder autrement ce passé et ses résonances dans le présent.